Jeûne : bienfaits et risques pour la santé
dossier Les gens jeûnent ponctuellement ou régulièrement pour diverses raisons : pour perdre du poids, parce qu'ils pensent que c'est bon pour la santé ou pour des raisons religieuses. Ils ne mangent et/ou ne boivent pas, beaucoup moins ou différemment.
Voir aussi l'article : Le jeûne intermittent, comment ça marche ?

© Getty Images
Jusqu'à il y a quelques décennies, les catholiques avaient pour coutume de manger frugalement le vendredi (pas de viande, par exemple) et de jeûner du mercredi des Cendres à Pâques. Chez les musulmans, c'est encore le cas pendant le ramadan annuel : il n'est pas permis de manger ou de boire entre le lever et le coucher du soleil. De nos jours, de nombreuses personnes jeûnent régulièrement pour perdre du poids ou pour des raisons de santé (par exemple, un ou deux jours par semaine ou par mois, une semaine au début du printemps, un mois au début d'une nouvelle année...). Un jeûne de quelques jours ne fait pas de mal aux personnes en bonne santé, à condition qu'elles boivent suffisamment. Mais il est fortement déconseillé de jeûner plus d'une semaine (complètement).
Dans le cas du Ramadan, où il est seulement interdit de manger et de boire pendant la journée mais autorisé le matin et le soir, le problème n'est pas tant le jeûne lui-même - bien que des problèmes puissent survenir en raison d'un manque d'hydratation pendant les journées chaudes ou d'un exercice physique intense - mais plutôt ce que l'on mange le soir et en quelle quantité : un repas copieux, par exemple, est plus éprouvant pour le cœur que trois repas réguliers. En outre, ces repas du soir sont souvent très riches en graisses et en sucres. Encore une fois, cela convient aux personnes en bonne santé, mais pas aux personnes souffrant de maladies chroniques (p. ex. maladies cardiaques, diabète...), aux femmes enceintes et aux enfants en bas âge.
Voir aussi l'article : Diabète et ramadan : comment jeûner sans danger ?
Que se passe-t-il dans notre corps lorsque nous jeûnons ?
Notre corps ne peut survivre que quelques jours sans boire. Il peut rester plus longtemps sans manger. Une personne de 70 kg peut survivre pendant 2 à 3 mois grâce à son tissu adipeux contenant en moyenne 12,7 kg de triglycérides. Notre cerveau se contente d'utiliser le glucose ou les cétones comme carburant. Les effets métaboliques du jeûne changent en fonction de la durée du jeûne. Ces effets sont dus à une diminution de l'insuline et à une augmentation du glucagon. L'insuline diminue le taux de sucre dans le sang. Le glucagon augmente la glycémie en stimulant la glycogénolyse (transformation du glycogène en glucose), la protéolyse (transformation des protéines en acides aminés) et la lypolyses (transformation des graisses en glycérol et en acides gras).
Pendant le jeûne, trois phases se succèdent. Durant chacune d'entre elles, le corps s'approvisionnent en carburant d'une manière différente.
- PHASE 1 : 8 à 24 heures de jeûne (phase post-absorption)
La phase 1 commence environ 8 heures après le repas. À ce moment-là, tous les macronutriments ont été absorbés par le système gastro-intestinal. Grâce à la glycogénolyse, les réserves de glycogène du foie et des muscles sont converties en glucose pour fournir au cerveau le carburant nécessaire. La réserve de glycogène dans notre corps est suffisante pour environ 12 à 24 heures.
- PHASE 2 : 2 à 10 jours de jeûne
Au cours de la phase 2, qui dure de 2 à 10 jours, notre organisme passe aux acides aminés pour la gluconéogenèse ou la formation de glucose. Les acides aminés, principalement la glutamine et l'alanine, sont mobilisés à partir des protéines musculaires. La glutamine peut être utilisée comme source d'énergie par l'intestin et les reins ; l'alanine est convertie en glucose dans le foie.
