Pneumonie : causes, symptômes et traitement

dossier La pneumonie est une maladie infectieuse grave qui affecte le tissu pulmonaire. La pneumonie d'origine bactérienne se soigne généralement bien grâce aux antibiotiques bien que certains germes soient de plus en plus résistants à l’antibiothérapie. La gravité de la pneumonie virale dépend du virus en cause et de l'état de santé du patient. Sont plus à risque les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées. La vaccination peut être cruciale pour réduire les risques. Quelles sont les causes de la pneumonie ? Comment reconnaître les symptômes ? De quels traitements dispose-ton ?

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Inflammation des alvéoles des poumons

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La pneumonie est une infection des voies respiratoires basses puisqu'elle touche les tissus pulmonaires : les alvéoles. Les alvéoles sont des petits sacs d'air situés au bout des bronchioles dans les poumons. C'est là que s'effectuent les échanges de gaz (oxygène et dioxyde de carbone) avec le sang.

En cas de pneumonie, les cellules des alvéoles sont colonisées par des bactéries, des virus ou d'autres agents pathogènes. Notre système immunitaire réagit contre ces germes en déclenchant une réaction inflammatoire. Résultat : nos alvéoles se remplissent de liquide ou de pus et ne peuvent plus remplir correctement leur fonction. Notre capacité pulmonaire diminue ce qui cause un essoufflement et une hypoxémie (faible taux d'oxygène dans le sang).

Il est essentiel de consulter un professionnel de la santé si vous présentez des symptômes de pneumonie. Un diagnostic précoce et un traitement approprié peuvent contribuer à prévenir la formation de lésions pulmonaires (abcès ou dommages permanents aux alvéoles). La pneumonie peut se cantonner aux poumons ou s'étendre aux bronches (c'est la bronchopneumonie).

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Les causes de la pneumonie

La pneumonie est généralement causée par des agents pathogènes tels que des bactéries, des virus, des champignons ou des parasites. Toutefois, les bactéries et les virus représentent 80% à 90% des cas.

Souvent, la maladie est la conséquence d'une infection respiratoire, comme un rhume ou une grippe, qui endommage les muqueuses et affaiblit le système immunitaire. Les germes trouvent alors un terrain propice à leur développement.

La pneumonie survient généralement après que des agents pathogènes pénètrent dans les poumons (au contact de personnes infectées par des virus ou des bactéries).

Certains de ces micro-organismes (comme le pneumocoque et le staphylocoque) peuvent se trouver naturellement dans notre bouche et notre gorge. Inoffensifs en temps normal, ils profitent de la baisse de nos défenses immunitaires pour proliférer.

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Les pneumonies bactériennes

  • Les pneumocoques (Streptococcus pneumoniae).
    Il s'agit de la principale cause de pneumonie bactérienne, mortelle dans 10 à 20% des cas si elle n'est pas soignée par antibiothérapie. Ce type de pneumonie peut se développer comme complication d'une infection virale des voies respiratoires supérieures (un rhume, par exemple).

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  • Les staphylocoques (staphylocoque doré).
    L'une des causes majeures de pneumonie acquise à l'hôpital (infection nosocomiale), alors que la bactérie est à l'origine de complications graves de la grippe chez le jeune enfant, la personne âgée, les malades chroniques et les patients immunodéprimés. Une souche particulièrement dangereuse est le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM), qui résiste à la plupart des antibiotiques et qui suscite une grande inquiétude dans les hôpitaux et les maisons de repos.

  • Legionella pneumophila
    La Legionella pneumophila est la bactérie responsable de la légionellose ou maladie du légionnaire. Lorsque les conditions sont favorables, elle se développe dans les réseaux d'eau douce naturelle ou artificielle. Lorsque l'eau stagne et que la température est suffisamment élevée (entre 20° C et 50 °C), elle trouve un environnement très propice à sa croissance. Elle se propage par brumisation, gouttelettes projetées via le robinet, la douche, le bain à bulles, l'air conditionné... 

