Le mal des montagnes : symptômes et traitement

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Le mal aigu des montagnes (MAM) est un syndrome lié à une ascension trop soudaine en haute altitude. L'oxygène présent dans l'air se raréfie et notre organisme n'a pas le temps de s'adapter à ce manque d'oxygénation.

Une étude menée à Colorado Springs (États-Unis) montre qu'environ un quart des habitants des plaines souffrent du mal des montagnes, ou mal aigu des montagnes (MAM), lorsqu'ils arrivent à une altitude comprise entre 1 900 et 2 900 mètres. Quels sont les symptômes du MAM ? Quels sont les risques pour la santé ?

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Qu'est-ce que le mal des montagnes ?

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À partir de 2 000 mètres d'altitude, l'air contient moins d'oxygène. Chez les personnes vivant à une telle altitude, le corps s'adapte. Il fabrique davantage de globules rouges. Les globules rouges assurent le transport de l'oxygène. Présents en plus grands nombres, ils véhiculent davantage d'oxygène et pallient au manque d'air en haute altitude. 

Même les touristes qui montent progressivement (par pallier) vers les hauteurs s'adaptent en quelques semaines. C'est pour cette raison que les athlètes pratiquent souvent l'entraînement en altitude. Leur corps s'adapte et augmente la capacité de transport de l'oxygène. S'ils font ensuite un effort à basse altitude, ils auront une meilleure condition physique.

Le mal aigu des montagnes ne se déclare qu'en cas d'ascension trop rapide. Le corps n'a alors pas le temps de s'adapter à la plus faible teneur en oxygène de l'air.

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Qui est à risque de souffrir du mal des montagnes ?

Le risque de contracter le mal aigu des montagnes dépend de la capacité d'adaptation de l'organisme. Cette affection n'est pas prévisible, sauf si l'on a déjà souffert du mal de l'altitude auparavant. Dans ce cas, il est plus probable que l'on tombe à nouveau malade lors d'un séjour ultérieur en haute altitude.

Le mal des montagnes touche aussi bien les hommes que les femmes. Les enfants sont néanmoins plus susceptibles d'en souffrir.

La constitution corporelle jouerait également un rôle. Les personnes en surpoids sont davantage exposées au MAM. Contrairement aux idées reçues, les activités physiques en altitude ne sont pas un facteur déclenchant, mais ce sont souvent les jeunes bien entraînés et athlétiques qui développent des symptômes. En effet, leur condition physique leur permet de monter plus rapidement en altitude, ce qui ne laisse pas suffisamment de temps à leur organisme pour s'adapter. Les personnes moins en forme, en revanche, abandonnent plus tôt ou mettent plus de temps à parcourir la même distance, ce qui donne à leur corps une période d'acclimatation plus longue.

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Quels sont les symptômes du MAM ?

Pendant les premières heures de votre séjour en altitude, vous ne ressentirez rien. Mais vers la fin de la journée, vous vous sentirez léthargique et fatigué. Nombreux sont ceux qui attribuent cette sensation à la (longue) fatigue du voyage et qui se réfugient tôt sous les couvertures. Cependant, la première nuit, l'altitude et le changement d'environnement empêchent de dormir. Le lendemain matin, les voyageurs se réveillent avec un mal de tête foudroyant. Parmi les autres symptômes, citons les nausées, les vertiges, l'essoufflement, la confusion et parfois l'étourdissement et l'irritabilité. 

Les symptômes peuvent se déclarer dans les trois jours après l’arrivée et se faire sentir pendant deux à cinq jours si l'on séjourne à la même altitude. La descente estompe l'inconfort, alors que les plaintes s'accentueront si l'on continue à monter. La sévérité des symptômes dépend bien entendu de l’altitude, ainsi que du nombre de jours d’acclimatation (à 2000 mètres) et de la fréquence des aller-retour (pour passer la nuit dans la vallée, par exemple).

