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Quand la maladie de Basedow affecte les yeux (orbitopathie basedowienne)
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La maladie de Basedow est une maladie auto-immune qui entraîne une hyperactivité de la glande thyroïde (hyperthyroïdie). Chez un tiers des patients, les yeux sont affectés, on parle d'orbitopathie basedowienne. Quand la maladie de Basedow affecte les yeux, le système immunitaire attaque les tissus de l’orbite qui s’enflamment et gonflent. À un stade avancé, les yeux paraissent exorbités (globuleux). Sans traitement, la vue peut être affectée.
Les formes sévères requièrent souvent un traitement de plusieurs années, traitement composé de médicaments et parfois de rayons et/ou d’une ou plusieurs opérations. Actuellement, les progrès médicaux permettent d’éviter la cécité, pour autant que le traitement soit entamé à temps.
Qu’est-ce que l’orbitopathie basedowienne ?

© Getty Images
Lorsque la maladie de Basedow affecte les yeux, on parle d’orbitopathie basedowienne. Cette forme de la maladie se caractérise par une inflammation des tissus de l’orbite. Comme toute autre inflammation, elle provoque un gonflement, une rougeur et des douleurs oculaires. La phase d'inflammation aiguë est généralement suivie d'une phase de cicatrisation.
L’inflammation touche essentiellement les muscles oculaires et les tissus graisseux de l’orbite. Lorsqu’ils gonflent, ils exercent une pression accrue sur l’orbite. Les paupières gonflent à leur tour et les yeux deviennent exorbités. Si l’inflammation touche les muscles des yeux, elle peut affecter leur fonctionnement et le patient risque de voir double.
Bien que l’œil lui-même ne soit pas touché au début, il peut être affecté à un stade ultérieur de la maladie : la réaction inflammatoire peut bloquer l’œil et, en particulier, le nerf optique. Si ce dernier est coincé par les tissus gonflés, cela peut entraîner la cécité.
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Maladie de Basedow, une hyperthyroïdie auto-immune
L’orbitopathie basedowienne est étroitement liée à la maladie de Basedow (ou Graves-Basedow) qui est une maladie auto-immune de la thyroïde. 80% des personnes souffrant d'orbitopathie basedowienne ont une thyroïde trop active (hyperthyroïdie), 10% présentent une thyroïde trop lente (hypothyroïdie) et seulement 10% ont une thyroïde qui fonctionne normalement. Il est donc possible d’attraper une orbitopathie basedowienne, même si vous n’avez aucun problème thyroïdien.
Une maladie thyroïdienne peut précéder ou suivre la maladie de Basedow mais les deux affections surviennent généralement de concert. Un faible pourcentage des patients atteints de la maladie de Basedow souffre également de gonflements rouges et douloureux aux tibias (dermopathie infiltrante).
Facteurs de risques de l’orbitopathie basedowienne
Une série de facteurs augmente le risque d’attraper une orbitopathie basedowienne :
- Sexe : les femmes sont plus exposées que les hommes à la maladie de Basedow et à l’orbitopathie basedowienne.
- Age : l’orbitopathie basedowienne survient plus souvent entre 40 et 50 ans.
- Autres affections : la présence d’une autre maladie auto-immune accroît le risque de développer la maladie de Basedow.
- Famille : des antécédents familiaux augmentent le risque.
- Tabagisme : il aggrave sensiblement le déroulement de la maladie. Il est donc essentiel de renoncer au tabac pour contrôler les symptômes.
- Stress : il peut être un facteur déclenchant de la maladie de Basedow ou de son aggravation.
Voir aussi l'article : Tout ce qu’il faut savoir sur les maladies auto-immunes
Symptômes de l’orbitopathie basedowienne
Symptômes au stade initial :
- Gonflement des paupières et des orbites
- Yeux rouges et douloureux
- Brûlure, comme si l’œil était rempli de grains de sable
- Yeux fragiles, qui larmoient vite (vent, air conditionné, etc.)
- Sensibilité à la lumière (le soleil irrite l’œil)
- Vue trouble
Symptômes à un stade ultérieur :
- Rétraction des paupières supérieures et/ou inférieures : l’inflammation peut entraîner un raccourcissement des muscles actionnant les paupières. Les supérieures remontent trop tandis que les inférieures sont trop basses. Le patient adopte un regard effrayé et ne parvient pas toujours à refermer complètement les yeux.
- Yeux exorbités (globuleux) et écarquillés : Ce phénomène est dû au gonflement des muscles et de la graisse des orbites. Le contenu des orbites est littéralement poussé en avant.
- Diminution de l’acuité visuelle.