Voir aussi l'article : Légionellose : sources de contamination, symptômes et traitement

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Légionellose

  • Les mycoplasmes (Mycoplasma pneumoniae).
    Une cause fréquente de pneumonie chez le jeune enfant de 4 à 10 ans et chez les adultes entre 30 et 40 ans. Des épidémies surviennent régulièrement dans des internats, des camps de vacances ou des institutions d'accueil. L'infection évoque une grippe d'intensité modérée (toux, douleurs musculaires, fièvre). Les symptômes se manifestent progressivement, en quelques jours, contrairement à d'autres infections plus brutales des voies respiratoires, comme la grippe.

  • Chlamydophila pneumoniae (ou Chlamydia pneumoniae).
    Elle est responsable de 10% des pneumonies, et affecte surtout les adolescents, les jeunes adultes et les personnes âgées. Chez les jeunes, la maladie revêt généralement un caractère bénin, alors qu'elle peut être gravissime chez la personne âgée. Elle provoque une fièvre modérée, des maux de gorge et une toux persistante. Cette bactérie n'est sensible qu'à certains groupes d'antibiotiques comme les tétracyclines et les macrolides. La chlamydia pneumoniae n'est pas une infection sexuellement transmissible (IST). La Chlamydia (IST) est causée par un autre germe : la chlamydia trachomatis.

Voir aussi l'article : Chlamydia : quels symptômes chez l'homme et chez la femme ?

Les pneumonies virales

La moitié des pneumonies sont causées par des virus : virus de la grippe, virus du rhume, virus respiratoire syncytial (VRS), le virus de la varicelle... La pneumonie virale provoque des symptômes moins graves que les pneumonies bactériennes. Toutefois, les enfants, les personnes âgées ou les personnes immunodéprimées sont plus vulnérables face à ce type d'infection. Celle-ci peut nécessiter une hospitalisation. En particulier, si elle s'accompagne d'une autre affection pulmonaire (bronchite, bronchiolite). Le danger réside également dans la surinfection bactérienne, suite à la fragilisation des voies respiratoires par l'infection virale.

Voir aussi l'article : Le virus respiratoire syncytial (VRS)

Les pneumonies fongiques (champignons)


Certains champignons comme Mycobacterium avium peuvent causer des pneumonies affectant surtout les personnes souffrant d'un système immunitaire déficient (sida, chimiothérapie, usagers de drogue par intraveineuse...).

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La pneumonie d'aspiration


Elle se produit lorsque du contenu de l'estomac passe dans les poumons après régurgitation (fausse-route), disséminant alors des bactéries. Cela peut se produire après une anesthésie générale, en raison d'un trouble neurologique affectant la déglutition ou en cas d'inhalation de vomissements.

Les substances toxiques


L'inhalation de certains produits (pesticides...) ou de moisissures.

Les personnes à risque en cas de pneumonie

Certaines personnes sont plus sensibles que d'autres à la pneumonie et s'exposent à un risque plus élevé de complications graves, voire mortelles.

  • les jeunes enfants
  • les personnes âgées
  • les patients souffrant d'une maladie chronique : BPCO, diabète, insuffisance rénale, cirrhose du foie, mucoviscidose...
  • les patients immunodéficients
  • les gros consommateurs d'alcool
  • les fumeurs
  • les personnes sous-alimentées
  • Les patients hospitalisés (d'autant plus lorsque le séjour se prolonge) sont particulièrement vulnérables, non seulement en raison de l'affaiblissement de leur état de santé, mais aussi par la multiplication des sources possibles d'infection (personnes porteuses de germes, plaie, cathéter...).

Voir aussi l'article : Pneumonie : personnes à risque de complications et symptômes d’alerte

Les symptômes de la pneumonie

En général, les symptômes apparaissent rapidement mais ils peuvent varier en fonction de la cause de la pneumonie.

