Automutilation : un risque réel pour les filles en surpoids
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Les adolescentes présentant un excès de poids s’exposent à un risque accru d’automutilation, une pratique permettant d’extérioriser leur souffrance émotionnelle.
L’automutilation n’est pas un phénomène rare chez les ados, puisqu’elle concernerait environ 10% de cette population. Une étude conduite en Finlande a exploré le lien entre les pratiques d’automutilation et le surpoids dans ces tranches d'âge. Quelque 500 garçons et filles, de 12 à 17 ans, ont été inclus dans ces recherches. Tous avaient été accueillis dans un service d’urgence psychiatrique, pour des raisons diverses. Un tiers des patients, environ, souffrait d’un excès de poids. Parallèlement à l’automutilation, les spécialistes se sont également intéressés aux idées suicidaires et aux tentatives de suicide.
Le résultat est sans appel : l’excès de poids augmente de manière (très) significative le risque d’automutilation, mais uniquement chez les adolescentes, puisqu’aucun lien n’a été trouvé chez les garçons. Aucune association, quel que soit le sexe, n’a été démontrée entre le surpoids et les pensées suicidaires.
L'importance de la silhouette
Ainsi que l’explique le Dr Roseline Péluchon (Journal international de médecine), « les auteurs estiment qu’une grande partie de l’explication réside dans l’importance accordée à la silhouette de la femme dans nos sociétés, alors que cela est beaucoup moins le cas pour l’homme. Les jeunes filles en surpoids se trouvent de ce fait en proie à une détresse psychologique, à des problèmes émotionnels, voire au désespoir. Ces sentiments négatifs peuvent se traduire par des pulsions d’automutilation. Ce serait pour elles une manière d’exprimer et d’extérioriser un poids émotionnel insupportable, et de trouver une façon personnelle de canaliser ce trop-plein d’émotions ».
Mais cette composante psychologique n’explique pas tout, sachant en particulier, notent encore les chercheurs, l’absence de lien entre le surpoids et les idées suicidaires. Ils avancent dès lors l’hypothèse que des facteurs métaboliques spécifiques pourraient intervenir dans la neurobiologie des pratiques d'automutilation.