Les tiques et la maladie de Lyme

dossier La maladie de Lyme, également appelée borréliose, est une maladie bactérienne transmise par les tiques. Quels sont les symptômes ? Comment traiter l'infection ? Comment prévenir les morsures de tiques ?

La maladie est dite multi-viscérale, c'est-à-dire qu'elle peut affecter plusieurs organes, et multi-systémique, puisqu'elle peut toucher divers systèmes du corps humain. Elle peut évoluer sur plusieurs années ou plusieurs décennies, en passant par trois stades théoriques, en ce sens qu'ils sont en réalité plus ou moins différenciés et entrecoupés par des périodes de latence.

Non soignée et à défaut d'une guérison spontanée au premier stade, après une éventuelle phase dormante, l'infection peut à terme directement ou indirectement affecter la plupart des organes, de manière aiguë ou chronique, et finalement conduire à des handicaps physiques et mentaux.

La maladie est transmise par morsure de tique et occasionnée par les spirochètes Borrelia burgdorferi, l'une des trois variantes connues de la bactérie parasite. Les borrelia ont une forme serpentine et spiralée caractéristique, d'où leur nom de spirochètes. Les tiques peuvent véhiculer d'autres bactéries comme l'anaplasma phagocytophilum, l'agent de l'anaplasmose.

Quelle est l'ampleur du problème ?

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La maladie de Lyme est en progression constante en Europe et en Amérique du Nord. Quelque 100.000 personnes sont ainsi touchées chaque année sur le continent européen, en particulier en Allemagne, en Autriche et dans les pays d'Europe centrale.

En Belgique, la situation semble pour le moment moins préoccupante, mais les experts craignent une augmentation du nombre de cas dans les prochaines années. A l'heure actuelle :

• environ 19.000 personnes consultent chaque année un médecin suite à une morsure de tique,
• environ 9.000 personnes mordues par une tique développent une réaction allergique qui les pousse à consulter un médecin,
• autant se rendent chez un médecin en raison de symptômes qui leur donnent à penser qu'elles souffrent de la maladie de Lyme.

L'infection se manifeste surtout entre juin et octobre. Selon de récentes études scientifiques, elle touche entre 1,1 et 3,4% des personnes mordues par une tique.

Concernant les régions à risque en Belgique, le nombre le plus important de cas concerne les provinces du Limbourg et de Luxembourg.

Quant à l'anaplasmose, 366 cas ont été diagnostiqués en Belgique entre 2000 et 2008, alors que pour l'ensemble des autres pays européens, seule une centaine de cas ont été rapportés.

Les trois stades de la maladie

La plupart du temps, la maladie de Lyme guérit spontanément. Cependant, de graves complications peuvent survenir. On distingue, trois stades d'évolution de la maladie.

Le premier stade peut durer de trois jours à trois mois après la morsure. On observe à cet endroit ou dans les environs immédiats une tache circulaire de couleur rougeâtre qui peut graduellement s'agrandir. C'est l'érythème migrant ou erythema migrans. Le patient pourra se sentir fébrile, souffrir de maux de tête, de courbatures, de douleurs musculaires et articulaires, de fatigue intense, présenter une fièvre modérée... Autant de symptômes qui pourraient faire penser à une infection virale relativement banale.

Ces plaintes peuvent disparaître spontanément au bout de quelques jours, ce qui ne signifie pas pour autant que la maladie soit guérie. Elle pourrait en effet entrer en phase latente. C'est la raison pour laquelle on recommande une antibiothérapie pendant dix à quatorze jours dès l'apparition de ces symptômes. Par contre, aucun traitement spécifique n'est préconisé si ces symptômes n'apparaissent pas.

Le deuxième stade survient quelques semaines à plusieurs mois après la morsure. Le patient souffre d'une fatigue intense, de vives douleurs aux bras et aux jambes, d'articulations douloureuses et gonflées, de paralysie faciale, d'une vision trouble, dédoublée, de maux de tête sévères. Chez les enfants, on observe une raideur de la nuque, d'importants maux de tête et une arythmie. Une antibiothérapie est nécessaire.

