La sexualité après l’accouchement

dossier Quel délai le couple doit-il s’accorder après l’accouchement avant d’entretenir à nouveau des relations sexuelles ? A quoi convient-il de prêter attention ? Comment surmonter les obstacles physiques et psychologiques ? Les réponses à vos interrogations.

Après l’accouchement, durant combien de temps la femme doit-elle éviter d’avoir des relations sexuelles ?

Il convient d’abord de préciser ce que l’on entend par « relation sexuelle ». De fait, rien ne s’oppose aux câlins, aux manifestations de tendresse, qui sont même fortement recommandés afin que le couple, par ces expressions physiques, crée un climat de sérénité et de confiance. Autre chose est le rapport sexuel avec pénétration.

Etant donné les répercussions de l’accouchement sur la sphère génitale, il est classiquement recommandé d’attendre entre un et deux mois avant de reprendre progressivement une vie sexuelle complètement active. Mais il n’y a pas de norme absolue : cela peut prendre moins de temps pour les uns, beaucoup plus pour les autres.

Pourquoi faut-il de toute façon attendre quelques semaines ?

D’abord, pour des raisons d’ordre physique. Examinons-les.

Les saignements. Après l’accouchement, la femme saigne pendant encore un certain temps, et il est nécessaire d’attendre que les saignements cessent.
La cicatrisation. Il faut s’assurer qu’elle soit complète, après une épisiotomie, une déchirure du périnée, et évidemment une césarienne.
Les douleurs. La zone périnéale a été particulièrement sensibilisée, voire meurtrie, par l’accouchement. Dans ces circonstances, « forcer » le rapport sexuel n’a pas de sens, et risque d’ailleurs d’engendrer des répercussions psychologiques très négatives par la suite, en raison d’un « blocage » du désir. En cas de césarienne, la femme peut aussi redouter – avec raison – le poids du corps de son partenaire sur son abdomen.
L’infection. Le col de l’utérus s’est considérablement dilaté durant le travail. Il ne se rétracte pas complètement dans l’immédiat. Les rapports sexuels s’accompagnent alors de risques d’infection, dans la mesure où les microbes ont un accès direct vers l’utérus.

Est-il normal qu’une femme n’ait pas envie de faire l’amour après avoir accouché ?

Absolument. Il s’agit d’ailleurs d’une réaction qui repose sur un processus purement physiologique. Premier point : après un accouchement, la production d’œstrogènes diminue sensiblement. Ceci conduit notamment à une sécheresse vaginale et une baisse notable du désir sexuel.

Il en va de même en ce qui concerne l’action de la prolactine, une hormone qui stimule la production de lait, mais inhibe l’envie sexuelle. Il est à noter que ce « blocage » est surtout manifeste durant les trois premiers mois d’allaitement, puis s’atténue au fur et à mesure que la fabrication de prolactine s’affaiblit. La mise au monde de l’enfant, avec son incidence sur les structures nerveuses, sanguines ou encore musculaires, induit également une perte de sensibilité dans la région vaginale et périnéale.

La femme peut ressentir un « blocage » psychologique. Est-il durable ?

Plusieurs éléments entrent en ligne de compte. Détaillons-en quelques-uns.

• Certaines femmes se sentent mal dans leur corps, en particulier parce qu’elles se trouvent trop grosses, elles n’aiment pas la forme de leurs seins, elles abhorrent leur ventre, elles se plaignent de leur teint de peau... Ces mamans doivent reconstruire une image positive, attirante, désirable d’elles-mêmes, ce qui peut prendre du temps.
La dépression post-natale joue un rôle particulièrement négatif sur le plan sexuel : l’envie est absente.
La fatigue est un facteur crucial, qui se manifeste tant sur un plan physique que psychologique.
• Le bébé accapare toute l’attention de la mère, elle ne pense qu’à lui, il prend « toute la place » dans son existence, de jour comme de nuit. La maman doit trouver son rythme. Il est important de s’accorder des plages privilégiées avec le papa. Sans pour autant devoir nécessairement passer à l’acte sexuel, les moments de sensualité non seulement détendent la femme, mais recréent peu à peu des liens intimes avec le partenaire.

