Greffe de cheveux : quelle technique pour quel résultat ?
dossier La transplantation capillaire des propres follicules pileux, c’est-à-dire la répartition plus harmonieuse des cheveux sur les zones dégarnies du crâne, a connu une amélioration considérable grâce au perfectionnement des procédés de microchirurgie. En quoi consiste l'intervention et que peut-on en attendre ?
En raison de résultats décevants d’un point de vue esthétique, l'auto-greffe des cheveux a longtemps été controversée. Dans les années 60 et 70, on posait directement des prélèvements de peau de 2 à 4,5 mm de diamètre sur les zones dégarnies, ce qui générait un aspect de « tête de poupée » disgracieux. Dans les années 80, on est parvenu à réduire les greffons d’un tiers ou de moitié pour implanter sur le crâne des follicules pileux par 3 ou par 5, ce qui constituait une nette amélioration sur le plan esthétique.
Depuis l’introduction des techniques de microchirurgie, les greffons sont devenus de plus en plus petits et les exigences des patients de plus en plus élevées. Au point que les spécialistes sont en mesure de transplanter des micro-greffons de 1 ou 2 follicules pileux, ce qui permet d’obtenir un résultat parfaitement naturel.
Le prélèvement
Il existe plusieurs types de chute de cheveux, la plus connue étant l'alopécie androgénétique. Il s’agit d’une perte graduelle des cheveux due à l'influence des hormones mâles. Elle se manifeste en moyenne entre 30 et 40 ans mais elle peut survenir dès l'âge de 16 ans. L'hormone en cause est la dihydrotestostérone (ou DHT).
Cette perte de cheveux débute généralement à hauteur des golfes temporaux (sur le devant de la tête) et du vertex (le sommet de la tête). Elle se caractérise par un affinement des cheveux et une chute qui peut être brusque chez certains et plus lente pour d'autres.
Pour y remédier, les spécialistes ont développé la technique FUSS (Follicular Unit Single Strip), dite de la bandelette.
De quoi s'agit-il ?
Après rasage préalable, il s’agit de découper une bandelette d’un à deux centimètres de large et de 8 à 20 centimètres de long dans les zones donneuses comme la nuque ou les tempes, qui ont une programmation génétique telle que les hormones mâles n’ont pas de retentissement négatif. Ainsi, les cheveux transplantés bénéficient d'une repousse définitive car ils gardent leur propre potentiel de croissance.
Cette bandelette de cuir chevelu est ensuite découpée sous microscope pour récupérer les follicules pileux (cheveu + bulbe) un par un ou deux par deux et les replanter, en désordre, à l’aide d’une aiguille spécifique, sur le haut du crâne et la zone frontale. La cicatrice de la zone donneuse sera linéaire, horizontale et quasiment inapparente.
La préparation d’une transplantation capillaire des propres follicules pileux est sans doute l’un des travaux les plus exigeants de l’opération. Elle requiert une équipe médicale de 2 à 5 personnes pour découper et prélever des micro-greffes (1 ou 2 follicules pileux) ou mini-greffes (3 à 5 follicules pileux) de la meilleure qualité possible.
En raison de la diminution du fonctionnement des vaisseaux sanguins et de l’anesthésie locale, l’intervention ne doit pas durer plus de 3 heures, période durant laquelle de 800 à 1.600 greffes seront réalisées pour obtenir un premier résultat satisfaisant.
Les techniques d'implantation
L’implantation se déroule par microchirurgie. Pour la création de canaux d’implantation dans les zones dégarnies, le chirurgien a le choix entre deux techniques différentes, à savoir la technique par (micro)impacts et la technique par (micro)fentes.
Les (micro)impacts
Des petits trous sont réalisés à l’aide d’une aiguille spéciale, un pointeau très fin appelé punch, d’un diamètre variant entre 0,7 et 1,2 mm. Ce retrait de manière cylindrique des fines parties de peau permet à la fois de diminuer la taille de la zone chauve et d'assurer l’implantation d’un nombre équivalent de tissus sains avec des follicules pileux résistants à la dihydrotestostérone.
Les (micro)fentes
Cela consiste à réaliser des micro-incisions sur la partie chauve du crâne avec un petit scalpel pour y implanter ensuite les greffes de taille équivalente. La finesse des micro-incisions a pour avantage de ne pas abîmer les racines des cheveux primitifs encore présents sur le dessus. Evidemment, les fentes ne peuvent pas être effectuées n’importe comment, mais selon un axe tenant compte de l’orientation de la future repousse des cheveux pour donner un résultat le plus naturel possible.
