Alimentation de l'enfant : les 10 conseils pour les parents
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Les parents exercent une influence majeure sur le comportement alimentaire de l'enfant. Principale source d'informations et exemples à suivre, ils ne doivent pas se tromper au moment de transmettre les principes les plus importants. Voici dix conseils pour y parvenir au mieux.
Ces recommandations, à inculquer le plus tôt possible, peuvent influencer l'enfant tout au long de son existence, en espérant qu'il les transmettra à son tour, une fois devenu papa ou maman.
1° - Le bon exemple
Si maman lit le journal à table, les enfants ne voient pas pourquoi ils ne pourraient pas jouer pendant les repas. Si papa n'apprécie pas le contenu de son assiette, le petit ne voit pas pourquoi lui devrait forcément aimer toute la nourriture qu'on lui sert...
Les enfants imitent les adultes et c'est aux parents de montrer le bon exemple. Ceci est valable non seulement concernant la manière de se tenir à table et de manger, mais aussi pour les habitudes alimentaires. Mangez vous-même beaucoup de fruits et de légumes, buvez suffisamment d'eau plate et de lait, et faites l'impasse sur les sodas. Par mimétisme, les enfants seront enclins à faire de même.
Accordez une importance particulière aux repas pris avec vos enfants et veillez à ce que l'enfant prenne ses repas avec vous, et au moins un parent. N'hésitez pas à dire clairement à table ce que vous aimez, que les plats préparés sont goûteux, délicieux... Saluez les talents de maman cuisinière ou de papa cuisinier. L'enfant sera par la suite habitué à ce vocabulaire et à ce comportement et fera de même lorsqu'il sera à table.
2° - La télé n'est pas invitée
A table, on mange, et on ne joue pas, on ne dessine pas et on ne regarde pas la télévision.
Il ne faut cependant pas verser dans une attitude trop sévère. Le repas doit rester un moment convivial et agréable. Les instructions désuètes comme « un enfant ne parle pas à table » ou « tu dois d'abord finir toute ton assiette avant de quitter la table » n'auront pas d'effet, si ce n'est de créer une ambiance tendue, ce qui n'est pas le but recherché...
3° - Une jolie table
4° - A heure fixe
Manger à heure fixe, et si possible au même endroit, est un repère important pour l'enfant. Il a besoin de régularité et de rituels. Dès que l'enfant est en âge de lire l'heure, il saura à quel moment on passe à table.
Mangez de préférence en famille. L'enfant apprécie ces moments de convivialité, et il comprendra aussi que l'on mange à certaines heures, ensemble, et que l'on ne grignote pas à longueur de journée dans son coin. Le fait de manger à heure fixe permet de se faire une idée assez précise de l'évolution du comportement alimentaire de l'enfant.
5° - C' est bientôt prêt !
Appelez l'enfant lorsque le repas est quasiment prêt. Il pourra ainsi terminer à l'aise ce qu'il était occupé à faire, et se diriger tranquillement vers la table. Si vous prévenez trop tard, cela risque de générer de la tension, de la frustration, du mécontentement, de la mauvaise humeur, du stress..., tant chez l'enfant que chez l'adulte, et créer un climat malsain pendant le repas.
6° - A l'aise mais sans traîner
Si des invités sont présents, il faut permettre aux enfants de quitter la table lorsqu'ils ont fini de manger, car après cela ils commencent à s'impatienter. Les adultes s'attarderont, mais il ne faut pas imposer cela aux plus jeunes, et d'ailleurs le fait qu'ils aillent jouer ailleurs rend souvent l'ambiance plus calme pour une discussion entre adultes. Mais les règles doivent être claires, et en particulier le fait que l'enfant ne doit pas quitter la table avant la fin de repas, ou éventuellement jusqu'au dessert (ils reviendront certainement pour y goûter !). Cette habitude permet d'inculquer de bons principes, qui seront respectés lors d'un repas à l'extérieur (famille, amis, restaurant...). Les enfants turbulents à table risquent en effet de créer une mauvaise ambiance, voire de gâcher la soirée.
7° - Des portions raisonnables
Il ne sert à rien de remplir l'assiette d'un enfant à ras bord. Commencez par une pomme de terre, une cuillerée de compote et un petit morceau de viande, puis resservez, et ainsi de suite. L'enfant est rebuté (découragé !) par une trop grande quantité - « Comment je vais manger tout ça ? » -, mais il acceptera plus facilement des petites portions l'une après l'autre. Les parents ont souvent tendance à confondre leur appétit avec celui de leur enfant...