Comment va réagir le père ?

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A l’instar des réactions propres à chaque femme, l’attitude des papas varie considérablement de l’un à l’autre. Ceci étant, il est possible de dégager quelques « profils-types », qui peuvent évidemment s’entrecroiser.

• Le père ne considère plus sa compagne comme une partenaire, comme une amante, mais comme une mère au sens strict. Dans cette situation, son désir sexuel peut baisser considérablement, voire complètement s’éteindre.
• Le père peut ressentir de la jalousie à l’égard de cet enfant auquel la mère consacre tout son temps, toute son attention, toute son énergie. Le rythme de vie du papa, ses priorités, ses préoccupations sont également chamboulés. Il peut se sentir mal à l’aise par rapport à l’enfant, et/ou dans son rôle de père. Les relations sexuelles peuvent alors traduire une volonté de « reprendre » sa compagne, et parfois d’entrer en compétition inconsciente avec la place tenue par le bébé.
• Le fait d’avoir assisté à l’accouchement perturbe – parfois considérablement - certains hommes.
• Le père manifeste une attirance physique très forte pour la maman, dont il aime les formes développées durant la grossesse, le volume pris par les seins, son épanouissement lié au bonheur d’avoir mis au monde un bébé…
• Un premier rapport sexuel intervenu quelques temps après l’accouchement s’est mal passé, par exemple parce que la maman a ressenti des douleurs, ou n’a pas exprimé de plaisir. Le père peut se bloquer, et ne plus oser suggérer à sa partenaire de faire l’amour.

Quand faut-il commencer à s’inquiéter ?

Il faut laisser du temps au temps, en tout cas. Même si les relations sexuelles interviennent relativement rapidement, il est souvent nécessaire d’attendre de longs mois avant de retrouver l’envie et l’entrain d’avant la grossesse. Cela ne signifie que cette période soit « stérile » : elle permet de redécouvrir le corps et les besoins de l’autre, voire de les… découvrir, tant la naissance d’un enfant induit des bouleversements physiques et psychologiques.

Ceci étant, si le couple sent que la situation stagne, et que cela commence à susciter de réels problèmes relationnels, il sera alors utile de se tourner vers un sexothérapeute, qui aidera les partenaires à reprendre confiance, à se retrouver. Notons aussi que l’envie peut être bien présente, mais les douleurs persistent : le gynécologue est le mieux placé pour agir.

Existe-t-il des astuces pour aider à surmonter les différents problèmes sexuels engendrés par l’accouchement ?

Oui, et en voici quelques-unes.

Les lubrifiants peuvent s’avérer d’une grande utilité contre la sécheresse vaginale.
• Lors du rapport sexuel, la femme peut adopter la position « dessus », qui lui permet de mieux contrôler la situation et s’assurer qu’elle ne ressent pas de douleur.
• La maman hésite parfois à entretenir des relations sexuelles de peur de réveiller le bébé ou d’être interrompue par ses pleurs pendant l’acte. Pourquoi ne pas s’isoler en couple durant quelques heures, et ne pas craindre de confier l’enfant à un proche ?
• Le premier rapport après l’accouchement peut être une source de stress, d’anxiété, de tension. Il doit être préparé avec douceur, ne pas être précipité, conclure un dîner aux chandelles, suivre un bon bain… Dans cet ordre d’idées, sans doute convient-il, lorsque le désir revient en force, de ne pas directement passer à l’acte, mais de partager dans un premier temps des câlins et des caresses.
• Les exercices visant à remuscler le périnée sont indispensables.
• Et surtout, pour recouvrer ses forces, la maman doit bien prendre soin d’elle, avec le soutien du papa !



Dernière mise à jour: janvier 2024

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