Pourquoi l’école devrait commencer plus tard le matin
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L’école doit-elle commencer plus tard le matin pour tenir compte du biorythme des écoliers ? D’après de nombreuses recherches néerlandaises, anglaises et américaines, commencer l’école trop tôt serait une cause majeure de la privation et de la mauvaise qualité de sommeil chez les enfants de 10 à 18 ans. Démarrer plus tard devrait en outre contribuer à de meilleurs résultats scolaires.
Suite à ces études, certains pays parmi lesquels l’Angleterre et les Pays-Bas ont expérimenté un horaire plus tardif dans certaines écoles secondaires. Aux États-Unis, un certain nombre d’organisations médicales importantes (pédiatres, psychologues, spécialistes du sommeil...) ont récemment lancé des appels pour que l’école secondaire ne commence pas avant 8 h 30 et de préférence plus tard. Selon le Centre US de contrôle et de prévention des maladies (CDC), commencer plus tard peut améliorer la santé et les performances scolaires. En Belgique aussi, des voix s’expriment dans ce sens.
Quelles explications ?
Il y a plusieurs raisons en faveur d’un commencement plus tardif de la journée scolaire.
Selon de nombreuses études, une journée scolaire qui commence tôt est cause de privation et de mauvaise qualité du sommeil chez les enfants, en particulier du secondaire. De plus, les élèves obtiennent de moins bons résultats aux tests lors de la première heure de cours (jusqu’à une différence de 0,5 point sur 10) que lors de la quatrième et de la sixième heures.
• Ce phénomène serait lié au changement du rythme du sommeil au début de la puberté : là où la plupart des jeunes enfants ont un « rythme du matin » – ils vont se coucher tôt et se réveillent tôt -, à la puberté, ils évoluent, à des degrés divers, vers un « rythme du soir » – ils s’endorment plus difficilement le soir et se réveillent plus difficilement le matin. Ce décalage du rythme veille - sommeil est d’environ deux heures en moyenne. Ce phénomène ne concerne pas tous les enfants de manière égale et il toucherait davantage les garçons que les filles.
• Ceci est probablement lié également à la libération de mélatonine, hormone du sommeil. La quantité de mélatonine diminue considérablement à partir de 13 ans et sera maximale plus tard dans la nuit que chez un adulte : pas autour de minuit mais entre 2 et 4 heures du matin. Les ados sont donc moins vite fatigués le soir mais ils ont plus de mal à sortir du lit le matin.
Il se peut que le développement du cerveau joue également un rôle : entre 18 et 25 ans, le lobe frontale est encore en développement. Vers l’âge de 20 - 25 ans, soit au moment où le cerveau est développé, la fatigue arrive plus tôt.
• En raison de la modification de leur biorythme, se coucher tôt ne réussit pas à beaucoup d’adolescents : avant environ 23 h, ils ne peuvent pour la plupart pas d’endormir.
• Cela conduit inévitablement à un manque de sommeil. La plupart des adolescents ont besoin d’environ 8,5 à 9,5 heures de sommeil par nuit pour être suffisamment reposés. S’ils s’endorment vers 23 h, ils devraient pouvoir dormir jusqu’à 7 h 30 à 8 h 30. Or, la recherche montre que, même dans notre pays, environ 25 à 50% des adolescents de 15 à 18 ans souffrent d'un manque chronique de sommeil.
Que peut-on en conclure ?
• Un grand nombre de recherches scientifiques montrent de façon convaincante que commencer l’école à 8 h 30, et mieux encore plus tard, permet une augmentation moyenne de 45 à 60 minutes de la durée de sommeil. Le nombre d’élèves qui dormiraient plus de 8 h par nuit augmenterait ainsi de moitié.
• Selon les mêmes études, il semble également que les élèves seraient de la sorte moins somnolents, plus alertes, plus en forme et plus performants.
• Plusieurs chercheurs plaident pour qu’on évite les matières les plus exigeantes (comme les mathématiques) et les tests lors de la première heure du matin et qu’on les réserve à la fin de la matinée, afin de donner les mêmes chances à chacun.
• Il est en outre important d’aborder d’autres facteurs qui influent sur la durée et la qualité du sommeil des adolescents. Notamment l’effet néfaste de l’exposition à la télévision, à l’ordinateur, à la tablette et au smartphone aux heures précédant le coucher.