Pour qu’un enfant dise la vérité, inutile de le menacer
news
La menace d’une punition est contre-productive lorsqu’on veut pousser un enfant à dire la vérité, et plus précisément à reconnaître qu’il a menti.
C’est une expérience toute simple qui a été réalisée par ces psychologues de l’université McGill (Montréal). Quelque quatre cents jeunes enfants, âgés de 4 à 8 ans, y ont participé. Chacun d’entre eux est resté seul dans une pièce, dos à une table sur laquelle avait été posé un jouet. Ils ont reçu pour consigne de ne pas regarder l’objet après que l’adulte (l’instructeur) a quitté le local. La scène a été filmée pendant son absence, qui a duré une minute. A son retour, le chercheur a demandé aux enfants s’ils avaient tourné la tête pour jeter un coup d’œil au jouet.
• Les deux tiers (67%) n’ont pas respecté les instructions et ont regardé l’objet (les plus âgés ont eu davantage tendance à obéir).
• Parmi ceux-ci, les deux tiers (68%) ont nié avoir désobéi (les plus âgés étaient les plus susceptibles de mentir et de s’accrocher à leurs dénégations).
Phase deux : la tentative de leur faire avouer le mensonge et de reconnaître la vérité. C’est ici que cela devient intéressant puisqu’il s’avère que la menace de punition ne mène à rien, dans la mesure elle réduit considérablement la probabilité que l’enfant dise la vérité (il se braque).
Les meilleurs résultats sont obtenus soit quand on explique à l’enfant que le fait de reconnaître le mensonge rendra l’adulte content (les plus jeunes sont les plus sensibles à cette démarche), soit parce que cela le rendra lui-même heureux (les enfants plus âgés sont davantage convaincus). Et lorsqu’on ajoute une connotation menaçante à l’une de ces deux approches, retour à la case départ : l’enfant a tendance à ne pas céder.
Les chercheurs parlent d’incitation externe (l’autre) et interne (soi-même), avec un effet motivant. Si l’efficacité n’est pas garantie à 100%, ils indiquent néanmoins qu’elle est largement supérieure à celle de la menace.