Zona : symptômes et traitement de la maladie de la ceinture de feu

dossier

Le zona est causé par le virus varicelle-zona (virus herpès zoster). Il provoque des éruptions cutanées douloureuses sur le trajet d'un nerf. Dans la moitié des cas, il s'agit du nerf du thorax. On parle alors de zona intercostal. Mais le zona peut aussi affecter les nerfs du visage, de l'abdomen, du cou... Généralement, un seul côté du corps est touché.

Le zona est aussi appelé maladie de la ceinture de feu en référence à l'aspect de l'éruption (en forme de ceinture) et de la douleur qu'elle provoque (sensation de brûlure). Quels sont les symptômes ? Quel est le traitement ?

Virus herpès zoster : de la varicelle au zona

getty_varicella_waterpokken_vlekjes_2022.jpg

Le virus herpès zoster est responsable de la varicelle.

La grande majorité de la population adulte (95%) a déjà été infectée par le virus herpès zoster. Lors d'une première infection, la maladie se déclare sous la forme d'une maladie infantile bien connue : la varicelle

Une fois que vous êtes infecté par l'herpès zoster (aussi appelé virus varicelle-zona), le corps est immunisé contre la varicelle. Toutefois, il arrive que le virus reste nicher à l’état latent dans certains ganglions nerveux. Il reste là « endormi », jusqu'au jour où l'organisme subit une baisse de l'immunité cellulaire (souvent après 50 ans). Il peut alors se réveiller, parfois après plusieurs décennies, et provoquer le zona.

Quand cela arrive, le virus commence à se multiplier dans le ganglion en question. Il suit ensuite le trajet du nerf qui y est associé. Les symptômes se manifestent sur la peau au niveau de la zone nerveuse touchée : généralement, comme une bande ou une ceinture d'un seul côté du corps. 

Voir aussi l'article : Zona : les symptômes et les complications

Facteurs de risque : pourquoi le virus du zona se réveille ?

Pourquoi le virus de l'herpes zoster se réactive-t-il à certains moments de la vie ? Les causes ne sont pas claires mais il existe des facteurs de risque.

L'âge : plus de zona chez les seniors

L'âge qui avance est un facteur de risque important. Les personnes de plus de 60 ans sont proportionnellement deux à trois fois plus nombreuses à souffrir du zona que les moins de 40 ans (12 pour 1000 au-delà de 60 ans et 4 / 1000 en dessous de 40 ans). Ceci est probablement lié à une immunité moins efficace chez les seniors et les personnes âgées.

Le sexe

Selon certaines études, les femmes seraient plus à risque que les hommes, mais d'autres recherches disent le contraire.

La baisse de l'immunité

Une immunité affaiblie ou perturbée est un facteur de risque majeur. Ainsi, le zona est plus fréquent chez les patients avec une maladie auto-immune ou inflammatoire (lupus systémique, polyarthrite rhumatoïde, granulomatose de Wegener, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, sclérose en plaques), souffrant d'un cancer (lymphome de Hodgkin, tumeur adhérente), du VIH, ou ayant subi une greffe d'organe (le traitement immunosuppresseur augmente le risque).

Les autres facteurs de risque du zona

  • Le rôle des facteurs génétiques n'est pas encore élucidé.
  • Il est possible qu'une intervention chirurgicale ou un traumatisme (par exemple une fracture de la jambe) puissent provoquer un zona.
  • La place du stress physique ou mental en tant que facteur de risque n'est pas claire.

Les différents types de zona

Le zona peut toucher la peau de différentes parties du corps selon le nerf touché.

  • Zona thoracique : dans la moitié des cas, le zona touche le thorax. Il s'étend le long du nerf qui relie la colonne vertébrale à l'un des côtés du thorax. Il peut aussi apparaître plus bas et se manifester dans le bas du dos et sur les fesses.
  • Zona sur le bas ventre : lorsqu'il touche le bas de l'abdomen, il peut atteindre les organes génitaux, provoquer des symptômes digestifs et urinaires.
  • Zona dans le cou : les symptômes apparaissent dans la nuque ou sur le côté du cou.
  • Zona des yeux (herpès zoster ophthalmicus) : le zona affecte la branche ophtalmique du 5e nerf crânien (le nerf trijumeau). Les symptômes se manifestent dans l'oeil, sur la paupière, sur le front. On parle de zona ophtalmique. Cette forme de zona doit être traitée en urgence car elle peut affecter la vue à long terme.
  • Zona de l'oreille (Herpès zoster oticus ou syndrome de Ramsay Hunt) : le zona auriculaire est rare (moins de 1 % des zonas). Il touche le ganglion du 8e nerf crânien et le ganglion géniculé du 7e nerf crânien (facial). Le risque de complications (surdité et paralysie des muscles faciaux) est limité si on intervient rapidement.