Le troisième stade survient des mois voire des années après la morsure. Le patient souffre de douleurs articulaires et présente des articulations enflées (arthrite), des douleurs aux genoux, parfois des troubles neurologiques chroniques, des lésions cutanées aux bras ou aux jambes. Une antibiothérapie par voie intraveineuse est indispensable. Les plaintes disparaîtront lentement et certaines peuvent persister à vie.

Malgré l'administration d'antibiotiques, certains patients présentent un syndrome post-maladie de Lyme (SPL). Cet état chronique est rare et s'accompagne de douleurs névralgiques, de paralysie, d'inflammation des articulations (arthrite), ainsi que de troubles de la mémoire et de la concentration. Malheureusement, aucun traitement spécifique ne semble efficace.

Qu'est-ce que l'anaplasmose ?

Elle fait partie des ehrlichioses, une catégorie qui regroupe (sous des symptômes proches ou identiques) deux maladies différentes en termes épidémiologique et étiologique : l'anaplasmose humaine et l'ehrlichiose monocytique animale (EMA) ou humaine (EMH).

Les ehrlichioses étaient considérées comme rares jusqu'en 1995, mais des études de séroprévalence ont montré qu'elles sont en augmentation (l'hypothèse la plus plausible) ou qu'elles avaient été sous-diagnostiquées.

Les symptômes les plus fréquents : fièvre élevée (> 39 °C), douleurs musculaires, maux de tête, douleurs articulaires..., mais contrairement à la maladie de Lyme, il n'y a pas de réaction cutanée.

On peut s'attendre à une guérison après quelques jours. Néanmoins, des complications sévères - rarissimes - comme une atteinte du système nerveux central et des problèmes rénaux ou hépatiques ne sont pas à exclure. Les personnes âgées et celles présentant une immunité déficiente sont les plus à risque.

Le traitement repose sur une antibiothérapie d'une durée de dix à quatorze jours. La plupart des symptômes apparaissent entre cinq à quinze jours après la morsure de tique.

Les espèces de tiques

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La tique n'est pas un insecte mais un acarien, de la classe des arachnides (comme les araignées et les scorpions).

La tique adulte porte quatre paires de pattes griffues. Sur son corps globuleux et à la peau épaisse, il n’y a pas de tête reconnaissable : elle n’a ni yeux, ni oreilles, ni nez. Ce que l’on appelle communément la tête sont en fait les pièces buccales. Elles forment un organe d’ancrage, le rostre, grâce auquel la tique s’accroche à la peau des animaux ou des humains afin de se nourrir de leur sang.

Une tique mesure en moyenne de trois à cinq millimètres mais elle peut parfois atteindre deux centimètres. On en dénombre plus de 800 espèces à travers le monde, réparties en trois genres qui se distinguent par leur morphologie, leur comportement et leur habitat.

Les Ixodidés (tiques dures) qui vivent dans les bois et dans la végétation épaisse, où elles grimpent sur les herbes et les feuilles. C’est à cette famille qu’appartiennent les tiques vectrices de maladies pour l'être humain, dont l’espèce Ixodes ricinus (la plus répandue en Europe).

Les Argasidés (tiques molles) sont les plus grosses. Elles vivent à proximité de leur hôte, dans les crevasses, les terriers, les nids. En Europe, elles sont surtout présentes sur le pourtour méditerranéen.

• La seule espèce connue des Nuttalliellidés, Nuttalliella namaqua, partage des caractéristiques des deux autres familles.

En Europe, on identifie quatre maladies transmises par les tiques :

• la maladie de Lyme
• l'encéphalite à tique (MET)
• la méningo-encéphalite (FSME - FrühSommer Meningo-Encephalitis)
• l'ehrlichiose

Un animal assoiffé de sang

La tique affectionne les bois et les hautes herbes. Pour se développer, elle a besoin de sang, qu'elle prélève aussi bien sur les animaux sauvages (gibier...) et domestiques (bétail...) que sur l'homme.

La tique se fixe et attend qu'un hôte passe. Elle s'agrippe alors à lui, à un endroit où la peau est la plus fine. Dès qu'elle est gorgée de sang, elle se détache et se réfugie sur le sol. La femelle pourra y pondre jusqu'à 2.000 oeufs avant de mourir. Le développement des larves vers l'âge adulte prend entre trois et cinq mois.

