Orthosomnie : êtes-vous obsédé par la qualité de votre sommeil ?
dossier Une nuit de 8 heures sans réveil et assortie de belles et longues phases de sommeil profond : c’est le Graal que vous rêvez d’atteindre chaque nuit. Mais les data fournies par votre montre connectée affichent des résultats décevants, voire inquiétants. Résultat, vous angoissez au point de… ne plus en dormir de la nuit ! Vous souffrez d’orthosomnie, une forme d’insomnie causée par l’obsession du sommeil parfait.
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Qu’est-ce que l’orthosomnie ?
L’orthosomnie est un trouble du sommeil qui se caractérise par une obsession excessive de la qualité de son sommeil, ce qui finit par nuire à l’endormissement et au repos. Ce terme, relativement récent, a été inventé par la psychologue clinicienne Kelly Baron, professeur de médecine familiale et préventive à l'Université de l'Utah. Il provient du mot grec ortho (droit, correct) et somnie (sommeil), suggérant une volonté d'avoir un sommeil « parfait ».
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Quand les applications de suivi de sommeil vous empêchent de dormir la nuit

© Getty Images
L’orthosomnie est souvent liée à l’usage de technologies et d’applications de suivi du sommeil, comme les montres connectées. Aujourd’hui, les algorithmes des appareils connectés proposent des statistiques qui permettent :
- d’analyser la durée totale de votre sommeil, le temps passé dans les différentes phases du sommeil (léger, profond, paradoxal…),
- de vous donner un « score de sommeil » basé sur la qualité de votre sommeil,
- de fournir des données sur votre respiration ou votre rythme cardiaque durant la nuit.
En surveillant constamment ces données, les orthosomniaques développent une anxiété liée aux résultats qu’ils obtiennent. « Plus nous sommes attentifs à quelque chose, plus nous entraînons notre cerveau à s'en préoccuper », explique la spécialiste Kelly Baron. Cette inquiétude et ce stress vous empêchent alors de dormir correctement, entraînant un cercle vicieux d’insomnie auto-induite.
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Quels sont les symptômes de l’orthosomnie ?
L’orthosomnie n’est pas un trouble médical reconnu. Il n’existe donc pas de listes établies de symptômes. Mais les professionnels de la santé s’accordent sur les critères diagnostiques suivants :
- Anxiété et irritabilité liées aux résultats des trackers de sommeil,
- Confiance excessive dans les données récoltées par les appareils connectés,
- Besoin constant d'optimiser son sommeil,
- Difficulté à s’endormir malgré la fatigue,
- Réveils nocturnes fréquents,
- Réveils trop précoces,
- Sensation de sommeil non réparateur,
- Somnolence diurne,
- Problèmes de concentration ou de mémorisation.
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Conséquences et risques associés à l’orthosomnie

Les orthosomniaques ont tendance à accorder une confiance excessive aux données fournies par leurs appareils connectés, parfois même plus qu’au diagnostic fourni par leur médecin. Cela peut mener à des autodiagnostics et à une automédication potentiellement dangereuse : compléments alimentaires à base de mélatonine, somnifères, etc.
Certains tentent de corriger leurs cycles de sommeil coûte que coûte, au risque d’aggraver des troubles du sommeil existants. Avec pour conséquences potentielles une privation chronique de sommeil, l'augmentation du stress, l'irritabilité et la fatigue diurne.
Il est pourtant important de savoir que les données enregistrées et les applications sont rarement sans failles. « Aujourd'hui, les trackers de bonne qualité utilisent souvent des données multicapteurs (mouvements, variabilité de la fréquence cardiaque, etc). Ils ont donc fait de grands progrès en termes de précision. Mais tant que les capteurs ne mesureront pas réellement les ondes cérébrales comme nous le faisons dans une clinique du sommeil, ces données ne resteront que des estimations », explique Kelly Baron. Un médecin est donc le mieux placé pour réaliser une évaluation approfondie de votre cas afin de diagnostiquer tout trouble du sommeil et de recommander un plan de traitement personnalisé.
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Traitement de l’orthosomnie
Vous pensez être obsédé par votre sommeil ? Les experts recommandent de prendre du recul par rapport aux applications de suivi de sommeil. Voici leurs conseils :
- Réduisez l'utilisation de ces applications. « Si vous vous sentez frustré ou anxieux, c'est une bonne idée d'essayer de faire une pause dans votre suivi du sommeil », conseille Jennifer Mundt, spécialiste du sommeil et professeure à l'Université de l'Utah, « car l’anxiété est loin d’être propice à l’endormissement ».
- Lâchez prise sur les données et concentrez-vous sur votre ressenti. Une approche plus naturelle est parfois bien plus efficace pour un sommeil réparateur. Écoutez votre corps au lieu de vous appuyer uniquement sur des données chiffrées. « Le simple fait d’avoir besoin d'un réveil le matin peut être le signe que vous ne dormez peut-être pas assez ».
- Gérez le stress et l’anxiété via la relaxation ou la méditation.
- Gardez une bonne hygiène de sommeil. Couchez-vous à des heures régulières, n’utilisez pas d’écrans avant de dormir, aménagez un environnement propice au repos… « Le sommeil n’est pas quelque chose que l’on peut contrôler ou maîtriser. Mais vous pouvez faire en sortie de vous coucher dans de bonnes conditions ».
- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : cette forme de thérapie est utilisée pour traiter les troubles du sommeil, y compris l'insomnie.
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Y a-t-il des avantages à utiliser une application de suivi du sommeil ?
Utilisées raisonnablement, les applications peuvent vous permettre d’identifier les facteurs qui impactent la qualité de votre sommeil. Par exemple, vous pouvez remarquer que votre sommeil est perturbé les nuits où vous avez mangé tard, lorsque vous avez consommé de l’alcool ou lorsque vous n’avez pas fait d’exercices physiques de la journée. Vous pourrez alors adapter votre style de vie pour profiter de nuits presque parfaites.
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Sources :
https://www.sleepfoundation.org