Politique : nos choix déterminés par notre enfance ?
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Le constat est interpellant : les adultes qui ont grandi dans un environnement défavorisé seraient plus enclins à voter pour des candidats dominants, autoritaires.
L’étude a été réalisée en France par une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Comme l’explique en substance la revue médicale Le Généraliste, « dans la plupart des pays occidentaux, on assiste à une montée des partis autoritaires, ces attitudes se disséminant dans l’ensemble de la sphère politique. Si ce phénomène repose le plus souvent sur des facteurs contextuels, comme la crise économique ou la menace terroriste, les chercheurs ont tenté de déterminer si l’environnement pendant l’enfance jouait un rôle dans les choix politiques à l’âge adulte ».
Pour qui voteriez-vous ?
Les spécialistes de l’Inserm se sont inspirés de travaux antérieurs, qui ont montré que les attitudes politiques étaient liées à des préférences pour certains types de visage ou d’expression, et que de simples jugements sur le visage ou les postures des candidats permettaient de prédire les résultats d’élections. Les expériences ont consisté à demander à des participants d’exprimer leurs premières impressions sur des visages modélisés par ordinateur et calibrés pour représenter des personnes paraissant plus ou moins dominantes.
• Un premier test a réuni des enfants âgés de 7 ans, invités à choisir l’adulte qu’ils préféraient comme chef de groupe pour guider une expédition en montagne.
Résultat : les enfants vivant dans un milieu économique défavorisé penchent plutôt vers les individus paraissant plus dominants, plus autoritaires, alors que ceux de milieux plus favorisés s’orientent vers des personnages plus « sympathiques ».
• Il a ensuite été demandé à un millier d’adultes (représentatifs de la population française) de marquer leur préférence entre des hommes politiques fictifs, dont les visages étaient présentés par paires aléatoires. Question : « Pour qui voteriez-vous ? ».
Résultat : les personnes ayant vécu leur enfance dans un milieu défavorisé préféraient les visages autoritaires, et ceci quel que soit leur environnement socio-économique actuel. Le constat se vérifie aussi lorsqu’on demande de réagir (hors visage) à la phrase : « Je pense qu’avoir à la tête du pays un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ou des élections est une bonne chose ».
Autrement dit, avoir subi la pauvreté, et en tout cas des conditions de vie défavorables pendant l’enfance, est associé à une adhésion plus forte à des attitudes explicitement autoritaires (ce qui a été vérifié en menant des tests similaires à travers l'Europe). Ceci ne signifie pas que le lien est systématique - on parle de tendance -, mais ces données soulignent « l’importance des facteurs précoces dans la détermination des attitudes politiques à travers l’exemple de la pauvreté ».