Mutisme sélectif : mon enfant ne parle pas dans certaines situations

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Votre enfant s’exprime normalement à la maison, mais ne parle pas dans certaines situations : à l’école, en présence d’adultes ou au sein d’un groupe ? Les parents ont tendance à associer ce phénomène à de la timidité. En réalité, il s’agit d’un trouble anxieux appelé mutisme sélectif : un type particulier de phobie qui empêche votre enfant de parler dans certaines circonstances. La peur le bloque.

Le mutisme sélectif, ce n’est pas de la timidité

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© Getty Images

Le mutisme sélectif est parfois confondu avec des troubles autistiques, de l’opposition ou de la timidité. Or, il s’agit d’un trouble anxieux qui provoque un véritable blocage de la parole. L’enfant ne refuse pas de parler. En réalité, il veut et peut parler mais sa peur le paralyse. Lorsqu’il est en confiance (en famille, par exemple), il parle sans problème. 

Le mutisme sélectif apparaît généralement entre la troisième et la cinquième année de vie et est plus fréquent chez les filles que chez les garçons. Il semble également plus fréquent chez les enfants bilingues, peut-être en raison de l’anxiété liée à un nouvel environnement social et linguistique.

Voir aussi l'article : Comment vaincre sa timidité ?

Causes du mutisme sélectif

Les causes exactes du mutisme sélectif ne sont pas encore totalement connues, mais une combinaison de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux joue un rôle. Les enfants ayant des antécédents familiaux de troubles anxieux sont plus à risque. Les expériences traumatisantes, un nouvel environnement ou des attentes élevées peuvent également être des déclencheurs.

Voir aussi l'article : Anxiété et troubles anxieux : comment les reconnaître et s'en sortir

Caractéristiques d’un enfant souffrant de mutisme sélectif

Les enfants atteints de mutisme sélectif ont souvent une riche palette d'intérêts et de talents. Ils aiment participer à des activités, tant qu'ils n'ont pas besoin de parler. Ils communiquent de manière non verbale, par exemple en hochant la tête, en écrivant ou en faisant des gestes. Dans certains cas, leur anxiété est visible : ils évitent le contact visuel, se figent ou osent à peine bouger.

Le silence est souvent interprété à tort comme un comportement têtu ou désobéissant, alors qu'il s'agit en fait d'une peur intense de faire des erreurs, d'être critiqué ou de ne pas répondre aux attentes. Cette peur les pousse à éviter de parler, ce qui ne fait que renforcer leur peur de parler.

Voir aussi l'article : Trouble du spectre de l’autisme (TSA) : les symptômes et facteurs de risque

Comment savoir si mon enfant souffre de mutisme sélectif ?

Pour diagnostiquer un mutisme sélectif, les critères suivants doivent être remplis :

  1. Silence systématique dans des situations particulières qui nécessitent une communication (par exemple, à l'école). Mais l'enfant parle couramment dans des environnements familiers, comme à la maison. 
  2. L’incapacité à parler n’est pas liée à un défaut de connaissance de la langue ou à un trouble de la communication (bégaiement, autisme).
  3. Le mutisme dure depuis au moins 1 mois. Pour les enfants bilingues, 6 mois.
  4. Le trouble empêche l’enfant de s’épanouir dans sa vie scolaire ou sociale.

Le diagnostic et le traitement nécessitent une analyse approfondie par une équipe de spécialistes, tels qu'un pédopsychiatre, un éducateur spécialisé, un psychologue et un orthophoniste. Des questionnaires, des observations et des activités ludiques permettent d'identifier les forces et les faiblesses de l'enfant. Il est important d'identifier et de traiter tout problème supplémentaire, tel qu'un trouble du langage ou l'autisme.

Voir aussi l'article : Quels sont les signes de l'autisme chez bébé et le tout-petit ?

Traitement du mutisme sélectif

Le mutisme sélectif disparaît rarement de lui-même. L'approche la plus efficace est la thérapie cognitivo-comportementale d’exposition progressive (« sliding in »). Cette approche est une sorte de désensibilisation petit à petit. L’enfant est très progressivement confronté à des situations anxiogènes. Le rôle du parent est crucial dans la mesure où l’enfant ne parlera pas au thérapeute dans un premier temps. Cette approche passe par :

  • Renforcement de la confiance en soi : l'enfant apprend à développer des pensées positives sur lui-même et sur les autres.
  • Exercices dans des situations sûres : L'enfant s'exerce d'abord à émettre des sons, à chuchoter, puis à parler, souvent par le biais de jeux et d'histoires.
  • Extension aux situations sociales : Le parent ou le thérapeute (lorsque l’enfant ose lui parler) se rend en classe 2 à 3 fois par semaine avec l'enfant. Lors d’une récréation, une séance de jeu est organisée, seul à seul avec son parent (ou son thérapeute). Dans un second temps, un camarade de classe est doucement introduit durant la séance (sliding in). Si cela fonctionne, un deuxième camarade est introduit lors d’une troisième étape.

Une bonne coopération entre les parents, les enseignants et les thérapeutes est essentielle. Les parents et les enseignants reçoivent des conseils pour soutenir l'enfant et apprendre à faire face aux étapes intermédiaires et aux défis.

Vous trouverez plus d'informations sur le site de l’asbl Mutisme sélectif Belgique

Il est essentiel d'intervenir à temps. Avec les bons conseils, un enfant atteint de mutisme sélectif peut apprendre à surmonter son anxiété étape par étape.

Les logopèdes - thérapeutes du bégaiement traitent également la « peur de parler ».

Voir aussi l'article : Thérapies cognitivo-comportementales : c’est quoi et pour qui ?

Sources :

https://www.provincedeliege.be

https://www.mutismeselectif.be/

https://www.webmd.com/

https://health.clevelandclinic.org

https://www.kinderneurologie.eu

auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: janvier 2025

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