Dans les cas graves, le gonflement des tissus peut entraîner une protubérance qui place le nerf optique sous tension. Le phénomène peut diminuer l’acuité visuelle et rétrécir le champ de vision. Parfois, le patient ne le remarque que quand sa cécité nocturne s’aggrave ou qu’il conduit dans le brouillard. Les yeux éprouvent des difficultés accrues à distinguer les panneaux de circulation, les bords des trottoirs et les obstacles. L’aggravation de l’ensemble des symptômes peut empêcher le patient de conduire ou de rouler à vélo. - Vue double (diplopie) et réduction des mouvements oculaires.
La réaction inflammatoire fait gonfler les muscles oculaires et réduit leur mobilité. Le muscle qui tire l’œil vers le bas est le plus fréquemment touché. Cela peut entraîner un strabisme ou une diplopie. On voit double quand les mouvements des deux yeux ne se produisent plus simultanément. Parfois, le phénomène ne survient qu’en cas de fatigue, par exemple à force de lire les sous-titres d’un programme TV. Par la suite, il se manifeste quand on regarde dans certaines directions - regarder de côté devient difficile lorsque vous conduisez ou faites du sport. Il peut devenir impossible de lire ou de conduire.
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Evolution de l’orbitopathie basedowienne
La maladie comporte une phase active et une phase inactive. Même sans traitement, la phase active se transforme en phase inactive, durant laquelle vous avez moins ou pas de problèmes d'yeux exorbités, de vision double, etc. La durée de la phase active varie d'un patient à l'autre, mais elle peut durer plusieurs années. Une fois la maladie des yeux guérie, le risque de récidive est faible.
- Durant la phase active, les yeux sont rouges et douloureux et les symptômes s’aggravent. Au bout de quelques semaines, ils n’évoluent plus, sans qu’il y ait amélioration de l’état.
- Durant la phase inactive, le patient peut encore présenter un gonflement des paupières, des yeux exorbités et voir double mais la rougeur disparaît et la maladie n’évolue pas. Durant cette phase, un traitement anti-inflammatoire n’a plus aucun sens. Une correction des paupières ou du muscle oculaire peut être envisagée pour des raisons esthétiques ou pour le confort de la personne.
Traitement de l’orbitopathie basedowienne : opération ?
L’effet néfaste du tabagisme sur l’orbitopathie basedowienne est démontré. Il est donc vivement conseillé de renoncer au tabac.
L’orbitopathie basedowienne requiert également une approche précise, afin d’améliorer la fonction thyroïdienne et la santé oculaire. Il existe plusieurs possibilités de traitement :
- Optimisation de la fonction thyroïdienne. Un fonctionnement stable de la thyroïde est essentiel. L’hyperthyroïdie comme l’hypothyroïdie peuvent aggraver les symptômes de la maladie de Basedow. Les traitements endocriniens se concentrent donc sur la normalisation de la thyroïde.
- Cure de sélénium. Une cure de six mois de sélénium peut atténuer la réaction inflammatoire. Les effets positifs de cette cure restent visibles jusqu’à six mois après la fin du traitement.
- Hydratation des yeux. L’exophtalmie (protubérance des yeux) et le gonflement des paupières peut empêcher de fermer les yeux. Les pommades et larmes artificielles maintiennent l’hydratation des yeux et évitent toute irritation
- Utilisation de prismes. Si vous souffrez d’une vision double, un prisme de Fresnel apposé sur les lunettes peut vous soulager. Un orthoptiste effectue les mesures nécessaires. Si le problème persiste, on peut envisager une opération des muscles oculaires.
- Radiothérapie des orbites. La radiothérapie peut être une option durant la phase active, en présence de symptômes sévères. Le radiothérapeute discute avec vous du déroulement du traitement.
- Décompression orbitale. L’opération consiste à prélever des tissus graisseux et des particules osseuses de l’orbite pour dégager celle-ci et donc réduire le gonflement oculaire.
- Opération contre le strabisme. La vision en double est provoquée par des muscles trop raides. Le chirurgien peut déplacer ces muscles afin d’améliorer la vue.
- Extension des paupières. Si les paupières ne se ferment plus complètement, une extension peut s’avérer nécessaire, pour permettre une fermeture complète et réduire le ronflement.
- Blépharoplastie. La blépharoplastie est une intervention esthétique qui consiste à prélever les peaux et les graisses superflues des paupières. L’opération confère un regard plus frais et réduit les symptômes liés à des paupières trop lourdes.
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Sources :
https://www.aao.org
https://www.uzleuven.be
https://www.oogartsen.nl
https://www.oogartsen.nl