  • une toux douloureuse
  • des expectorations, parfois jaunâtres ou sanglantes
  • de la fièvre
  • des douleurs à la poitrine qui empirent lorsqu'on inspire
  • un essoufflement
  • des difficultés à respirer
  • une accélération du rythme cardiaque
  • parfois des maux de tête
  • de la confusion, voire un état de délire

Chez la personne âgée, les symptômes sont plus flous, et la pneumonie peut même se manifester uniquement par de la confusion et de la somnolence. Ces symptômes ne sont évidemment pas exclusifs à la pneumonie et on les retrouve dans d'autres maladies, comme la grippe, la bronchite, la bronchiolite, l'asthme, l'embolie pulmonaire ou la tuberculose.

En cas de suspicion de pneumonie, le médecin confirmera le diagnostic par une radiographie ou un scanner. Les expectorations seront analysées en laboratoire afin de déterminer le germe qui est en cause, et ainsi adapter au mieux le traitement. Il faut néanmoins savoir que le micro-organisme ne peut pas être identifié avec précision chez la moitié des patients atteints de pneumonie.

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Dangers et complications de la pneumonie

Une pneumonie, surtout d'origine bactérienne, doit être considérée comme une maladie grave, puisqu'elle présente un réel risque de mortalité.

  • L'infection peut s'étendre des alvéoles à la plèvre (une membrane qui recouvre la face externe des poumons et la paroi interne de la cage thoracique). Ceci provoque une forte inflammation et on parle alors de pleurésie, qui nécessite une surveillance très étroite.
  • L'empyème pleural est une complication de la pneumonie caractérisée par une accumulation de pus entre les membranes pulmonaires. Ce dernier doit être évacué par thoracoscopie ou thoracotomie.
  • La maladie peut gagner l'ensemble des poumons et causer une insuffisance respiratoire.
  • Elle peut causer une septicémie lorsque le pneumocoque pénètre dans la circulation sanguine. Cela provoque une forte baisse de la tension artérielle, un choc et des dommages aux organes importants.
  • Une méningite ou une encéphalite peut se déclarer, en particulier chez la personne âgée.

Voir aussi l'article : Septicémie (empoisonnement du sang) et choc septique : symptômes, causes et traitement

Les traitements de la pneumonie

Repos. Le patient doit rester à la maison jusqu'à la guérison complète (incapacité de travail) et limiter ses activités.

Hydratation. Les apports en eau doivent être supérieurs à la normale.

Douleur et fièvre. La gestion de la douleur est très importante pour maintenir le rythme respiratoire et gérer la toux (qui dans ce cas-ci ne doit pas être contrecarrée : il ne faut pas donc pas prendre de sirop anti-toux).

  • Pour combattre la fièvre, et dans le même temps la douleur, le paracétamol est un recours de choix.
  • Les antidouleurs contenant de la codéine ne sont pas indiqués, dans la mesure où ils apaisent la toux.
  • En cas d'automédication, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène ou le kétoprofène, sont déconseillés pour soulager la pneumonie. Ils sont susceptibles de modifier l’immunité locale. Ils peuvent masquer les symptômes (fièvre et douleurs), retarder la prise en charge du patient et entraîner des complications. Des études récentes soulignent également leur implication dans des complications suppuratives (empyème ou abcès pulmonaire).

Pas d'antitussifs. Il n’y a pas de bénéfice à traiter la toux en aigu par des antitussifs, des expectorants, des mucolytiques, des antihistaminiques, des corticoïdes inhalés ou des bronchodilatateurs. Ils ne sont donc pas recommandés en médecine de premier recours pour le traitement des infections des voies respiratoires inférieures.

Voir aussi l'article : Pastilles et sirops pour la toux : inutiles et dangereux

Antiviraux (aciclovir) peuvent intervenir dans les pneumonies virales (comme celle causée par le virus de la varicelle ou du zona).

