Le venin de guêpe : un antibiotique du futur ?
news La résistance aux antibiotiques est un problème croissant et il faut en permanence créer de nouveaux médicaments. Dans ce contexte, le venin de divers animaux présente un grand intérêt. Il en va ainsi de celui d'une guêpe asiatique.
Les antibiotiques sont essentiels pour le traitement des infections bactériennes, mais ils sont trop souvent utilisés de manière peu rigoureuse. Ceci permet aux bactéries de développer des résistances, ce qui rend ces médicaments (beaucoup) moins efficaces : les infections deviennent de plus difficiles à traiter. On estime que quelque 700.000 personnes meurent chaque année dans le monde en raison de la résistance des bactéries aux antibiotiques, et elles pourraient être 10 millions d'ici 2050 si de nouvelles solutions ne sont pas trouvées.
Des médicaments issus de substances toxiques
Le venin animal a déjà permis le développement de médicaments précieux pour lutter contre diverses maladies, et il constitue une voie de recherche importante dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Les spécialistes se concentrent, entre autres, sur le venin des scorpions, des serpents et des guêpes. Une équipe américaine (université d'Etat de Pennsylvanie) a fait une découverte prometteuse en analysant le venin d'une guêpe asiatique, Vespula flaviceps lewisii, très présente au Japon et en Corée du Sud (on la surnomme d'ailleurs la guêpe coréenne à veste jaune).
Nocif pour les bactéries, bénéfique pour l'homme
Les scientifiques se sont concentrés sur une minuscule particule de protéine appelée mastoparane-L, un composant essentiel du venin de cette guêpe. A dose limitée, ce venin n'est pas vraiment dangereux pour l'homme, mais en plus grandes quantités ou chez des personnes à risque, les effets toxiques peuvent être sévères : destruction des globules rouges et choc anaphylactique.
Les chercheurs ont pu adapter cette particule de protéine de manière à ce qu'elle ne soit plus nocive pour les cellules des humains et des animaux, mais qu’elle le reste pour les bactéries. Ils ont ainsi créé une nouvelle molécule artificielle, baptisée mast-MO. Elle détruit les bactéries en agissant sur leur membrane (leur coquille). A cet effet s'ajoute la possibilité de renforcer celui d'autres antibiotiques, qui pourraient s'introduire plus facilement dans la bactérie et causer les dommages nécessaires pour l'éliminer. En outre, elle agit sur l'immunité en attirant les cellules immunitaires vers le site de l'infection.
L'effet de l'antibiotique a été testé sur des rongeurs et il s’avère que dans 80% des cas, il protège les animaux contre des infections bactériennes potentiellement mortelles. Les chercheurs ont déjà développé plusieurs variantes de la molécule prometteuse et ils espèrent en convertir l’une ou l’autre en médicament.
Voir aussi l'article : 7 questions sur la résistance aux antibiotiques