La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse

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La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse (ou rectocolite hémorragique) sont des MICI : maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Toutes deux résultent d'un dérèglement du système immunitaire intestinal qui entraîne des inflammations de la muqueuse du tube digestif au point de provoquer des lésions des tissus.

Les MICI se manifestent par poussées en alternance avec des phases de rémission. Elles touchent de plus en plus de jeunes adultes. Les symptômes de ces maladies, souvent invisibles, peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients.

En Belgique, plus de 30.000 personnes sont atteintes d'une MICI (dont 20.000 cas de maladie de Crohn et 10.000 de rectocolite. La plupart d'entre elles sont âgées entre 15 et 30 ans au moment du diagnostic. Bien qu'un individu sur 360 soit concerné, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin restent peu connues.

Qu'est-ce que la maladie de Crohn

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Endoscopie - La maladie de Crohn peut toucher tous les segments de l'intestin.

La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire chronique qui peut toucher tous les segments intestinaux. Elle affecte plus particulièrement l'intestin mais d’autres parties de l’appareil digestif peuvent être concernées : bouche, œsophage, estomac.

La maladie s’accompagne d’un rétrécissement de l’intestin, d’abcès, de fistules et d’aphtes dans la bouche. Dans de rares cas, elle affecte les articulations, les yeux ou le foie.

La maladie de Crohn se déclare généralement entre 15 et 40 ans, mais elle peut apparaître bien avant ou après. Les hommes sont plus à risque que les femmes. En Europe, on recense chaque année 6 nouveaux cas pour 100.000 personnes. D'aucuns évoquent une maladie de civilisation dans les pays industrialisés.

Voir aussi l'article : Maladie de Crohn : les lourdes conséquences au travail

Qu'est-ce que la colite ulcéreuse ?

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Colite ulcéreuse : inflammation du côlon

La colite ulcéreuse est une inflammation chronique et superficielle du gros intestin (côlon), avec formation d’ulcérations. L’inflammation ne se propage pas à d’autres parties du tractus gastro-intestinal. Elle survient classiquement entre 20 et 30 ans et les femmes semblent autant atteintes que les hommes.

Les symptômes caractéristiques des MICI

Les symptômes des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin se manifestent de manière différente d'une personne à l'autre.

Pour la maladie de Crohn : Les personnes atteintes de la maladie de Crohn présentent principalement des symptômes gastro-intestinaux. Il s'agit généralement de symptômes tels que des crampes, des diarrhées, des nausées, une perte de poids et une diminution de l'appétit. Les plaintes sont fluctuantes dans le temps, elle apparaissent et disparaissent, les poussées alternent avec des phases de rémission. Le patient peut se sentir très bien pendant plusieurs mois, avant de se retrouver brutalement confronté à une crise. On observe aussi souvent une anémie, des douleurs articulaires et des fistules anales.

Pour la colite ulcéreuse : l'intensité des plaintes varie considérablement selon les patients. Chez certains, l'atteinte reste légère tandis que pour d'autres elle est très agressive. Ici aussi, on assiste à des périodes de crise et des périodes asymptomatiques. Les symptômes les plus typiques sont une diarrhée avec la présence de sang et de glaires dans les selles. Dans les cas graves, l'anémie, la fatigue et l'amaigrissement s'ajoutent aux symptômes. Il arrive également que des troubles apparaissent en dehors de l'intestin, par exemple au niveau des yeux, des articulations et de la peau.

Outre les symptômes physiques, les personnes souffrant de troubles intestinaux chroniques sont souvent confrontées à des symptômes psychiques.

Voir aussi l'article : Sang dans les selles : les causes et quand s’inquiéter

Les causes des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin

La maladie de Crohn : la cause directe n’est pas connue avec précision. Il s’agit d’une réaction exagérée de l’intestin contre des substances probablement présentes dans l'intestin de tout un chacun. Dans des circonstances normales, ces substances sont bien tolérées, alors que les patients atteints de la maladie de Crohn y réagissent de manière anormalement violente. Cette réponse immunitaire - probablement génétique - provoque une série de réactions qui conduisent à l'inflammation de l'intestin. Cette inflammation favorise l'absorption de substances de plus en plus nombreuses dans l'intestin, ce qui entraîne un cercle vicieux.

