- dossierQuelles solutions pour se libérer d’une addiction aux écrans ?
- dossierBigorexie : que faut-il savoir sur l'addiction au sport ?
- nieuwsComment reconnaître les émotions sur un visage
- nieuwsMal dans sa tête, très mal dans son corps
- dossierL’EMDR : une thérapie efficace et rapide pour soulager les traumatismes
Syndrome de Diogène : pourquoi cette incroyable accumulation d'objets ?
dossier Connu aussi sous le nom de syllogomanie, le syndrome de Diogène se caractérise essentiellement par une incapacité à jeter des objets sans valeur. Les personnes concernées accumulent tant de choses dans leur habitation qu’elles n’ont pratiquement plus de place pour y vivre et n’ont quasiment plus de vie sociale.
Les principales caractéristiques
Décrit pour la première fois en 1975 par un gériatre anglo-saxon, le Dr Clark, le syndrome de Diogène est connu du grand public à travers une de ses principales manifestations : la syllogomanie. Cette « thésaurisation pathologique » consiste à conserver une foule d’objets inutiles et le plus souvent sans aucune valeur marchande. Cela peut aller de dépliants publicitaires et de journaux à de la vaisselle, des vêtements... L’encombrement est parfois tel que les personnes ne savent plus se déplacer, elles doivent créer des chemins entre les différents amas de bric-à-brac et vivent dans une portion très limitée de leur logement. S’y associe souvent une mauvaise hygiène corporelle, mais cela n’a rien de systématique. Par contre on retrouve le plus souvent un déni de la réalité, un refus de toute aide extérieure et un fort isolement social.
Les spécialistes eux-mêmes ont du mal à dresser un portrait type des personnes présentant un syndrome de Diogène. On a longtemps pensé qu’il s’agissait essentiellement de femmes âgées et veuves. Mais même s’il est vrai que la fréquence et la sévérité du trouble augmentent avec l’âge, il peut se retrouver chez des personnes jeunes et le sexe masculin est lui aussi concerné. Il est très difficile d’établir des statistiques. Les données chiffrées sont rares car les études sont peu nombreuses. Une étude menée par le Dr Jean-Claude Monfort, l’un des spécialistes du sujet, évoquait 1,6 cas pour 10.000 habitants de plus de 50 ans à Paris en 2010.
Les facteurs prédisposants
Le syndrome de Diogène a fait son entrée en 2013 dans le DSM-5, le manuel de référence des troubles mentaux, dans la catégorie « troubles obsessionnels compulsifs ». Pour autant, pour le Dr Monfort, « le syndrome de Diogène n’est pas une pathologie mais un ensemble de comportements ou de symptômes allant à l’encontre des conventions sociales et pouvant conduire à des conditions de vie négligées, voire insalubres ». On ne retrouve une maladie psychiatrique sous-jacente que dans la moitié des cas.
Les autres facteurs explicatifs peuvent être des traumatismes durant l’enfant, un deuil, une séparation... On peut alors imaginer que l’accumulation provoque un sentiment de sécurité. Il semblerait que l’alcool soit un facteur aggravant.
La prise en charge
Les personnes présentant un syndrome de Diogène étant dans le déni, la prise en charge se fait le plus souvent suite à un signalement par des voisins insupportés par les mauvaises odeurs, par des problèmes de santé provoqués par l’insalubrité du logement, par un début d’incendie favorisé par l’accumulation de papiers...
L’accompagnement passe par la recherche d’une pathologie neurologique ou psychiatrique associée. Médecins et travailleurs sociaux doivent ensuite parvenir à tisser un lien de confiance avec la personne pour l’aider à prendre soin d’elle, à ne pas être expulsée, tout en lui permettant de vivre comme elle en ressent le besoin.
Syndrome de Diogène : entretien avec le Dr Jean-Claude Monfort from Département du Calvados on Vimeo.
Sources
• Rachida Bensliman. Le Syndrome de Diogène : tour d’horizon d’un point de vue scientifique. Communication orale lors du Colloque « Vigilance et bienveillance autour du Syndrome de Diogène » organisé parle CPAS de Forest le 8 mai 2018.