Antibiotiques sont bien entendu systématiquement prescrits en cas de pneumonie bactérienne (ou si le germe n'a pas été identifié). Le type d'antibiotique dépend de la nature du germe, de l'âge du patient, ou de la gravité de la maladie. Le traitement dure en général huit jours. Si après 48 h, la situation ne s'améliore pas, le médecin adaptera le traitement (changement d'antibiotique ou combinaison de deux molécules). Il faut ajouter que la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques (staphylocoques et pneumocoques notamment) constitue un problème très sérieux, en particulier dans les hôpitaux, et ici pour ce qui concerne la pneumonie.

Oxygène. Si la saturation en oxygène dans le sang est trop faible, le patient doit recevoir une aide (ventilation), soit à domicile, soit en milieu hospitalier. Un transfert en soins intensifs et une intubation peuvent être nécessaires.

Kinésithérapie respiratoire en milieu hospitalier contribue beaucoup à la récupération des capacités respiratoires.

Hydrocortisone. Selon une étude récente, l’hydrocortisone administrée précocement améliore la survie des patients dans les pneumonies communautaires graves admises en réanimation. 

Quand l'hospitalisation est-elle requise ?

Le médecin évalue la nécessité d'une hospitalisation en fonction d'une série de critères.

Le traitement sera probablement suivi à la maison si les antibiotiques peuvent être administrés par voie orale. Si :

  • vous avez moins de 65 ans, êtes en bonne santé et ne présentez pas d'autres facteurs de risque tels qu'une maladie chronique.
  • vous avez plus de 65 ans, êtes en bonne santé et ne présentez pas d'autres facteurs de risque.


Dans ce cas, votre médecin surveillera votre état de santé de près et prendra de vos nouvelles tous les jours (éventuellement par téléphone). Des prises de sang seront également effectuées régulièrement.

Dans tous les cas, prévenez votre médecin dans les circonstances suivantes :

  • si votre état général se dégrade
  • si la toux, la fièvre ou l'essoufflement augmentent ;
  • si de nouveaux symptômes tels que l'essoufflement, la fièvre, les douleurs thoraciques ou les expectorations sanguines apparaissent ;
  • si une fièvre préexistante persiste pendant plus d'une semaine.


L'hospitalisation est nécessaire dans les cas suivants : 

  • En cas de pneumonie grave causée par une bactérie ou un champignon, par exemple en cas de manque d'oxygène, de confusion, d'atteinte des deux poumons, de rythme cardiaque et respiratoire très rapide, de tension artérielle trop basse... ;
  • la personne est très âgée, le patient présente un système immunitaire affaibli
  • il s'agit d'un bébé de moins de 6 mois (au-delà, l'enfant peut rester à la maison s'il peut être surveillé en permanence et si son état n'est pas trop préoccupant)
  • les antibiotiques doivent être administrés par intraveineuse
  • la situation ne s'améliore pas après 48 à 72 heures de traitement à domicile

La vaccination contre la pneumonie

Il est possible de se faire vacciner contre un certain nombre d'agents pathogènes qui causent la pneumonie ou qui peuvent être à l'origine de la pneumonie.
C'est notamment le cas pour
  • le pneumocoque
  • la grippe
  • Haemophilus influenzae


La vaccination contre le pneumocoque et l'haemophilus influenzae est recommandée pour tous les jeunes enfants. La vaccination contre le pneumocoque et la grippe est recommandée pour les personnes âgées et les personnes à risque.

Voir aussi l'article : Grippe et pneumocoque : la vaccination est plus nécessaire que jamais

Sources :
https://www.msdmanuals.com
https://www.gezondheidenwetenschap.be
https://www.rivm.nl
https://ansm.sante.fr
https://splf.fr
https://www.hug.ch



Dernière mise à jour: octobre 2023
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