Obésité : peut-on espérer atteindre un poids normal ?
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En cas d’obésité modérée et sévère, les chances de retrouver et de maintenir un poids normal sont particulièrement faibles. Des objectifs moins ambitieux sont plus accessibles.
Les participants à cette étude britannique (King’s College London), près de 200.000 au total (autant d’hommes que de femmes) âgés de plus de 20 ans, ont été suivis pendant plusieurs années (jusqu’à une dizaine pour une partie d’entre eux). Les uns présentaient une obésité modérée (IMC entre 30 et 35), les autres une obésité sévère ou morbide (35 – 40 ou au-delà). L’intention consistait à déterminer, sur base des dossiers médicaux, quelles étaient les probabilités qu’ils retrouvent et maintiennent un poids normal (IMC de 19 – 25). Aucun n’a bénéficié de la chirurgie bariatrique (chirurgie de l’obésité).
La nature et le degré des efforts réalisés pour perdre du poids étaient extrêmement variables : l’idée consistait à savoir si globalement, telle que la prise en charge est actuellement organisée, les personnes obèses pouvaient espérer réduire significativement leur poids, et se maintenir dans cette situation. Le résultat est peu réjouissant. En ce qui concerne l’obésité modérée, les chances de retrouver un poids normal et de le conserver - les deux conditions doivent être réunies - sont de 1 sur 210 pour les hommes et de 1 sur 124 pour les femmes, et la probabilité, pour l'obésité morbide, se réduit à 1 sur 1.290 pour les hommes et 1 sur 677 pour les femmes. Une perte de poids entre 5% et 10% (l’objectif premier recommandé) est beaucoup plus accessible : en cas d’obésité morbide par exemple, les chances se situent à 1 sur 8 pour les hommes et 1 sur 7 pour les femmes.
Le problème, c’est que non seulement l’amaigrissement est compliqué, mais après avoir perdu du poids, encore faut-il le stabiliser, ce qui échoue dans bien des cas. Comme l’expliquent les chercheurs, « ces données indiquent que les stratégies non chirurgicales se soldent par un échec chez la très grande majorité des personnes obèses. Au-delà d’un IMC de 30, retrouver un poids normal devient extrêmement difficile, tout comme le maintien de la perte de poids. De nouvelles priorités doivent être dégagées d’urgence dans le traitement de l’obésité, en ciblant l’approche personnalisée, la prévention de la prise de poids, et la stabilisation de la perte de poids chez ceux qui ont réussi à maigrir ».
Des conclusions qui montrent, en fait, à quel point les spécialistes sont désemparés face à ce problème majeur de santé publique, dont ils ne peuvent que constater l’ampleur, la gravité et la complexité…