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Delirium ou délire : confusion et désorientation chez les personnes âgées
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Le delirium ou délire est un état de confusion, de désorientation et de perte de mémoire qui touche particulièrement les personnes âgées. Contrairement à la démence dont l’évolution est lente et permanente, les symptômes du délire apparaissent soudainement et de manière transitoire. Toutefois, il n’est pas toujours évident à diagnostiquer. Comment reconnaître le délire ? Nous avons interrogé Kelly Sabbe, chercheuse à l’université d’Anvers et spécialiste du delirium.
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Qu’est-ce que le délire ?

© Getty Images
Le délire est un diagnostic médical décrit dans le DSM, le manuel diagnostique et statistique des affections psychiatriques. Il se caractérise par des changements soudains de l’attention et de la conscience, souvent accompagnés de désorientation spatiale et temporelle.
Le délire a une particularité : il se présente sous deux manifestations.
- Le delirium hyperactif : la personne est agitée, excitée et hyper alerte. Cette forme est souvent diagnostiquée en raison de ses symptômes marquants.
- Le delirium hypo actif : la personne est calme, renfermée et réagit peu. Ce type de délire passe souvent inaperçu, les symptômes étant plus discrets.
Il existe également une forme mixte de délire, marquée par l’alternance de symptômes hypoactifs et hyperactifs.
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Causes et facteurs de risques du délire
Le delirium peut être induit par différentes causes. « Le délire est fréquent dans les maisons de repos et de soins, car les causes sous-jacentes sont souvent présentes. Un âge avancé augmente le risque de délire. De nombreux résidents souffrent de maladies chroniques, qui constituent un facteur de risque intrinsèque. Les maladies aiguës et les facteurs environnementaux comme la douleur, une inflammation de la vessie, la déshydratation ou des changements de médication jouent également un rôle », explique Kelly Sabbe.
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Quels sont les symptômes du délire ?
Les symptômes du délire varient en fonction du type. Les symptômes du délire hyperactif peuvent inclure :
- une agitation physique : la personne fait preuve d’agitation physique. Par exemple, elle bouge constamment, elle gigote ou est incapable de rester tranquillement assise.
- des hallucinations : la personne voit ou entend des choses fictives, comme des voix ou des images étranges.
- une désorientation : le patient s’embrouille, elle ne sait plus où elles se trouvent ni avec qui. Elle ne sait plus se situer dans le temps.
Dans le cas d'un délire hypoactif, les symptômes peuvent être les suivants
- une diminution de l’attention : la personne réagit lentement ou paraît être en état de léhtargie.
- un repli sur soi : la personne est anormalement calme, évite les interactions sociales et semble se couper de son environnement.
- une apathie : la personne affiche peu d’intérêt ou d’émotion, même envers des événements qui sont importants en temps normal.
Les autres symptômes importants du délire sont les suivants :
- un changement brutal de personnalité (en cas de démence, il est progressif)
- une paranoïa, penser que les autres veulent leur faire du mal
- un stress et de l’angoisse
- des modifications brusques dans les habitudes de sommeil
- des changements soudains dans les habitudes alimentaires
La forme mixte du délire peut présenter des symptômes des deux affections. Il faut prêter attention à ces symptômes, surtout chez les personnes âgées, le délire étant souvent confondu avec la démence. « Le principal danger que représente le délire est qu’on n’en cherche généralement pas la cause sous-jacente, de sorte que les épisodes se succèdent », prévient Kelly Sabbe. « Or, le délire est réversible, contrairement à la démence, si on le dépiste à temps. »
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Delirium et démence : quelle est la différence ?
Le delirium se distingue de la démence de plusieurs manières. Le délire entraîne une confusion subite et temporaire, qui dure généralement de quelques heures à quelques jours alors que la démence est un processus lent et progressif de perte de la mémoire et des fonctions cognitives. En cas de délire, seule la mémoire à court terme est perturbée tandis que la démence entraîne une perte de mémoire à court comme à long terme.
Autre différence significative, les personnes en proie au délire changent souvent de comportement : elles sont désorientées et ont des hallucinations, des phénomènes plus rares aux premiers stades de démence. Le delirium provoque parfois un retour à des moments spécifiques du passé. Par exemple, lorsqu’elle est désorientée, la personne va évoquer des souvenirs de sa vie passée.
Que faire en cas de délire ?
Si vous soupçonnez qu’une personne souffre de délire, il est essentiel de faire appel à une aide médicale. Parallèlement, des mesures simples peuvent être mises en place :
Aider la personne à s'orienter : veillez à ce que la personne porte des lunettes ou un appareil auditif si nécessaire. Offrez-lui une horloge ou un calendrier pour l’aider à se repérer dans le temps.
- Communication : exprimez-vous par phrases courtes et claires et conservez votre calme.
- Environnement : créez un environnement sûr et paisible afin de diminuer les stimuli.
- Hydratation et alimentation : veillez à ce que la personne ingère suffisamment de nourriture et de boissons.
Face à une crise grave, contactez un médecin ou formez le 112. Si la personne se trouve en maison de repos et de soins, il n'est nécessaire d'appeler les services d'urgence que si la cause sous-jacente, telle qu'une infection, l'exige. Le médecin recherche la cause du délire, met en place un traitement approprié et suit le patient de près. L’environnement doit être adapté afin de faciliter le rétablissement. Il est crucial d’identifier et de traiter la cause du délire, pour prévenir toute rechute. « On prescrit souvent du haloperidol alors que les directives internationales recommandent de l’éviter, parce que le sevrage est très difficile », insiste Kelly Sabbe.
Prévenir le délire : conseils et prise de conscience
La prévention occupe un rôle crucial dans la gestion du delirium. Des mesures simples, comme l’amélioration de l’hydratation, le monitoring et l’adaptation de la médication ainsi que la mise en place d'un environnement calme peuvent déjà faire toute la différence. En outre, les prestataires de soins et les membres de la famille doivent connaître les symptômes et les facteurs de risques du délire, afin qu’il soit dépisté et traité à temps.
« Une meilleure prise de conscience et un dépistage systématique sont nécessaires », conclut Kelly Sabbe. « En collaborant et en partageant nos connaissances, nous pouvons améliorer la qualité de vie des personnes âgées et leur éviter des souffrances inutiles. »