Aspartame et cancer : un danger potentiel pour la santé selon l'OMS ?

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L’aspartame (E 951) est un édulcorant artificiel ajouté aux produits alimentaires depuis plusieurs décennies. Apprécié pour son apport calorique faible, l’aspartame a toutefois acquis une réputation douteuse à la suite de plusieurs études ayant dénoncé son « potentiel effet cancérigène ». Toutefois, ces études manquaient parfois de fiabilité, ce qui a conduit les gens à considérer que la substance était sans danger pour la santé. Or, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) classe désormais l’aspartame sur la liste des substances potentiellement cancérigènes. À quel point cet édulcorant est-il nocif ?

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Qu'est-ce que l'aspartame ?

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© Getty Images

L'aspartame est un édulcorant intense qui est environ 200 fois plus sucré que le sucre et qui ne contient pratiquement pas de calories. « On le trouve principalement dans les produits à faible teneur en calories », explique Bruno De Meulenaer, professeur de technologie alimentaire à l'université de Gand. « Comme il est environ 200 fois plus sucré que le saccharose, il en faut beaucoup moins pour obtenir le même effet sucré. On trouve l'aspartame dans les sodas light, les bonbons "sans sucre" ou les chewing-gums, par exemple ».

L’aspartame porte le numéro E 951 la classification européenne des additifs alimentaires. Les édulcorants ne reçoivent ce numéro E que s'ils ont été jugés sans risque par l'Autorité européenne de sécurité des aliments après des recherches approfondies. Depuis 1981, l'aspartame est considéré comme sûr à consommer, à condition que la consommation reste dans des limites raisonnables. Par exemple, un adulte pesant 70 kg devrait boire entre 9 et 14 canettes de soda light par jour - en fonction de la quantité d'aspartame contenue dans la boisson - pour s’exposer à un danger. Cette directive s'applique actuellement aux États-Unis et dans plusieurs pays européens.

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Quel lien entre l’aspartame et le cancer selon la recherche ?

La question de savoir si l'aspartame présente ou non des risques pour la santé a fait l'objet de nombreuses études. Une étude approfondie a notamment été réalisée en 2013. « À l'époque, elle a abouti à des conclusions rassurantes quant à la sécurité de l'aspartame dans les aliments », explique le chercheur Andy Smith, affilié à l'université de Leicester.  Mais d'autres études ont donné des résultats contradictoires. 

L'année dernière, une étude menée sur 100 000 sujets ayant consommé de grandes quantités d'aspartame a été réalisée. Selon les résultats de l'étude, la consommation d'aspartame peut présenter des risques pour la santé, voire un risque légèrement accru de cancer. 

Des chercheurs de l'Institut Ramazzini se sont également penchés sur la question. Leur recherche a montré que les rats nourris avec de grandes quantités d'aspartame développaient plus de tumeurs. Toutefois, l'Autorité européenne de sécurité des aliments a mis en doute la fiabilité de ces données.

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L’aspartame rejoint la liste des cancérigènes potentiels de l’OMS

Bien que l'aspartame soit un produit controversé, l'OMS a longtemps estimé qu'il ne présentait pas de risque pour la santé. Mais les experts de l'organisation reviennent aujourd'hui sur cette décision. L'aspartame sera bientôt qualifié de "cancérogène possible". Il a rejoint les substances classées dans le groupe 2b, à savoir le troisième niveau sur quatre de degré d’indication de cancérogénicité. La raison n'est pas encore tout à fait claire, mais cela pourrait conduire à l'interdiction de la substance. Les agents sont repris dans ce groupe dans deux cas : soit lorsqu’il existe une indication limitée, mais insuffisante, de cancer chez l’homme; soit lorsqu’il existe une indication suffisante de cancer chez l’animal de laboratoire, mais pas dans les deux situations à la fois.

De plus, l’OMS a récemment publié une directive pour alerter les consommateurs des risques liés à l’utilisation d’édulcorants. Les édulcorants les plus courants sont l'acésulfame K, l'aspartame, l'advantame, les cyclamates, le néotame, la saccharine, le sucralose, la stévia et les dérivés de la stévia. Selon une étude systématique, la consommation d'édulcorants n'a aucun effet bénéfique à long terme sur la réduction de la graisse corporelle chez l'adulte ou l'enfant. En outre, l'utilisation à long terme aurait des effets potentiellement indésirables sur la santé, tels qu'un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes. La recommandation ne s'applique pas aux personnes atteintes de diabète.

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Sources:
https://scientias.nl
https://www.who.int
https://unric.org
https://www.efsa.europa.eu

auteur : Sara Claessens - journaliste santé

Dernière mise à jour: juillet 2023

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