Le laboratoire du sommeil

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Le laboratoire du sommeil

dossier À la suite de consultations répétées pour des coups de fatigue inexpliqués, il n’est pas rare que notre médecin nous renvoie vers un laboratoire du sommeil.

Nous avons décidé de tester celui du CHU Brugmann, à Bruxelles, réputé depuis 1983 dans ce domaine. Pour ce faire, un rendez-vous de longue date a été pris avec l’hôpital – il faut en moyenne quatre mois d’attente pour obtenir un rendez-vous au labo du sommeil tant la liste est longue !

Les indications nécessitant de se rendre au labo du sommeil peuvent être très variées. Ronflement, troubles de l’humeur, de l’attention, perte de mémoire, somnolence…

Deux nuits valent mieux qu’une

Armés de deux livres (assommants, cela va de soi !) et de notre plus beau pyjama, nous nous rendons donc le jour J au bâtiment Hh pour y passer deux nuits. Pourquoi deux ? Car un seul enregistrement peut occulter beaucoup de paramètres et que deux nuits sont bien nécessaires pour favoriser un sommeil plus naturel chez le patient.

Arrivés sur les lieux vers 19 h, il nous faut tout d’abord remplir un questionnaire décrivant nos habitudes quotidiennes et évaluer ainsi notre niveau de stress. Un formulaire qui permet de donner une direction à l’analyse nocturne et de faire la distinction entre la fatigue et la somnolence. Dans le premier cas, on peut encore fonctionner tandis que dans le second, on risque à tout moment de s’assoupir. « La fatigue est une moindre tolérance à un effort qui appelle une plus grande récupération. La somnolence est une baisse de la sensation d’énergie », différencie le Dr Daniel Neu, spécialisé dans la médecine du sommeil.

Attention : on ne fait pas de cure de sommeil au labo du sommeil. Il s’agit d’un examen complémentaire qui observe de nombreuses fonctions physiologiques sur une longue durée (plusieurs heures) afin d’objectiver des anomalies sur bases de mesures diverses : électroencéphalogramme, électrocardiogramme, électromyogramme, mouvement oculaire, fonction respiratoire, oxygène dans le sang et vidéographie infrarouge dans certains cas (de somnambulisme, par exemple, ou chez les patients atteints de crises de panique durant la nuit.

Difficile de trouver le sommeil

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Après le repas du soir, l’infirmière nous installe une vingtaine d’électrodes sur tout le corps destinées à mesurer notre activité cérébrale et musculaire durant la nuit. Rien que sur le visage, nous nous retrouvons avec dix à douze “capteurs d’activités électrophysiologiques” avec lesquels nous passerons les huit prochaines heures ! À cela, il faut aussi rajouter trois électrodes sur le thorax pour l’électrocardiogramme, quatre sur les jambes pour déterminer les mouvements périodiques des membres inférieurs, un pince-doigt qui évalue l’oxygène contenu dans le sang et un micro (appelé aussi mouchard) sur le torse pour évaluer l’intensité des ronflements. Tout un attirail !

Après avoir renseigné notre heure habituelle de coucher à l’infirmière, nous sommes libres de faire ce que nous voulons jusqu’à la pose des fils qui nous relieront pendant toute la nuit à la machine Alice 5 – du nom de la fille d’un des fondateurs de la firme qui développe l’enregistreur de sommeil et qui a failli décéder de mort subite. S’il est conseillé de lire, il n’est pas défendu de regarder la télévision.

À l’heure dite – pour nous, il était 23 h 30 – l’infirmière vient nous connecter. Nous ressemblons à présent à une pieuvre et pouvons difficilement nous mouvoir sans craindre de tout débrancher ! Le plus désagréable pour les moustachus étant le câble placé juste en dessous du nez, censé calculer la respiration, qui chatouille atrocement le duvet.

Pour ceux qui le souhaitent, il est possible de négocier un supplément de télévision, même une fois branchés, mais à minuit, c’est l’extinction des feux ! La première nuit est difficile. On a peur de bouger le moindre orteil et de s’emberlificoter dans la vingtaine de câbles qui nous relient à l’appareil placé derrière nous. De nombreuses injonctions bienveillantes du genre : Endors-toi, sinon ils ne vont rien enregistrer ! nous traversent l’esprit et nous avons du mal à rejoindre les bras de Morphée de manière naturelle.

Le matin, il est conseillé de se réveiller en douceur, sans aucune sonnerie de GSM, par exemple, et de ne pas aller travailler le jour même.

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Des troubles respiratoires dans la moitié des cas


Le soir, nous regagnons notre chambre et rebelote, sauf que nous avons gagné en confiance et que notre sommeil est bien meilleur la deuxième nuit. Au réveil, l’arrachage de câbles est vécu comme une vraie libération. Nous y avons perdu quelques poils de barbe, mais nous sommes fiers d’avoir réussi à fermer l’œil au moins quelques heures dans cet environnement hostile à un repos naturel. Les infirmiers passent la matinée à effectuer un véritable travail de fourmi en analysant notre sommeil à partir d’un graphique et… par tranche de trente secondes!

Nous rencontrons ensuite le Dr Daniel Neu, qui décortique avec nous les résultats du graphique et du questionnaire rempli le premier soir. Diagnostic : votre humble serviteur se réveille toutes les trois minutes sans s’en rendre compte ! Ces micro-éveils idiopathiques apparaissent chez un patient sans explication apparente.

Associés à un tableau clinique présentant des symptômes liés au stress, à la douleur et à l’anxiété, ils sont souvent le reflet d’une hypervigilance du patient, explique le Dr Neu. En tout, il existe plus de quatre-vingts troubles du sommeil, mais 45% d’entre eux détectés dans un labo du sommeil sont liés à des troubles respiratoires, allant du simple ronflement à l’apnée du sommeil. Le reste des troubles étant d’ordre neurologique ou neuropsychiatrique.

Résultat des courses : si le médecin nous prescrit des relaxants musculaires, il nous faut aussi et surtout adopter un autre rythme de vie. Une « zen attitude » développée pendant la journée qui portera, selon lui, ses fruits durant la nuit.

Infos : CHU Brugmann

Source: Samuel Idmtal

Dernière mise à jour: janvier 2024

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