Des facteurs environnementaux influencent également le développement de la maladie de Crohn, tels qu'une alimentation "occidentale" riche en sucres raffinés, le tabagisme, le stress et les médicaments.

La colite ulcéreuse : les causes précises sont ici aussi inconnues. Outre un facteur génétique indéniable, un déséquilibre du système immunitaire au niveau de la muqueuse intestinale n'est pas à exclure. De plus, comme pour la maladie de Crohn, des facteurs environnementaux tels que l'alimentation, le stress, le tabagisme et la prise de médicaments jouent un rôle dans le développement de la maladie.

Voir aussi l'article : Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin : causes possibles de la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse

Le diagnostic

Pour diagnostiquer la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn, un examen sanguin et un analyse de selles seront effectués. Il est également possible que l'on vous fasse passer un scanner, une coloscopie, une IRM ou une échographie. 

Selon le professeur Bram Verstockt, gastro-entérologue à l'UZ Leuven, l'échographie est un outil de recherche émergent : « L'échographie est une technique qui est utilisée de plus en plus souvent dans les hôpitaux de Flandre. C'est une technique qui nous permet, en tant que gastro-entérologues, de dresser rapidement un tableau de la situation : Y a-t-il effectivement une inflammation de l'intestin ? Bien sûr, aucun examen n'est parfait, mais il peut nous aider à faire très rapidement une première évaluation de la gravité et de la présence d'une maladie de Crohn ou d'une colite ulcéreuse sous-jacente .»

Traitement des MICI

Il n'existe pas de traitement capable d'éliminer la cause de la colite ulcéreuse et de la maladie de Crohn, mais les patients sont traités avec des médicaments pour améliorer leur qualité de vie et prévenir les complications. Si les médicaments ne suffisent plus, une intervention chirurgicale peut s'avérer nécessaire.

  • Médicaments. Le choix d'un médicament efficace pour un patient donné est souvent une question d'essais et d'erreurs. Les médicaments possibles sont les suivants : anti-inflammatoires, inhibiteurs du TNF (biologiques), immunosuppresseurs, antibiotiques, inhibiteurs de la diarrhée.
  • Chirurgie. Un chirurgien retire la partie enflammée du côlon. Parfois, il insère une stomie (temporairement) pour permettre à l'intestin de se rétablir.

Toutefois, pour éviter l'intervention chirurgicale et l'hospitalisation, il convient de se concentrer sur la cicatrisation de la muqueuse. « Nous devrions vraiment chercher à normaliser l'inflammation de la muqueuse intestinale (guérison de la muqueuse) », explique Verstockt. « Il s'agit en quelque sorte d'une guérison et de la disparition de toute inflammation dans l'intestin. C'est l'objectif ultime. Si nous parvenons à guérir la muqueuse, nous savons que le risque de cancer du côlon diminue, de même que le risque d'hospitalisation ».

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Que manger en cas de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin ?

Il n'existe pas de régime miracle pour les personnes atteintes de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse, mais il existe quelques principes de base. 

Selon les données scientifiques actuelles, l’observation d’une diète stricte n’est pas recommandée. Il convient d’opter pour une alimentation variée. Le régime alimentaire du patient doit être riche en énergie et en protéines, mais relativement pauvre en graisses. Pendant les périodes de rémission (en l'absence de symptômes), il faut viser une alimentation normale et équilibrée dans la mesure du possible, mais pendant les périodes de poussée, il est possible d'adapter le régime pour atténuer les symptômes. Dans ce cas, mangez peu de fibres et évitez ce qui peut irriter les intestins. Pour y parvenir, les conseils d'un expert en nutrition sont nécessaires. 

