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La schizophrénie : causes, symptômes et traitements
dossier
Trouble sévère et chronique, la schizophrénie est une maladie mentale complexe dont les symptômes peuvent considérablement varier d'un patient à l'autre. Si les causes précises sont encore mal connues, les traitements ont beaucoup progressé.
La schizophrénie apparaît généralement à un âge jeune, entre la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte. Elle touche environ 1% de la population.
Elle se manifeste par une perte de contact avec la réalité. Cela ne signifie pas que la personne perd tout sens de la réalité, qu'elle vit dans un monde différent : on devrait plutôt parler de distorsion de la réalité, ou d'une partie de celle-ci. Une autre caractéristique concerne le fait que lors des phases aiguës, le patient n'a pas conscience de sa maladie (on parle d'anosognosie), ce qui complique son acceptation du diagnostic et son respect du traitement.
La plupart du temps, la personne schizophrène se comporte d'une manière apparemment normale, même si ses réactions peuvent paraître plus vives, plus intenses. La maladie prend en fait toute son ampleur lors de la phase aiguë.
Si l'intelligence proprement dite n'est pas affectée, la schizophrénie s'accompagne de troubles cognitifs, qui en constituent d'ailleurs souvent les premiers symptômes : altération de l'attention, de la mémoire, de l'apprentissage, du traitement de l'information, du sens de l'organisation, de la faculté d'anticipation...
Le terme schizophrénie provient du grec, et signifie « fractionnement de l'esprit ».
Les symptômes
Pendant cette période, l'existence personnelle, familiale et sociale est fortement perturbée : isolement, repli sur soi, refus de contact avec ses proches, auto-dépréciation, conviction que des forces supérieures se manifestent, sensation de persécution, impression d'être épié, sentiment d'être investi d'une mission supra-naturelle (divine)...
Parmi les symptômes les plus caractéristiques, on observe :
• un comportement chaotique
• des troubles de l'élocution
• des hallucinations (visuelles et auditives : on entend des voix)
• des propos incohérents
• des mouvements répétitifs, des grimaces
• de l'apathie...
On classe les symptômes en deux grandes catégories : positifs (en ce sens qu'ils s'ajoutent au fonctionnement normal d'un individu, comme les hallucinations) et négatifs (parce qu'ils traduisent un déclin des fonctions cognitives, comme le langage).
Les stades
La schizophrénie passe par des phases distinctes, bien identifiables, sachant que l'intensité des épisodes peut fortement varier d'une personne à l'autre.
La phase initiale
Il peut arriver que des mois, voire des années avant l'apparition effective de la maladie, l'entourage (parents, amis...) observe des modifications du comportement, qui devient étrange, intrigant, souvent de manière ponctuelle. L'inquiétude augmente peu à peu : « Quelque chose ne va pas », mais on est (très) loin de penser au développement d'une schizophrénie. La personne peut elle-même ressentir une anomalie, mais sans s'inquiéter davantage. La prise de conscience n'est que très progressive.
La première phase aiguë
Les troubles comportementaux se multiplient et se renforcent. Dans la plupart des cas, c'est à ce moment-là que les proches décident de demander une aide médicale et que le diagnostic est établi. Pendant cette phase psychotique aiguë, le patient est en situation de déni (involontaire) : il ne se considère pas comme souffrant. Ainsi, les hallucinations, les persécutions, les délires..., sont vécus comme des expériences réelles et ne présentent pas un caractère irrationnel. Une prise en charge psychiatrique, avec un suivi dans un environnement adapté, est indispensable, et le traitement (en particulier les médicaments) doit être poursuivi à vie.
L'évolution
Après la première phase aiguë, l'évolution peut être très différente selon les patients.
• Dans une petite minorité de cas, une rémission complète est observée, mais il est impossible de déterminer à l'avance qui appartient à ce groupe.
• La plupart des patients connaissent une évolution variable, marquée par des phases de rémission suivies de phases aiguës. Elles peuvent se succéder dans des délais très courts ou au contraire très longs (parfois plusieurs années). L'état d'un petit nombre de schizophrènes reste spontanément stable, alors que les autres régressent lentement. Tous présentent néanmoins une perte des aptitudes sociales, émotionnelles et mentales. Beaucoup de ces personnes souffrent de dépression, avec une tendance suicidaire.
• Pour 20% des schizophrènes, la situation devient à ce point critique qu'un accueil en institution spécialisée est nécessaire.
Les causes
• La génétique
La prédisposition génétique est bien documentée, mais elle ne suffit pas : d'autres facteurs doivent intervenir. Chez les jumeaux monozygotes (« vrais » jumeaux), le risque est 50% plus élevé si l'un des deux est schizophrène. Ceci démontre que la génétique crée la vulnérabilité, mais qu'elle ne peut pas expliquer à elle seule le développement du trouble.
• Le développement foetal
Une anomalie de développement au second trimestre de la grossesse est fortement suspectée. Il apparaît que lorsque les défenses immunitaires de la mère sont altérées, lorsqu'elle est victime de malnutrition ou d'un important choc émotionnel durant cette période, cela augmente significativement le risque que son enfant développe une schizophrénie.
