La sexualité souffre-t-elle de la crise ?
news
Les comportements sexuels ont évolué au cours des dix dernières années : la fréquence des rapports est en berne. Ceci étant, le nombre de partenaires augmente.
C’est ce qui ressort d’un vaste sondage réalisé en Grande-Bretagne. Les résultats majeurs, et en tout cas les tendances, peuvent sans doute être extrapolés aux autres pays européens. L’enquête a porté sur un panel de quelque 15.000 personnes, âgées de 16 à 74 ans. Les deux précédentes avaient eu lieu en 1990 et en 2000.
Quelles sont les principales conclusions ?
• Le rythme des relations sexuelles : une fois par semaine en moyenne (un peu moins de cinq par mois, en fait), soit en baisse constante.
• Le nombre de partenaires : les femmes déclarent huit partenaires masculins (quatre en 1990) et les hommes douze partenaires féminines (contre neuf).
• Une femme avec une femme : en 1990, environ 2% des femmes indiquaient avoir entretenu un rapport sexuel avec une autre femme, elles sont aujourd’hui 8%. Dans ce contexte, la moitié des répondants ne voient « rien de mal » aux relations homosexuelles, une proportion en augmentation sensible.
• Le sexe occasionnel : les hommes comme les femmes acceptent de mieux en mieux l’aventure d’une nuit.
• L’adultère : 63% des hommes et 70% des femmes se disent prêts à passer l’éponge en cas d’écart ponctuel de leur partenaire (ils étaient moins de 50% en 2000).
Dans cette photographie, certains éléments inquiètent. Ainsi, une femme sur dix déclare avoir été contrainte à des rapports sexuels non volontaires. Les auteurs de l’étude (attachés à plusieurs instituts britanniques) soulignent qu’il s’agit de l’une des données les plus préoccupantes de cette enquête.
Il en va ainsi aussi des grossesses non désirées chez les jeunes filles, ainsi que de la progression des maladies sexuellement transmissibles (MST), singulièrement l’infection à HPV (papillomavirus) et à chlamydia. On notera aussi que 15% des messieurs et 30% des dames font état de troubles sexuels : difficulté à atteindre l’orgasme, sécheresse vaginale, éjaculation précoce et dysfonction érectile en tête.
Les spécialistes britanniques ajoutent qu’en cette période de crise, « les gens ne sont pas d’humeur pour le sexe », mais paradoxalement, « on observe des attitudes impulsives, peut-être liées à un climat d’inquiétude, qui expliqueraient l’augmentation du nombre de partenaires ».
Ils notent aussi l’intrusion des nouvelles technologies dans la chambre à coucher : « Les tablettes et les smartphones, avec ce besoin de connexion quasi permanente aux réseaux sociaux, empiètent sur l’intimité du couple, même dans le lit conjugal, et dès lors sur la sexualité ».