Bilharziose ou schistosomiase : se faire tester après un voyage

dossier La schistosomiase, ou bilharziose est une maladie parasitaire qu’on peut contracter lors de baignades dans des eaux douces contaminées. Plus de 240 millions de personnes dans le monde souffrent de cette maladie, principalement dans les régions tropicales et subtropicales, mais il arrive aussi que la bilharziose apparaisse dans nos régions. L'IMT (Institut de Médecine Tropicale) conseille aux voyageurs de se faire dépister trois mois après leur retour de l'étranger afin d'éviter des complications graves et des lésions permanentes aux organes.

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Qu'est-ce que la bilharziose ou la schistosomiase ?

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© Getty Images - Schistosome, ver plat parasite

La bilharziose ou schistosomiase est une infection causée par un ver d'eau douce. L'infection se produit lorsque la peau entre en contact avec de l'eau douce dans laquelle se trouvent des matières fécales ou de l'urine provenant de personnes contaminées par le parasite.

Les larves du parasite se fixent sur la peau pendant la baignade. Il ne leur faut que 10 minutes pour traverser la peau et emprunter le chemin vers les vaisseaux sanguins, les intestins et la vessie, où elles arrivent à maturité et pondent de nouvelles larves qui sont, à leur tour, éjectées par l’urine et les selles.

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Symptômes de la bilharziose

La schistosomiase est causée par plusieurs espèces de vers plats parasites, dont Schistosoma mansoni, S. haematobium et S. japonicum. Les symptômes de la schistosomiase peuvent varier en fonction de l'espèce de Schistosoma et du stade de l'infection.

  1. Au bout de quelques heures, une démangeaison s'installe.
  2. Après quelques semaines, on observe une forte fièvre avec des symptômes grippaux, souvent une toux persistante ou même de l'asthme (syndrome de Katayama) et des douleurs abdominales accompagnées de diarrhées ou d'urines contenant du sang. Dans de très rares cas, les œufs du ver peuvent atteindre le système nerveux et provoquer des paralysies.
  3. Le contact répété avec de l'eau infectée peut provoquer, au bout de plusieurs années, des lésions incurables dans divers organes, entraînant des complications graves telles que la fibrose du foie, le cancer de la vessie ou des lésions neurologiques. Cela peut également se produire si la maladie n'est pas traitée pendant des mois ou des années.

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Comment prévenir l'infection ?

Il est absolument déconseillé de pagayer ou de nager dans l’eau douce dans les zones où le parasite sévit. Se sécher vigoureusement après une baignade diminue le risque d’infection, mais n’offre aucune garantie.

Il n'existe pas de médicament préventif ni de vaccin. La prise d'un traitement après s'être baigné dans une eau éventuellement contaminée (comme cela est parfois suggéré dans certains pays), sans un diagnostic correct et un suivi adéquat, peut être dangereuse et n'est absolument pas recommandée.

Un traitement préventif après une baignade n'a pas d'intérêt dans la mesure où le médicament n'agit que lorsque les vers sont adultes, soit plusieurs mois après.

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Zones à risque de bilharziose

Le risque de contracter la bilharziose est plus important dans les eaux stagnantes (comme dans les bassins de rétention ou les lacs), mais l'infection peut également se produire dans les rivières (grandes ou petites, à débit rapide ou lent).

  • En Afrique, le lac Victoria, le lac Taganyika (Ouganda), le Nil (Egypte, Ouganda), le lac Crater (Ouganda), le lac Kivu (Rwanda), le lac Muhazi (Rwanda), le fleuve Congo (RDC, Tanzanie, Burundi), l'Omo (Ethiopie), la vallée de Dogon (Mali), le lac Malawi (Malawi), les rivières à Madagascar et le Zambèze (Zambie, Zimbabwe).
  • En Asie, le fleuve Mékong (Laos) et les rivières aux Philippines.
  • En Amérique du Sud, au nord-est du Brésil (près de Fortaleza), au Suriname et au Venezuela.
  • En 2011, des centaines de cas de schistosomiase ont été signalés dans le sud-est de la Corse à la suite d'un contact avec l'eau de la rivière Cavu.

Le site de l’Institut de médecine tropicale fournit des cartes actualisées des zones infectées.

Dépistage de la bilharziose après un voyage

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© Getty Images

Quand un touriste est infecté, il s’agit rarement d’une infection massive et le risque de développer des complications est très faible. Parfois, seule une sensation de démangeaison ("swimmer's itch") apparaît. En l'absence de traitement, le parasite reste présent et le risque de lésions organiques permanentes augmente. Toute personne ayant passé des vacances dans des régions où sévit la bilharziose ou la schistosomiase a donc intérêt à se faire dépister trois mois après son retour. C'est ce que rapporte l'Institut de médecine tropicale (ITG). 

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Diagnostic de la bilharziose

En l'absence de symptômes, un test peut être effectué 3 mois après l'exposition. Des échantillons de sang, d'urine et de selles seront alors prélevés (microscopie, sérologie et éosinophilie). En cas de symptômes, certains tests peuvent être effectués plus tôt.

L'Institut de médecine tropicale d'Anvers a mis au point des méthodes de dépistage (tests PCR dans le sang, l'urine et les selles) et espère ainsi pouvoir détecter plus rapidement et en plus grand nombre les infections par la schistosomiase.

Lorsque la schistosomiase aiguë est diagnostiquée chez une personne, il arrive souvent que les compagnons de voyage (membres de la famille ou amis) soient également infectés. Il est conseillé aux personnes qui ont voyagé avec un groupe et dont le test est positif d'alerter les autres voyageurs afin qu'ils puissent être testés, même s'ils ne présentent aucun symptôme de la maladie.

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Traitement de la bilharziose

La maladie peut être bien traitée avec une dose unique de Praziquantel. En cas de complications graves, le traitement est plus difficile et la guérison prend beaucoup plus de temps. Lorsque les lésions internes sont déjà importantes, les médicaments peuvent encore tuer les vers, mais les lésions des organes restent irrémédiables.

Dans des cas exceptionnels, des complications graves peuvent déjà survenir dans les premiers mois suivant l'exposition (sang dans les urines, paralysie). Dans ce cas, il convient de consulter immédiatement un spécialiste.

Sources :
https://www.itg.be
https://news.belgium.be
https://www.ggdreisvaccinaties.nl
https://www.wanda.be
https://www.cdc.gov

auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: avril 2024

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