Articles associés
Odeur de transpiration : une transplantation de bactéries ?
news
La mauvaise odeur aux aisselles concerne une proportion significative de la population. Les produits cosmétiques (déodorants) aident peu : pourquoi ne pas agir sur le microbiote ?
La mauvaise odeur axillaire (aisselles) « naturelle » doit être distinguée de l’hyperhidrose (sudation excessive), et évidemment de l’hygiène insuffisante. En fait, rappelle le Dr Daniel Wallach (Journal international de médecine), la sueur proprement dite n’a pas d’odeur. L’odeur désagréable est liée aux bactéries qui composent le microbiote axillaire, et qui dégradent une série de composants (acides gras, acides aminés soufrés, hormones…), avec dégagement de composés volatils et odorants.
Les bonnes bactéries contre les mauvaises odeurs
Ceci concerne les bactéries de l’épiderme, mais aussi - et surtout - celles situées dans les couches profondes de la peau (glandes, follicules…). Ces zones sont difficilement accessibles aux déodorants, dont l’action est essentiellement superficielle. Des bactéries associées aux odeurs ont été identifiées, et on sait ainsi que certaines favorisent les mauvaises odeurs (Staphylococcus hominis, Corynebacterium tuberculostearicum…), alors que d’autres agissent plutôt favorablement (Staphylococcus epidermidis, Propionibacterium acnes…).
Dans ce contexte, des chercheurs, comme ceux de l’université de Gand, explorent l’approche de la transplantation bactérienne. Le principe consiste à remplacer la communauté bactérienne présente sur et dans la peau par des bactéries plus « favorables », provenant de personnes (si possible des membres de la famille) dont l’odeur axillaire n’est pas mauvaise. Les « bonnes » bactéries qui auront pris le dessus sont capables de contrebalancer de façon durable le microbiote « à mauvaise odeur », explique le Dr Wallach. Des essais sont en cours pour valider la méthode. D’autres pistes portent sur l’incorporation dans les produits cosmétiques de probiotiques ou de prébiotiques, dans le but de rééquilibrer la flore axillaire, un objectif qui pourrait aussi être atteint par certaines substances biochimiques ou des extraits de plantes. Comme l’indiquent les spécialistes belges, « l’élimination/inhibition des bactéries néfastes et l’application/stimulation des bactéries souhaitables représentent une partie de l’avenir du traitement de la mauvaise odeur axillaire ».