  • Riche en énergie : de nombreux patients atteints de la maladie de Crohn sont sous-alimentés ou on un régime alimentaire déséquilibré. Plusieurs raisons expliquent cette situation, notamment le manque d'appétit et la peur des crampes d'estomac et de la diarrhée que pourrait provoquer un repas. De plus, la maladie elle-même demande beaucoup d'énergie et les composants des aliments ne sont que très mal et peu absorbés. Ce problème se pose surtout chez les enfants et les adolescents qui ont besoin d'un surplus d'énergie pendant leur croissance. Le retard de croissance et le retard de la puberté dus à la malnutrition sont donc des symptômes fréquents de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse. Chez les enfants, ce sont souvent les premiers et les seuls signes de la maladie.
    L'apport d'une quantité suffisante d'énergie est donc crucial. La meilleure façon d'absorber l'énergie et les nutriments nécessaires est de manger de petites quantités plusieurs fois par jour. De cette manière, vous limitez la quantité d'aliments et de déchets qui doivent être traités par l'intestin.
  • Hyper-protéiné : en effet, la maladie entraîne une augmentation de la consommation et de la perte de protéines par la paroi intestinale enflammée.
  • Faible teneur en matières grasses : il est généralement recommandé de limiter la consommation de matières grasses à environ 70 g par jour.
  • Vitamines et minéraux : un apport supplémentaire en vitamine D et en calcium est généralement indiqué, en particulier pour les patients traités aux corticoïdes, afin de contrecarrer l'ostéoporose souvent provoquée par ces médicaments. Lorsque la dernière extrémité de l'intestin grêle est gravement atteinte ou a été enlevée, des suppléments d'acide folique et de vitamine B12 sont nécessaires. Lorsque le patient peut s'alimenter normalement, des suppléments de zinc, de magnésium, de phosphore et d'oligo-éléments sont rarement nécessaires. 
  • La carence en fer est très fréquente chez les patients atteints de la maladie de Crohn. En effet, ils perdent beaucoup de fer en raison des lésions hémorragiques et en absorbent moins en raison des lésions étendues de l'intestin grêle. Des suppléments de fer sont donc indiqués dans la plupart des cas. Dans de rares cas, le fer doit être administré par voie parentérale (intramusculaire).

C'est le patient lui-même qui détermine le mieux ce qu'il mange, en fonction de l'évolution de ses symptômes. Il est préférable d'éviter les aliments qui provoquent une gêne évidente. Cependant, chaque poussée de symptômes ne doit pas être automatiquement attribuée au dernier aliment consommé. La liste des "aliments à éviter" serait alors trop longue, ce qui donnerait lieu à un régime très rigide.

La restriction des produits laitiers n'est justifiée que lorsque l'hypersensibilité à ces produits a été clairement démontrée. En effet, le lait et les produits laitiers constituent une source très importante de calcium et de protéines. Les produits laitiers acides (tels que le yaourt ou le babeurre) causent généralement moins d'inconfort car ils contiennent moins de sucre de lait (lactose). Les produits à base de soja enrichis en calcium peuvent remplacer le lait.

L’alimentation par sonde

Lorsque le patient est gravement touché ou suite à l’ablation d’une section de l’intestin, il peut être nécessaire de le nourrir temporairement par sonde (glissée dans le nez vers le tube digestif) : ces aliments prédigérés seront beaucoup plus facilement absorbés par l’intestin. Ces apports sont évidemment extrêmement importants pour fournir à l'organisme l'énergie dont il a besoin.

Cette nutrition par voie entérale peut induire une amélioration de l'état de la maladie (rémission) chez les adultes et les enfants. Elle favorise également la croissance chez les enfants présentant un retard de croissance. Cependant, l'efficacité de cette nutrition dépend de la tolérance du patient et de sa capacité à la consommer sur une longue période.

Voir aussi l'article : Syndrome du côlon irritable (SCI) : comment se soigner ?

L'éviction de certains aliments pour guérir la maladie ?

Certains pensent que la suppression d'une série d'aliments permet de limiter la fréquence des crises ou d'atténuer la sévérité des symptômes. Ce serait le cas du café, de l’alcool, des épices, des crudités, des fruits, des noix, des choux, des oignons, des poireaux, des tomates et des graisses.


Des études ont été menées sur ce qu’on qualifie de régime (ou diète) d'éviction, mais elles n'ont abouti à aucun résultat concluant. Enfin, des suppléments (en vente en pharmacie) riches en acides gras polyinsaturés, comme ceux que l'on trouve dans l’huile de poisson, pourraient être efficaces grâce à leurs propriétés anti-inflammatoires.

Sources : 
https://www.inserm.fr
https://www.msdmanuals.com
https://www.chuliege.be
https://www.afa.asso.fr



Dernière mise à jour: juin 2023

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