Sucer son pouce et se ronger les ongles : on laisse faire ?
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Une étude affirme que le fait qu'un enfant suce son pouce ou se ronge les ongles après l’âge de 4 ans le protège contre les allergies. Vrai ?
Une équipe néo-zélandaise (université d’Otago) a avancé cette conclusion sur base du suivi régulier d’un millier de personnes qui ont subi un prick test (test d’allergie réalisé en piquant la peau) aux âges de 13 et de 32 ans. L’intention consistait à déterminer leur sensibilité à différents allergènes : acariens, poils (squames) de chat, chien et cheval, herbe, laine, moisissures... Les parents avaient indiqué si les participants avaient sucé leur pouce et/ou rongé leurs ongles entre 5 et 11 ans, ce qui était le cas avec certitude pour 31% d’entre eux, avec alors un transfert de microbes des mains vers la bouche, et peut-être le développement d’une protection par exposition (adaptation du système immunitaire).
Comme l’explique le Dr Jean-Marc Retbi (Journal international de médecine), le pourcentage d’enfants sensibilisés à 13 ans était significativement moins élevé parmi ceux qui s'étaient longtemps sucé le pouce ou rongé les ongles, et encore plus bas parmi ceux qui présentaient ces deux comportements. Après avoir ajusté ces données en tenant compte d’une série de facteurs (allaitement, allergie parentale…), il s’est avéré que ces habitudes réduisaient de plus d’un tiers le risque de sensibilisation à un ou plusieurs allergènes aux âges de 13 et de 32 ans.
Mais, mais… Quand on analyse encore plus finement, poursuit le Dr Retbi, seule l’association entre la succion du pouce et la sensibilisation reste significative à 13 ans (pas d’association significative entre la succion du pouce et les allergies à 32 ans, ni entre les ongles et les allergies à 13 et 32 ans), alors qu’en ce qui concerne les allergènes pris un par un, seul le lien avec les acariens paraît significatif. Par ailleurs, cette étude se base uniquement sur le prick test, qui traduit une sensibilisation, qui n’est pas forcément synonyme de manifestations cliniques (les symptômes), comme l’asthme et le rhume des foins. D’ailleurs, concernant ces deux affections, aucun lien manifeste n’est établi.
Que faut-il retenir ? « En fait, l’étude est peu convaincante », souligne le Dr Retbi. « Jusqu’à plus ample informé, les parents peuvent sans doute continuer à considérer la succion du pouce et le fait de se ronger les ongles comme des « mauvaises habitudes » quand elles persistent au-delà de l’âge de 4 ans », et même avant cela…