Le laser
Le laser au dioxyde de carbone (CO2) permet de greffer des follicules pileux dans des petits trous ou des fentes. L’avantage de ce laser est qu’il n’y a pratiquement aucun saignement, ce qui offre une vision parfaite des zones à traiter. Le désavantage est que la technique d’intervention est plus compliquée et que les canaux d’implantation ne peuvent pas être trop grands sous peine de risquer des brûlures et la destruction des greffons.
Un système plus récent, le laser Erbium:YAG (utilisé principalement en dentisterie), présente l’avantage d’une affinité d’absorption de l’eau 10 fois supérieure à celle du laser CO2, ce qui exclut quasiment tout risque de brûlure. Ce laser permet, grâce à un logiciel spécialement adapté, d’offrir une densité capillaire très élevée et d’assurer un résultat très naturel de la reconstruction de la ligne de démarcation capillaire.
Quel résultat peut-on espérer ?
La capillo-densitométrie
L’un des critères déterminants pour la réussite ou l’échec d’une transplantation capillaire des propres follicules pileux est l’observation visuelle. Chaque patient possède en effet un cuir chevelu différent, que ce soit en termes de densité, de texture, de volume, ou de structure des follicules pileux.
La capillo-densitométrie est un examen qui permet l’observation directe du cuir chevelu et un repérage précis de la densité des follicules dans la zone donneuse et la densité de transplantation dans la zone receveuse. Ainsi, le médecin aura-t-il une meilleure vision de ce qui lui sera possible de réaliser. Il pourra donc choisir les zones de prélèvement qui donneront le plus grand nombre de greffons et effectuer une transplantation efficace, sachant que des greffons posés trop près les uns des autres peuvent entraîner un risque de nécrose.
A partir de quel âge ?
Voici quelques années, il était recommandé de ne pas intervenir avant l’âge de 24 ans. Aujourd’hui, on constate que la tendance avoisine plus les 20 ans. En raison de la pression de plus en plus grande au sein de notre société, de plus en plus d’hommes souhaitent opérer des corrections capillaires. Ils ne veulent pas attendre de s’être affirmés socialement, professionnellement et sur le plan privé.
En effectuant une correction précoce, ils se sentent mieux dans leur peau et sont prêts à affronter leurs objectifs professionnels et personnels avec plus d’assurance.
Il faut rester réaliste
Pour éviter de générer de faux espoirs, il faut expliquer clairement la situation.
La chute de cheveux est un processus dynamique, dont l’extension n’est pas toujours prévisible. Une intervention précoce peut donc s’accompagner de corrections ultérieures dans le cas d’une alopécie croissante.
Il faut aussi savoir que c’est sur la moitié avant du crâne que les résultats les plus impressionnants peuvent être obtenus. La ligne de naissance des cheveux ne doit pas être dessinée trop bas, car cela se remarquera en vieillissant. La répartition plus harmonieuse des cheveux sur les zones dégarnies du crâne ne pourra se faire qu’avec les propres follicules pileux. Cela signifie qu’une personne qui possède des cheveux blonds fins et duveteux ne doit pas s’attendre à avoir des cheveux noirs drus. Il s’agit d’un aspect souvent oublié, car travesti par la publicité.
Enfin, il ne faut pas espérer retrouver la même densité capillaire qu’à l’origine, car pour assurer une bonne croissance des greffons, il faut garder certaines parties de peau intactes. Pour obtenir une augmentation de la densité capillaire, plusieurs séances sont nécessaires, et elle ne pourront avoir lieu qu’entre trois et six mois après la première intervention.
Et après la greffe ?
Vu que la transplantation concerne exclusivement ses propres follicules pileux, les réactions de rejet sont pour ainsi dire exclues, alors que les infections sont extrêmement rares.
Le patient doit néanmoins tenir compte de possibles effets secondaires passagers. Un gonflement du front et des yeux peut ainsi apparaître deux ou trois jours après l’intervention et une certaine sensibilité des zones donneuses et receveuses persiste durant quelques semaines.
Une chute temporaire des cheveux transplantés se produit après la guérison et le détachement des croûtes, mais elle ne doit pas constituer une source d’inquiétude. La véritable croissance aura lieu deux à trois mois après l’opération.