Et il est important de positiver : si l'enfant apprécie une préparation, incitez-le à le dire et réjouissez-vous : « C'est vraiment bien que tu aimes ce que j'ai préparé. C'est très bien que tu aies bon appétit ». Les encouragements sont plus productifs que les critiques (« Encore une fois, tu n'as pas fini ton assiette ! »).
8° - La découverte du goût
Une erreur fréquente consiste à forcer l'enfant à tout manger, même ce qu'il dit ne pas aimer. Or, les habitudes alimentaires portent bien leur nom : il faut s'y habituer, et ceci vaut en particulier pour un enfant qui part à la découverte des aliments. Plusieurs études ont montré que pour qu'un enfant accepte un nouvel aliment qui le rebute au départ (souvent par principe !), il était nécessaire de le lui présenter à plusieurs reprises, si possible sous différentes formes et préparations. Dans la plupart des cas, il finit par bien l'accepter.
En fait, le sens du goût est en plein développement chez l'enfant, il faut respecter cela. Et garder à l'esprit qu'un enfant n'est pas obligé de devoir tout aimer... pas plus que ce n'est le cas pour un adulte ! Ce que maman ou papa apprécient ne sera pas forcément du goût de leur enfant...
Un élément très important consiste à ne pas systématiquement lui donner à manger ce qu'il adore (pâtes, frites...). Il faut qu'il apprenne à tout goûter, à faire l'effort, et il pourrait d'ailleurs être très agréablement surpris. Et à nouveau, ne vous bloquez pas sur un refus catégorique : persévérez, et tentez de nouvelles présentations du même aliment.
9° - Ni récompense, ni punition
Offrir une récompense parce que l'enfant a fini son assiette, ou au contraire le punir car il n'a pas voulu y toucher : ces deux attitudes sont des mauvaises idées.
En effet, elles reviennent d'abord à considérer le repas comme une contrainte, une corvée (avec une punition à la clé) ou une épreuve difficile et ardue (qui mérite récompense). Ensuite, l'enfant risque d'instaurer un rapport de forces (je mange si j'en tire un bénéfice, je ne mange pas si je ne suis pas récompensé, et si je suis puni tant pis, ils finiront bien par craquer).
En fait, l'enfant va vivre son rapport à l'alimentation comme un défi, quelque chose de risqué, de dangereux, de menaçant (punition ou absence de récompense). Dans les cas extrêmes, cela peut contribuer au développement de troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie...).
• Si l'enfant a fini son assiette, rien de plus naturel. Il ne doit pas être récompensé pour cela.
• Si l'enfant ne veut pas tout manger, la punition est inutile. Il ne va pas se laisser mourir de faim. A un moment ou à un autre, il demandera à manger : vous lui réchaufferez son repas, ou le ferez patienter jusqu'au prochain, et refuserez évidemment de lui donner un biscuit ! Ne cédez en aucun cas.
10° - Le choix de l'enfant
L'enfant ne doit pas composer le menu, mais il peut donner son avis sur les quantités. Il aura ainsi l'impression positive de pouvoir influer sur le repas, qui ne lui sera donc plus imposé sans demander son avis. Il l'abordera dans un meilleur état d'esprit. Et instinctivement, l'enfant ressent ce dont il a besoin comme apports alimentaires.
Encourager un enfant à manger au-delà de ses besoins, forcer son appétit, expose à un risque de perturbation des signaux internes de la faim et de la satiété, et à une menace de prise de poids.
Les parents doivent proposer une alimentation variée et équilibrée, mais aussi répondre aux attentes de l'enfant, qui est en droit d'exprimer ses préférences, par exemple entre deux sortes de viande ou pour le mode de préparation des légumes. Le dernier mot revient aux parents, qui garderont toujours à l'esprit l'importance de l'alternance (du chou fleur hier, des carottes aujourd'hui, des épinards demain...), et que lorsqu'il s'agit de demander son avis à un enfant, la question n'est pas « Que voudrais-tu manger ce soir ? » (c'est beaucoup trop vague), mais « Tu préfères du poulet ou un steak haché ? ».