Le mal des montagnes est-il dangereux ?

Les complications les plus graves surviennent rarement en dessous de 3500 mètres. Au-delà de cette altitude, l'oxygène se raréfie davantage.

Les scientifiques soupçonnent que le manque d'oxygène provoque alors une modification de l'équilibre hydrique du corps, ce qui engendre un phénomène de rétention d'eau (œdème). L'apparition de gonflements aux yeux, au visage, aux mains ou aux chevilles doit inciter à une réaction rapide.

Un œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA) peut survenir brutalement au cours des deux premières nuits après une ascension rapide en haute altitude. Il se caractérise par la présence d'eau dans les alvéoles pulmonaires. L'OPHA se manifeste par une toux sèche de plus en plus sévère jusqu'à l'expectoration de sang. Le patient souffre d'une sensation d’essoufflement, même au repos. Son état peut rapidement s'aggraver avec l'apparition d'une cyanose des lèvres et des oreilles. Non traité, l'OPHA peut être fatal.

Un œdème peut également se former dans les tissus du cerveau (œdème cérébral de haute altitude - OCHA). Il se déclare par des modifications de l'humeur et du comportement, des maux de tête insupportables, des vertiges, des troubles de la marche. S'il n'est pas traité rapidement, l'OCHA peut provoquer des convulsions, le coma suivi du décès du patient.

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Comment prévenir l'apparition du MAM ?

  • Commencer par séjourner quelques jours à une altitude intermédiaire, c’est-à-dire entre 1500 et 2500 mètres. Des paliers peuvent être franchis en journée, tout en veillant à passer la nuit dans la fourchette d'altitude intermédiaire.
  • Prévoir une période de repos lorsque les 3000 mètres sont atteints.
  • Ne pas boire d’alcool et éviter les somnifères.
  • S'hydrater régulièrement, par petites gorgées, même la soif ne se fait pas ressentir. La perte hydrique est importante dans un environnement avec une pression atmosphérique faible. L'utilisation d'acétazolamide (Diamox®) entraîne également une perte de liquide supplémentaire.
  • Les personnes qui ont déjà souffert du mal aigu des montagnes peuvent prendre de l’acétazolamide (Diamox®) à titre préventif. Ce médicament doit être prescrit par un médecin.
  • Des picotements dans les membres et des troubles du goût (y compris lors de la prise de bière ou d'autres boissons gazeuses) sont des effets secondaires fréquents du médicament. L'acétazolamide (Diamox®) ne doit de préférence pas être administré en cas d'allergie aux sulfamides, ni aux femmes enceintes et rarement aux enfants.
  • L'acétazolamide (Diamox®) est également efficace contre l'insomnie en haute altitude. Cependant, il a un effet diurétique.
  • Les randonneurs qui se trouvent à plus de 3 000 mètres d'altitude peuvent prendre de l'acétazolamide (Diamox®) dès les premiers symptômes du mal d'altitude.

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Mal aigu des montagnes chez les enfants

Le mal aigu des montagnes est aussi fréquent chez les enfants que chez les adultes, mais les symptômes sont plus difficiles à reconnaître chez les jeunes enfants. Les symptômes du mal d'altitude peuvent être les suivants : apathie, léthargie, pleurs excessifs, mauvaise alimentation et mauvais sommeil. L'œdème pulmonaire est plus fréquent chez les enfants. Outre l'altitude, les jeunes enfants sont particulièrement sensibles au froid et brûlent plus rapidement.

La limite d'altitude à ne pas dépasser avec les enfants n'est pas clairement établie. Toutefois, il est important de ne pas monter trop vite. Avec une ascension de moins de 300 mètres en une journée, le mal des montagnes est quasiment inexistant.

