Hyperventilation : pourquoi il ne faut pas respirer dans un sachet
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En cas d’hyperventilation, de nombreuses personnes tentent encore aujourd’hui de se calmer en respirant dans un sachet en papier ou en plastique. Or, cette technique ne ferait qu’aggraver l’hyperventilation. Jos Jazie, thérapeute cognitivo-comportemental, travaille depuis de nombreuses années au Angstcentrum (Centre contre l’angoisse). Il nous donne son avis sur cette pratique.
Une étude sur l’inhalation de CO2
« Dès 1982, l’université de Maastricht a procédé à des études expérimentales à partir d’un test d’inhalation de 35% de CO2. Le CO2 est le gaz que nous expirons normalement », explique Jos Jazie. « Concrètement, on a administré une inhalation unique d’un mélange de 65% d’oxygène et de 35% de CO2 à une série de personnes souffrant de symptômes de panique. Résultat : ces cobayes ont été victimes de crises d’anxiété aiguës, accompagnées d’hyperventilation et de violents troubles physiques tels que des palpitations, des vertiges, des picotements dans les membres, une sensation d’irréalité... Ces symptômes sont typiques des crises d’angoisse. D’autres personnes, qui n’avaient jamais eu de crises, ont été soumises au même test mais n’ont présenté que peu de symptômes de panique, voire aucun. »
Selon Jos Jazie: « Les résultats, confirmés à plusieurs reprises en laboratoire, sont clairs : ce n’est pas un manque de CO2 (hypocapnie) mais plutôt un excès de CO2 (hypercapnie) qui peut déclencher une crise chez ceux qui souffrent d’un trouble de l’angoisse ».
Voir aussi l'article : Qu’est-ce que l’hyperventilation ?
Le mythe du sachet en plastique
Jos Jazie: « Soyons logiques. Si vous respirez dans un sachet, vous inspirez d’abord l’oxygène qu’il contient et vous expirez ensuite du CO2. Vous finissez donc par épuiser le stock d’oxygène du sachet, qui se remplit de CO2. Cela veut dire qu’à la longue, vous n’inspirez plus d’oxygène mais uniquement du CO2. Et vous avez le sentiment d’étouffer.
Poursuivons le raisonnement : imaginez que vous enfoncez un sachet en plastique sur la tête de quelqu’un. Cette personne va s’étouffer, puisqu’elle finit par respirer son propre CO2. Sa respiration va s’accélérer et la personne va finir par paniquer. Pourquoi devrions-nous donc respirer dans un sachet ? »
Les techniques de respiration ou les exercices de relaxation peuvent-ils être utiles ?
« Sachant que les personnes en proie à un trouble de l’angoisse ont tendance à « trop » surveiller leur respiration ou à « trop » y penser, je ne conseille pas de procéder à des exercices respiratoires. Le fait que les personnes souffrant de ce trouble accordent « trop » d’attention à une série de signaux corporels entraîne une autre question : pourquoi accorder encore plus d’attention au corps en prodiguant des exercices de relaxation ? Il vaudrait mieux se concentrer sur ce message : « apprenez à laisser votre corps et votre respiration en paix, votre corps vous laissera tranquille aussi. »
Comment peut-on traiter un trouble de panique (et l’hyperventilation) ?
« De nombreuses études scientifiques ont prouvé qu’une thérapie cognitivo-comportementale bien structurée constituait le premier choix en matière de traitement de la panique et de l’hyperventilation », conclut Jos Jazie.
Voir aussi l'article : Stress et hyperventilation: quels bienfaits de la cohérence cardiaque ?
Conclusions
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