La bactérie borrelia burgdorferi ne se propage que lorsque la tique a sucé du sang. Le fait de la retirer suffisamment à temps permet donc de limiter considérablement le risque d'infection.

L'importance de la prévention

Il est essentiel de protéger sa peau lorsqu'on marche dans les bois, les hautes herbes ou encore les pâturages.

Comment ?

• Porter des longs pantalons, des chaussettes qui montent assez haut sur les mollets et des vêtements à longues manches. On peut glisser le bas du pantalon dans les chaussettes, dans des bottines et dans des bottes.
• Rester sur les sentiers pédestres, les chemins balisés et désherbés.
Le port d'un chapeau ou d'une casquette est conseillé dans les bois car les tiques peuvent se laisser tomber des branchages et se retrouver dans les cheveux, d'où il est difficile de les extraire.
• Dans les zones rurales à risque, il est conseillé de contrôler toutes les trois à quatre heures ses bras et ses jambes.
Les répulsifs ne sont pas très efficaces et donnent par ailleurs un faux sentiment de sécurité. Si vous souhaitez tout de même en utiliser, choisissez un répulsif à base de DEET. L'action anti-tiques ne dure que quelques heures.

Comment retirer une tique ?

• Saisissez la tique avec une pince à épiler ou, mieux, une pince à tiques spéciale (en vente en pharmacie ou dans les magasins spécialisés dans les loisirs en extérieur). Si vous ne disposez pas d'une pince, utilisez une carte bancaire ou une cuillère.
• Maintenez le haut de la tique pendant que vous détachez l'insecte de votre peau (donc de son point d'ancrage).
• Retirez lentement la tique, sans la tourner.
• Désinfectez ensuite avec de l'alcool à 70% ou une solution iodée.

Ce qu'il faut éviter :

• Brûler la tique avec un briquet ou une cigarette.
• Badigeonner la tique (sous prétexte de l'anesthésier) avec de l'alcool, du vinaigre, du vernis à ongles ou du dissolvant.

Le diagnostic et le traitement

Après la réaction cutanée caractéristique, le diagnostic sera confirmé par des analyses de sang. En Belgique, deux laboratoires sont reconnus comme étant les plus spécialisés dans ce domaine : UZ Gasthuisberg à Louvain et St-Luc - UCL à Woluwé.

La prise en charge

Notons d'abord qu'il n'existe pas de vaccin contre la maladie de Lyme.

Concernant le traitement, une antibiothérapie sera prescrite dès le premier stade, sachant que l'érythème migrant disparaît généralement de lui-même en quelques jours. Néanmoins, les antibiotiques accélèrent la cicatrisation des lésions cutanées et empêchent l'évolution de la maladie. En présence d'un érythème migrant, aucune analyse sanguine n'est justifiée à un premier stade. Le patient démarrera l'antibiothérapie dans les meilleurs délais.

Le traitement de la maladie de Lyme à un stade précoce et localisé :

Chez l'adulte: doxycycline (200 mg/jour en deux prises) ou amoxicilline (1,5 g par jour en trois doses). La doxycycline est contre-indiquée en cas de grossesse et d'allaitement ou d'allergie à la pénicilline. On prescrira alors du céfuroxime axétil (1 g/jour en deux prises).

Chez l'enfant : de l'amoxicilline (50 mg/kg/jour en trois prises) ou à partir de l'âge de 8 ans de la doxycycline (2 à 4 mg/kg/jour) en deux doses. Maximum 100 mg/jour. Le céfuroxime axétil (30 mg/kg/jour en deux doses) constitue également une alternative de choix. On peut recourir à des macrolides si les autres classes d'antibiotiques ne sont pas supportées ou sont contre-indiquées.

A un stade où la maladie s'est disséminée, avec présence de problèmes neurologiques, cardiaques ou articulaires, une antibiothérapie par voie intraveineuse sera recommandée.

La réponse thérapeutique en cas de neuroborréliose tardive sera souvent inefficace ou insuffisante. On ne dispose pas de données significatives sur l'efficacité d'une antibiothérapie de longue durée en cas de syndrome post-maladie de Lyme.

Signalons enfin que la maladie de Lyme est reconnue comme maladie professionnelle en Belgique.



Dernière mise à jour: juin 2020
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