Comment on peut finir par aimer ce qu'on déteste
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La répulsion peut très vite se transformer en désir irrésistible, un processus qui intervient dans le phénomène d’addiction.
Il n’est pas difficile d’illustrer le concept. Prenons la première cigarette, qui irrite la gorge, provoque une quinte de toux et laisse un goût désagréable dans la bouche. Et pourtant, nombre de ceux qui ont été dégoûtés par l’expérience vont recommencer et finiront par devenir accros. Idem pour l’alcool ou la drogue.
Comment comprendre cela ? Comment expliquer que le cerveau, connaissant pertinemment les effets néfastes d’un comportement, va tout de même l’adopter ? Une équipe du département de psychologie de l’université du Michigan, spécialisée dans les addictions, s’est intéressée à ces mécanismes. Elle a procédé sur le rat, un modèle expérimental reconnu.
Les rongeurs ont été mis en présence de supports recouverts soit d’un liquide sucré, soit d’une préparation salée à l’excès. Ils ont vite appris à lécher le sucré et à fuir le salé. Mais l’administration d’une seule dose d’un produit spécialement développé pour ces recherches a radicalement modifié leur attitude : ils se sont mis à apprécier aussi bien le salé que le sucré.
Les auteurs indiquent que tout se joue dans le noyau accumbens, la région du cerveau notamment impliquée dans le système de récompense, dans l’assuétude et l'accoutumance : l’activation soudaine de circuits spécifiques dans cette zone (comme lors de la prise d’une drogue, quelle qu’elle soit) peut transformer la répulsion en attirance, même en connaissant les risques. Bien entendu, cette réponse sera modulée selon les spécificités (les fragilités ?) de chaque individu. Mais le risque est là.
[Source : Current Biology]