Témoignage sur l’hypersensibilité : « Chaque stimulus me frappe de plein fouet »

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news On ne peut plus ouvrir un magazine ou entrer dans une librairie sans être bombardé d'articles et de livres sur l'hypersensibilité. Une grande partie de cette « littérature » traite la sensibilité élevée comme un trouble, voire une pathologie. Isabelle (45 ans) a voulu corriger cette idée reçue et témoigne de la façon dont elle vit la haute sensibilité, comme un trait de caractère et ni plus ni moins que cela.

« J'ai l'impression que je n'ai vraiment appris à me connaître que depuis le jour où j'ai lu pour la première fois sur « l’hypersensibilité » ou HSP (Highly Sensitive Persons). À l'époque, on n'en parlait pas autant qu'aujourd'hui. C'est plutôt par hasard, via une publication sur Facebook, que je suis tombée sur le terme, et cela a été une véritable révélation. Tout d’un coup, un seul mot reprenait beaucoup de sentiments et de frustrations. Il y avait un terme pour ce que jusqu’alors je ne pouvais décrire que comme « un sens supplémentaire » ou « une surstimulation facile ». Non pas que je sois fan du mot. Je le trouve un peu pompeux, alors que, pour moi, c'est juste un trait de caractère ou une caractéristique. Un introverti n'est ni meilleur ni moins bien qu'un extraverti. Le monde a besoin de toutes sortes de personnes. »

Pourquoi vous êtes-vous sentie mieux une fois que vous avez pu nommer ce que vous viviez ?

« Peu de choses changent une fois que l'on peut mettre un mot sur une situation. Tout comme un diagnostic ne guérit pas la maladie, je me débattais toujours avec les mêmes pensées et sentiments qu'auparavant. Mais je pouvais mieux les situer. J'avais trouvé une raison et cela me donnait un peu plus de tranquillité d'esprit. »

De quel genre de pensées et de sentiments parlez-vous ?

« Le fait de très bien sentir les gens est quelque chose qui me caractérise. Dans mon travail, cela m'a souvent aidée. Lors d'une présentation, je peux facilement déterminer qui constitue mon public et qui doit être conquis, sans avoir à utiliser beaucoup de mots. Je peux sentir l'humeur ou l'état d'esprit de quelqu'un très rapidement. Cela a aussi son inconvénient, car j'ai beaucoup d'empathie pour les autres. Donc si quelqu'un est triste, je ramène ce sentiment à la maison avec moi. C'est aussi la raison pour laquelle je ne peux pas regarder des films ou des séries trop intenses. Je me laisse tellement emporter par eux que je suis encore engourdie par la tension et l'émotion dans les jours qui suivent.

« Une autre chose qui me caractérise : je vois et j'entends presque tout. Je ne peux pas filtrer les sons et les images. J'observe tout ce qui se passe à 360 degrés autour de moi. C'est très fatigant. Chaque stimulus me frappe de plein fouet. C'est pourquoi vous me verrez rarement dans un festival ou un grand concert. De telles expériences me fatiguent énormément. Je trouve même qu'une fête dans ma propre maison est épuisante. Si je suis entourée d'un grand nombre de personnes pendant quelques heures, que je dois m'assurer que tout le monde est content et que l'on attend de moi que je me pavane joyeusement, cela me bouffe complètement l'énergie. Ce genre de soirée se termine généralement dans les larmes, après que le dernier invité a fermé la porte derrière lui.

« Les soirées entre amis ont toujours un effet terrible sur moi. Là où d'autres personnes s’effondrent tranquillement dans leur lit après avoir passé un bon moment, je continue à rejouer la soirée dans ma tête : pourquoi cette personne a-t-elle dit ceci et cela, ai-je répondu de manière appropriée à cette déclaration… Comme si je devais toujours rendre des comptes au critique qui est en moi. »

Vous rendez l’hypersensibilité particulièrement épuisante !

« C'est vrai, dans mon cas, ça l'est. Mais une fois que j'ai réalisé que toutes ces perceptions étaient liées et d'où elles venaient, j'ai pu mieux y faire face. J'ai lentement commencé à changer certaines choses dans ma vie et je reconnais plus rapidement les signaux de surstimulation. Je me suis résignée aux limites que mon caractère m'impose, mais j'apprécie également les possibilités que ma haute sensibilité m'offre chaque jour. Trouver cet équilibre, c'est de ça qu’il s'agit. Mais n’en va-t-il pas ainsi de tout dans la vie ? »

auteur : Annemie Vandeweerdt - journaliste santé

Dernière mise à jour: juin 2021

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