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Trouble bipolaire : les patients à haut risque de suicide
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Le trouble bipolaire est associé à un taux important de suicide : certains patients sont bien à plus à risque que d’autres et il est crucial de les identifier tôt pour assurer un suivi encore plus étroit.
Le trouble bipolaire constitue l’une des maladies psychiatriques les plus sévères. Il se caractérise par une alternance de phases dépressives et de phases d’exaltation (dites maniaques ou hypomaniaques), entrecoupées de périodes pendant lesquelles on peut observer, chez certains patients, la persistance de problèmes comme les difficultés de sommeil, une hyper-réactivité émotionnelle et des troubles cognitifs.
Anciennement appelé psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire est associé à un taux important de suicide (11 - 19%). L’identification des personnes à risque de conduite suicidaire, et l’ajustement des stratégies thérapeutiques, représentent un enjeu majeur de la prise en charge. Une étude réalisée à l’initiative de la Fondation FondaMental (France) fournit des éléments qui permettront de mieux identifier ces patients, et qui reposent sur le concept de labilité affective. Celle-ci correspond à la fluctuation des affects (émotions) au cours du temps. Mais contrairement à l’alternance entre les épisodes dépressifs et maniaques qui s’installent sur la durée, la labilité affective se traduit par une variation très rapide des émotions, une propension à passer en un court laps de temps d’un état émotionnel à un autre.
Trois fois plus de risques d'idées suicidaires
Les chercheurs ont suivi pendant deux ans quelque 400 patients bipolaires, sans pensées suicidaires à l’entame.
Le résultat montre que les personnes avec une forte labilité affective ont trois fois plus tendance à présenter des idées suicidaires, et ce risque augmente parallèlement au degré de labilité affective. Certains sous-types sont « particulièrement prédictifs » de la survenue d’idées suicidaires :
• la propension à passer d’affects neutres à exaltés
• la propension à passer d’affects anxieux à dépressifs (et inversement)
• la propension à passer d’affects neutres à de la colère
Les auteurs expliquent que ces travaux démontrent l’impact de la labilité des affects sur la survenue d’idées suicidaires chez les patients bipolaires et ouvrent la voie à deux axes de recherche.
• La nécessité d’évaluer plus systématiquement la comorbidité borderline, dont la labilité affective est une composante forte.
• La réduction de la labilité affective comme nouvelle cible thérapeutique dans la prévention du suicide chez les patients bipolaires, sachant que dans cette perspective, les interventions basées sur le mindfulness apparaissent prometteuses.