Symptômes du zona

123-huidz-herpes-zoster-zona-gordelr-10-17.jpg

Éruption de zona thoracique

Le zona n'est pas toujours grave : chez l'enfant et le jeune adulte, l'infection est généralement plus légère. Les symptômes se manifestent au niveau de la peau, sur le trajet du nerf touché.

  • Le zona commence habituellement par des démangeaisons et des picotements, ou brutalement par des douleurs intenses, brûlantes et persistantes sur une partie de la peau (abdomen, poitrine, dos...). Un mal de tête, de la fièvre et un état grippal peuvent également survenir.
  • Après quelques jours, la peau devient rouge et des vésicules (ampoules) douloureuses apparaissent en grappe. Selon le nerf touché, elles apparaissent d'un seul côté, le plus souvent sur la poitrine, le dos, le ventre et la taille. Parfois sur les membres (bras, jambe), dans le cou ou sur le visage. Les vésicules forment un amas ou une bande (ceinture).
  • L'éruption peut être marquée par de vives douleurs, notamment en cas de frottement, au contact des vêtements, en position assise... Un zona au visage est souvent accompagné d'un mal de tête très sévère, et les muscles faciaux peuvent temporairement s’affaisser.
  • Après 10 à 14 jours, les vésicules sèchent en formant des croûtes. Après 2 à 4 semaines, le rétablissement est généralement complet, sans symptômes résiduels sérieux, sauf évidemment en cas de complications.
  • Parfois, on observe une sensibilité permanente réduite ou accrue à la douleur ou une dépigmentation de la peau.

Zona : les complications

Les complications les plus sérieuses du zona sont la névralgie post-zostérienne et les atteintes oculaires, sachant qu'une infection bactérienne secondaire aux lésions cutanées peut survenir.

La névralgie post-zostérienne

La névralgie post-zostérienne (NPZ) se caractérise par une douleur sévère et tenace dans la zone de la peau affectée. Elle peut persister des mois, voire des années après la survenue du zona. Cette douleur neuropathique résulterait de l'inflammation et de la lésion du nerf.

  • Le risque de névralgie post-zostérienne augmente avec l'âge : chez les personnes de moins de 50 ans, il est inférieur à 2%, puis passe à 20% chez les plus de 50 ans et à 30% au-delà de 70 ans.
  • Les patients dont les symptômes (fièvre, douleur, nombre de vésicules...) ont été importants avant et pendant la phase aiguë présentent un risque plus élevé de souffrir d'une NPZ.
  • La NPZ est également plus fréquente si le zona a affecté le visage.

Les complications oculaires du zona ophtalmique

Le nerf optique peut être abîmé chez les patients atteints de zona à la tête et au cou. Cela se produirait chez environ 15% des patients.

Il existe aussi un risque élevé de kératite (inflammation de la cornée), d’iridocyclite (inflammation de l'iris), de conjonctivite (inflammation des muqueuses), de glaucome secondaire ou de panophtalmie (inflammation de toutes les parties de l'œil).

Des éruptions sur la pointe et sur le côté du nez indiquent des dommages à la branche nerveuse qui innerve l'œil. Si le nez est affecté, une attention particulière doit être portée à l'œil.

Voir aussi l'article : Zona ophtalmique : un danger pour les yeux

Les complications à l'oreille

Si le virus se trouve dans le nerf de l'oreille, un herpès zoster oticus peut se développer, avec la formation d'ampoules dans le conduit auditif. Les complications possibles sont la perte auditive, les problèmes d'équilibre (vertiges) et la paralysie du nerf facial. Ce type de zona est aussi connu sous le nom de syndrome de Ramsay-Hunt.

Voir aussi l'article : Syndrome de Ramsay Hunt : causes, symptômes, traitement

La dissémination virale

La dissémination du virus peut survenir chez les personnes atteintes d'une immunité (cellulaire) altérée. C'est une affection très sérieuse qui peut mener à la mort.