• La fragilité
Elle peut être comprise comme une hypersensibilité et une capacité réduite à faire face aux événements. A l'adolescence, période particulièrement incertaine, trouble et tendue, le besoin de s'affirmer, de s'affranchir et de trouver sa voie peuvent engendrer un état émotionnel (très) perturbé. Une personne fragile confrontée à ces pressions peut céder psychologiquement, et devenir une sorte de spectateur de sa propre existence : « Je ne suis pas vraiment la personne que je suis. Je suis quelqu'un d'autre ». Le sujet n'est plus conscient de la réalité, il voit le monde autrement: « Ceci n'est pas le véritable monde, le réel est autre ». Le malade consacre moins de temps et d'énergie pour comprendre ce qui se passe autour de lui. Il s'investit moins dans les contacts sociaux, dans les relations avec ses proches... Il pense qu'ils ne le comprennent pas, il ne leur fait plus confiance, il se méfie, il se replie sur lui-même..., et atteint un seuil de décompensation psychotique : le patient se perd complètement dans sa maladie. Celle-ci se déclare comme on le sait à un âge jeune, celui où les premières pressions importantes apparaissent, lorsqu'on jette les bases de son avenir (travail, famille, nouvel environnement...).
• Le fonctionnement cérébral
La structure cérébrale du patient schizophrène présenterait des caractéristique spécifiques, en particulier en terme de connexions au sein des régions du cerveau et entre elles. On évoque des problèmes de connectivité, comme si les informations devaient emprunter des chemins plus longs, ce qui réduirait leur efficacité. Une composante infectieuse et inflammatoire est également évoquée, qui viendrait se greffer sur la vulnérabilité génétique.
• La situation familiale
La famille est profondément impliquée lorsqu'un de ses membres souffre de schizophrénie. Les proches ne sont évidemment pas une cause de schizophrénie. Par contre, il a été démontré que le contexte émotionnel influence la progression de la maladie : le risque d'aggravation est beaucoup plus important dans un environnement familial marqué par l'hostilité et la critique. A contrario, le soutien des proches favorise le bien-être du patient.
Les traitements
De nombreux facteurs contribuent au développement de la schizophrénie : il est nécessaire de les aborder dans leur ensemble et non pas isolément.
Les épisodes aigus sont traités par l'administration de médicaments, que le patient devra continuer à prendre par la suite. Des progrès importants ont été réalisés dans ce domaine. Une grande attention est également accordée à l'accompagnement psychologique du patient, à celui de sa famille, et à l'environnement social et professionnel.
• Les médicaments
Les antipsychotiques ne guérissent pas la maladie mais permettent de contrôler les symptômes psychotiques et d'améliorer des fonctions comme la mémoire, l'attention ou la prise de décision. Ils doivent être pris quotidiennement : l'abandon du traitement expose à un risque rapide et quasi inéluctable de rechute.
L'effet des antipsychotiques n'est pas garanti et il est impossible de déterminer à l'avance si un patient y répondra de manière optimale ou non. Les effets secondaires majeurs :
• tremblements
• raideur musculaire
• ralentissement des mouvements
• troubles moteurs, tics, contractions involontaires des muscles
• hyperactivité
• hypotension
• prise de poids
• dérèglement du cycle menstruel...
Ces effets indésirables conduisent de nombreux patients à abandonner le traitement. Or, lorsque celui-ci est bien suivi, le risque de rechute est faible. Par contre, l'arrêt des médicaments expose à une récidive quasi certaine, sachant qu'à chaque épisode aigu, l'efficacité du traitement diminue et, parallèlement, la gravité des symptômes augmente. De fait, il est fondamental que le traitement soit instauré tôt : les perspectives sont alors les plus favorables.
L'accompagnement psychiatrique
La prise en charge dans une unité psychiatrique permet d'encadrer et de suivre le patient de la manière la plus étroite possible. La psychothérapie aidera la personne à reprendre contact avec la réalité, à entretenir des contacts sociaux. On la réintroduit dans la société, notamment par le biais d'activités adaptées.
Le réapprentissage doit se faire progressivement, sinon il existe un énorme risque de déstabilisation et d'aggravation des symptômes psychotiques. Mais les stimulations doivent être suffisantes pour que le patient puisse se dégager de son introversion.
Pendant la phase de reconstruction, le soutien et l'encadrement sont essentiels afin de permettre au patient de prendre conscience de la réalité de son état, de le confronter à ses pertes de repères. Cela doit l'aider à retrouver une place dans la société, au sein de sa famille, de son cercle d'amis, dans le milieu professionnel, et ceci sans forcer ses limites.
L'après séjour en institut psychiatrique doit être bien préparé avec le patient, par étapes, sans le brusquer. Une phase d'acclimatation est nécessaire, et le soutien des proches est fondamental.
Les idées reçues
Cette perception, largement répandue, est fausse. Les schizophrènes ne vivent pas de dédoublement de la personnalité, mais leur personnalité présente des contours incertains : il n'y a pas de dissociation de l'esprit en plusieurs entités. Le phénomène de personnalités multiples est appelé trouble dissociatif de l'identité, lorsqu'au moins deux personnalités distinctes prennent le contrôle du comportement de l'individu, sans qu'il se souvienne du passage de l'une à l'autre.
• La violence
Les schizophrènes ne sont pas des criminels en puissance : ils ne sont pas plus violents. Au contraire, ils auraient plutôt tendance à se replier sur eux-mêmes. Pendant la phase psychotique aiguë, ils peuvent faire preuve d'une certaine agressivité, mais cela reste l'exception.
• Les médicaments
Les antipsychotiques ne contrôlent pas l'esprit. Ils peuvent causer un engourdissement des pensées et une hébétude, mais l'effet positif est précisément que le patient reprend le contrôle, par la suppression des hallucinations et des délires.