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Regarder, voir, percevoir : trois verbes, trois déclinaisons d’un même sens, trois fonctions de la vision, intégrées de manière automatique par les voyants. Lorsque nous disons « je regarde la télévision », « je vois le champ de fleurs » ou « j’ai aperçu un éclair », il est rare que nous réalisions que nous évoquons en fait trois « sous-sens » différents de la vision. Le premier, exprimé par le verbe regarder, est intentionnel. Le second, qui correspond au verbe voir, est environnemental. Le troisième enfin, qui coïncide avec (a-)percevoir, littéralement « percer la vision », se réfère à l’urgence et à la sauvegarde.
Bien que ces trois niveaux de perception visuelle reposent sur le même organe, l’œil, et plus précisément la rétine, ces trois sous-sens peuvent être altérés différemment selon les maladies. En effet, qu’elles soient d’origine embryonnaire, génétique, métabolique, parasitaire, tumorale ou liée à l’âge, toutes les pathologies de l’œil ne l’affectent pas de la même façon, et leurs conséquences sur l’autonomie des personnes qui en souffrent peuvent être diamétralement opposées.
Certaines maladies altèrent le champ visuel périphérique, impactant la perception de l’environnement mais laissant intacte la capacité à regarder. D’autres, au contraire, affectent le champ visuel central, mais ont peu de répercussions délétères sur le champ visuel périphérique. D’autres encore dégradent l’ensemble du champ visuel. Enfin, certaines, heureusement rares, entraînent une cécité totale avec absence de toute perception lumineuse.
Afin d’accompagner aveugles et malvoyants vers plus d’autonomie, de communication et de partage, il est donc indispensable d’être sensibilisé au type de perte de capacité visuelle qui les atteint.
Comment fonctionne l’œil ?
Tapissant le fond de l’œil, la rétine est constituée de quelques 150 millions de cellules nerveuses photoréceptrices – l’équivalent des pixels de nos appareils photo numériques, dont le rôle est de capter les photons de la lumière. Ces cellules sont de deux types : les cônes et les bâtonnets.
Les cônes, minoritaires, sont essentiellement localisés au centre de la rétine. Ils sont peu sensibles aux contrastes, mais très sensibles aux couleurs. C’est eux qui permettent de regarder. Les bâtonnets, majoritaires, couvrent le reste de la rétine. Ils sont très sensibles aux contrastes et mouvements, mais pas aux couleurs ; ils permettent de voir dans la région péricentrale, et de percevoir jusqu’à 140° autour de l’axe visuel.
Lorsque des photons frappent la rétine, ses photorécepteurs libèrent des médiateurs chimiques. Ces molécules sont captées par d’autres types de cellules neuronales, situées elles aussi à l’intérieur de la rétine, au-dessus des cônes et des bâtonnets. Leur rôle est d’intégrer, de comparer et de structurer les médiateurs chimiques libérés par les photorécepteurs et transmettre ces informations aux quelques 2,4 millions de neurones dont les fibres axonales constituent les nerfs optiques.
Chaque fibre véhicule à peu près 15 informations par seconde, ce qui signifie que notre vision abreuve notre cerveau avec environ 36 mégabits d’information par seconde. Ce chiffre devient plus parlant quand on sait qu’il représente les trois quarts de toute l’information neurosensorielle générée par notre organisme !
Selon les types de tissus et de cellules qu’elles affectent, les maladies de la vision dégradent différemment la transmission de ces informations visuelles.