La méningite

Si le système nerveux central est touché par la maladie (ce qui est rare), une méningo-encéphalite ou une parésie peuvent survenir.

Voir aussi l'article : Quels sont les symptômes d’une méningite bactérienne et d’une méningite virale?

Le zona est-il contagieux ?

  • Le zona survient lorsque le virus, déjà présent dans le corps à la suite d'une varicelle, se réactive en cas de baisse d’immunité.
  • On ne peut pas contracter un zona directement après un contact avec une personne qui a le zona ou la varicelle. 
  • Cependant, un patient qui présente des lésions actives de zona est contagieux. Il peut transmettre le virus varicelle-zona à quelqu’un qui n’y a jamais été exposé. Dans ce cas, cette personne contractera la varicelle et non un zona. Le liquide provenant des vésicules est contagieux pendant 1 à 2 semaines. Les croûtes ne sont plus contagieuses. 
  • Il est important d’éviter tout contact avec des individus vulnérables, comme les femmes enceintes, les nouveau-nés et les personnes immunodéprimées qui n'ont jamais eu la varicelle. Chez la femme enceinte, le virus peut causer des dommages à l'enfant à naître au cours des trois premiers mois de la grossesse.

Voir aussi l'article : Varicelle, rougeole, oreillons... : attention pendant la grossesse

Diagnostic du zona

L'éruption cutanée typique est suffisante pour établir le diagnostic. Occasionnellement, il est possible que les atteintes de la peau (comme les ampoules) soient très discrètes, voire inexistantes, et des recherches plus approfondies sont alors nécessaires (une analyse de sang peut aider à montrer si le virus est actif ou l'a été récemment).


En cas de zona dans la région du trijumeau, il faut chercher des anomalies oculaires. En cas d'éruption cutanée sur le nez ou dans le coin de l'œil, il faut toujours consulter un ophtalmologue pour un examen supplémentaire.

Voir aussi l'article : Taches ou boutons rouges sur la peau : de quelle maladie infantile s'agit-il ?

Traitement du zona

Le zona guérit spontanément après 2 à 4 semaines. Habituellement, un soulagement de la douleur et un traitement de séchage des ampoules sont suffisants. Il faut cependant toujours consulter un médecin, et au plus vite dans certaines circonstances.

  • vous êtes affaibli par une maladie grave
  • vous avez plus de 60 ans
  • vous souffrez d'un trouble immunitaire ou vous prenez des médicaments immunosuppresseurs
  • le zona affecte le visage (une atteinte à l'oeil ou à l'oreille doit être traitée dans les 72 heures pour éviter des complications telles que la cécité et la surdité)
  • vous ressentez des picotement, des démangeaisons ou une douleur à l'œil ou au nez

Traiter l'éruption cutanée

Il faut absolument éviter de gratter les ampoules, cela peut causer des cicatrices permanentes.

  • Une douche ou un bain avec une eau pas trop chaude apportent un soulagement.
  • Pour éviter l'abrasion, recouvrez les vésicules d'une compresse douce.
  • Sur les ampoules, vous pouvez appliquer une pommade de séchage (pommade ou pâte d'oxyde de zinc). Si nécessaire, utilisez aussi un liquide ou une crème pour soulager les démangeaisons.
  • L'application de chlorhexidine (antiseptique) en solution aqueuse sur les vésicules est utile pour la prévention de la surinfection bactérienne.
  • Des lingettes humides ou de la glace peuvent aider contre les démangeaisons et la douleur.

La gestion de la douleur

L'un des plus gros problèmes avec le zona est la douleur, qui peut être très intense.

Vous pouvez prendre du paracétamol (ne pas dépasser la dose prescrite par le médecin ou mentionnée par le fabricant). Si cela ne suffit pas, un analgésique plus fort peut être nécessaire, mais toujours après avis médical.

Le traitement antiviral

Les médicaments antiviraux (tels que l'aciclovir) peuvent réduire le temps de guérison de l'éruption cutanée ainsi que la sévérité et la durée de la douleur. Ces médicaments doivent être pris dans les 2 ou 3 premiers jours après le début de l'éruption cutanée. Plus tard, leur efficacité baisse sensiblement.

Chez les personnes en bonne santé âgées de moins de 50 ans et dont le zona n'est pas trop important, un traitement antiviral n'est pas nécessaire. Ce traitement peut être approprié dans les circonstances suivantes.