  • Avec des enfants de moins de deux ans, il est préférable d'éviter les téléphériques qui gravissent des dénivelés trop brusquement.
  • Il est généralement déconseillé de passer la nuit au-dessus de 2000 m avec des enfants de moins de 2 ans et au-dessus de 3000m avec des enfants de moins de 10 ans. Il faut généralement entre 6 et 12 heures pour que les symptômes se développent, donc si vous êtes redescendu après cette période aucun symptôme ne devrait se déclarer. Si vous dormez à plus haute altitude, surtout après une ascension de plus de 600 mètres dans la même journée, votre enfant risque d'être exposé au MAM. Veillez à ce que la différence de dénivelé entre votre logement et celui de la nuit précédente ne dépasse pas 300 m.
  • Faites boire l'enfant régulièrement lors de la montée et de la descente. Cela permet d'éviter les problèmes de pression dans les oreilles. Veillez à ce que les enfants n'aient pas le nez bouché à la montée et à la descente.

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Comment traiter un mal aigu des montagnes ?

En fonction de l'altitude à laquelle vous vous trouvez, vous pouvez prendre les mesures suivantes :

Symptômes légers

  • En cas de symptômes légers, il est recommandé de se reposer pendant 1 à 3 jours. Ne poursuivez pas votre ascension et descendez si possible 500 mètres plus bas.
  • Si les symptômes persistent ou augmentent, il faut redescendre d'au moins 500 mètres, ne plus monter et surtout ne pas passer la nuit à une altitude plus élevée. Une fois les symptômes disparus, vous pouvez continuer à grimper prudemment.
  • En cas de maux de tête, vous pouvez prendre un analgésique (par exemple de l'acide acétylsalicylique ou du paracétamol), et en cas de nausées, du métoclopramide ou de la dompéridone. Dans les régions d'Amérique du Sud, on vous proposera du thé à base de feuilles de coca. Il s'agit d'un remède maison qui soulage les symptômes généraux (maux de tête, insomnie, nausées...).
  • Le Diamox (acétazolamide) permet une acclimatation plus rapide.


Symptômes graves

  • Si les symptômes sont graves (vomissements, maux de tête insupportables, diminution du débit urinaire, etc.), vous devez descendre le plus rapidement possible, au moins à 500 mètres et si possible à moins de 2 500 mètres d'altitude.
  • Si possible, de l'oxygène doit être administré. Les caissons hyperbares gonflables portables (sac à pression avec pompe à pied) constituent une alternative possible. Ces caissons n'offrent qu'une solution temporaire, l'effet diminuant au bout de plusieurs heures. C'est pourquoi il faut toujours combiner l'administration de Diamox, d'Adalat et/ou de dexaméthasone (ou de méthylprednisolone) et veiller à ce que la descente soit rapide. En cas d'œdème cérébral (imminent), des corticostéroïdes doivent être administrés. En cas d'œdème pulmonaire (imminent), de la nifépidine (Adalat) peut être administrée.

Voir aussi l'article : Médicaments : les différents types d'analgésiques et leurs effets

Mal d'altitude dans un avion, c'est possible ?

Les voyages en avion peuvent déclencher des symptômes similaires à ceux du mal des montagnes. En effet, la pression dans la cabine correspond à une altitude de 2 000 à 2 500 mètres. Il n'y a cependant pas lieu de s'inquiéter. En effet, la durée du voyage est généralement limitée à quelques heures et n'est donc pas suffisante pour entraîner des problèmes sérieux au-delà de symptômes bénins (par exemple, maux de tête et vertiges).

En revanche, pour les malades pulmonaires et cardiaques en détresse respiratoire, le voyage en avion peut engendrer un manque d'oxygène. Dans ce cas, il est préférable de demander l'avis d'un spécialiste avant de réserver un voyage en avion vers une destination lointaine. Une administration continue d'oxygène additionnel peut même être nécessaire au cours du voyage en avion.

Voir aussi l'article : Voyage en avion : quels médicaments sont autorisés en cabine ?

Sources :
https://www.nhs.uk
https://www.webmd.com
https://www.msdmanuals.com

auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: août 2023
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