  • avec zona étendu ou très douloureux
  • avec zona dans le cou ou sur le visage : sans traitement antiviral, le risque de lésions oculaires (permanentes) est très élevé
  • chez les personnes de plus de 60 ans
  • chez les personnes présentant une immunité altérée (VIH, après une greffe d'organe, en cours de chimiothérapie ...) : il peut être nécessaire d'administrer ce médicament par voie intraveineuse avec une perfusion, ce qui nécessite une hospitalisation

Le traitement de la douleur post-zostérienne

La névralgie post-zostérienne est très difficile à traiter. Heureusement, cette douleur disparaît chez les personnes de moins de 60 ans dans neuf cas sur dix après un mois, et seulement 1% souffrent encore de douleurs après un an. Chez les personnes âgées de plus de 60 ans, la douleur disparaît dans environ la moitié des cas après un mois, et dans 10% des cas, c'est une douleur légère à modérée qui persiste encore après un an.

En cas de douleur persistante sévère, la prise en charge par un centre spécialisé dans la douleur peut être nécessaire.

  • Les analgésiques simples (paracétamol) procurent un soulagement insuffisant de la douleur. Des analgésiques plus puissants (oxycodone, morphine, méthadone...) donnent parfois également des résultats insuffisants et présentent de nombreux effets secondaires. Ils peuvent aussi entraîner une dépendance.
  • Les anti-épileptiques procureraient un bon soulagement de la douleur chez environ la moitié des patients. Les effets secondaires possibles incluent les vertiges, la somnolence et la rétention d'eau dans les membres (oedème périphérique).
  • Certains antidépresseurs tricycliques procurent un bon soulagement de la douleur et une amélioration significative de la qualité de vie chez environ la moitié des patients. Des effets secondaires tels que la bouche sèche, la constipation, les troubles visuels et la prise de poids sont possibles.
  • Des patchs de lidocaïne avec une concentration de 5% aideraient certains patients, mais il n'y a pas suffisamment de preuves pour recommander ce traitement.
  • Les pansements de capsaïcine aideraient certains patients, mais les risques d'effets secondaires parfois graves et de douleurs locales sévères sont élevés. Ce produit n'est donc pas recommandé.
  • Les corticostéroïdes n'ont pas démontré leur efficacité dans la phase aiguë du zona ou en cas de NPZ, qu'ils aient été administrés par voie orale ou injectés par péridurale. On les prescrits parfois en cas de zona ophtalmique pour traiter des complications telles que l'uvéite et la kératite.
  • L'acupuncture dans le traitement de la névralgie post-zostérienne n'a été étudiée que de manière limitée. En outre, les études donnent des résultats contradictoires. L'effet possible sur la douleur est faible dans tous les cas.

Voir aussi l'article : Quand faut-il éviter de prendre de l’ibuprofène ?

Se protéger contre le zona : la vaccination

La vaccination contre le zona est l’une des meilleures mesures préventives contre la réactivation du virus et les risques de complications. 

Disponible sur le marché belge depuis 2021, le vaccin Shingrix® confère une bonne protection contre l’herpès zoster dans les premières années suivant son administration. Le schéma vaccinal recommandé est de 2 vaccinations, avec un intervalle de 2 à 6 mois.

Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) recommande actuellement la vaccination contre l’herpès zoster chez les personnes =60 ans et les personnes immunodéprimées à partir de 16 ans. Toutefois, le vaccin est cher (170 euros par dose, soit 340 euros) et n’est actuellement remboursé par l’INAMI que dans certaines conditions (VIH, greffe d'organes ou de cellules souches). Discutez avec votre médecin pour savoir si ce vaccin est adapté à votre situation.

Voir aussi l'article : Quels vaccins peuvent être administrés pendant la grossesse ?

Sources :
www.health.belgium.be
www.cbip.be

www.thuisarts.nl
www.ntvg.nl
www.msdmanuals.com
www.cdc.gov
https://matra.sciensano.be





Dernière mise à jour: janvier 2025

Vous voulez recevoir nos articles dans votre boîte e-mail ?

Inscrivez-vous ici à notre newsletter.

vous pourrez vous désinscrire quand vous le souhaiterez
Nous traitons vos données personnelles conformément à la politique de confidentialité de Roularta Media Group NV.
volgopfacebook

volgopinstagram