- PHASE 3 : plus de 10 jours de jeûne
Bienfaits possibles du jeûne pour la santé
- La recherche sur l'animal et sur l'être humain (bien que dans ce dernier cas, les résultats soient moins clairs) montre qu'avaler moins de calories (- 30 à - 40% de l’apport énergétique normal) diminue le risque de maladies associées au vieillissement (comme la démence) ainsi que probablement celui de cancer, et augmente l’espérance de vie. Cela fonctionne-t-il aussi quand on mange moins de manière périodique (et qu’on ne consomme donc pas moins de calories de manière constante) ? Pas sûr…
- Un jeûne périodique diminuerait la quantité de glucose (sucre) dans le sang : la sensibilité du corps à l’insuline s’améliorerait et nous aurions besoin de moins d’insuline, ce qui réduirait le risque d’obésité et de diabète.
- Jeûner quelques jours pourrait potentiellement mener à une baisse des triglycérides et du cholestérol dans le sang et donc avoir un effet bénéfique sur les maladies cardiovasculaires.
- Jeûner quelques jours pourrait favoriser la production de nouvelles cellules souches, ce qui renforce le système immunitaire.
Voir aussi l'article : Age, taille, poids... : de combien de calories avez-vous besoin ?
Le jeûne aide-t-il à perdre du poids ?
Un jeûne (temporaire), un régime très hypocalorique (durant lequel on ne mange que des substituts alimentaires spéciaux pendant une certaine période) ou un régime liquide permettent de perdre beaucoup de poids en très peu de temps.
Il s’avère cependant très difficile de maintenir cette perte de poids rapide après le jeûne. Dans la plupart des cas, les kilos perdus reviennent rapidement, avec souvent un poids plus élevé qu’avant le jeûne.
La perte de poids pendant un jeûne est principalement due à la perte d’eau et de tissus musculaires, les tissus adipeux (graisse) restant en grande partie intacts.
Si vous voulez faire un jeûne pour perdre du poids, il est préférable de consulter au préalable un médecin ou un diététicien.
Voir aussi l'article : Perdre 5 kilos vite (et sainement), c’est possible ?
Le jeûne aide-t-il à éliminer les toxines ?
Voir aussi l'article : Cure de jus détox : ça n’a aucun sens selon l’avis d’un spécialiste
Risques possibles du jeûne pour la santé
- Le jeûne peut provoquer certaines carences alimentaires, notamment en vitamines et en minéraux (calcium…).
- Après quelques jours, le jeûne peut provoquer toutes sortes de symptômes comme un mal de tête, des maux d’estomac, la constipation, des étourdissements, des nausées, des palpitations, de la fatigue, des troubles du sommeil, de l’irritabilité, des pertes de mémoire, etc. Les maux d’estomac peuvent s’aggraver et les migraineux voient souvent leurs symptômes survenir plus fréquemment.
- À plus long terme, des calculs biliaires et des problèmes cardiaques (comme des troubles du rythme cardiaque), des problèmes rénaux, de l’anémie, etc., peuvent se développer.
- S’il est prolongé au-delà de quelques jours, le jeûne peut provoquer un affaiblissement du système immunitaire et rendre plus vulnérable face aux infections.
- Jeûner peut provoquer une dangereuse chute du taux de sucre dans le sang (hypoglycémie). Cela peut mener à de graves complications, en particulier chez les diabétiques.
- Jeûner pendant le premier mois de grossesse peut avoir un effet négatif sur l’enfant, comme un poids de naissance inférieur à la moyenne, un plus gros risque de handicap mental ou une diminution des performances d’apprentissage.
- Les patients qui doivent prendre des médicaments et qui jeûnent peuvent avoir tendance à sauter ou reporter une prise. Cela peut affaiblir ou renforcer l’effet des médicaments. Il faut toujours prévenir le médecin qui prescrit des médicaments de son intention de jeûner.
Voir aussi l'article : Que se passe-t-il si vous sautez des repas ?
Qui devrait absolument éviter le jeûne ?
- Les femmes enceintes ou allaitantes
- Les enfants
- Les personnes âgées
- Les personnes atteintes d’une maladie chronique (par exemple, une maladie cardiovasculaire, une maladie rénale, une maladie du foie, le diabète, etc.)
- Les personnes souffrant de troubles alimentaires
Voir aussi l'article : Sevrage : quels symptômes les jours qui suivent l'arrêt de l’alcool ?
Sources :
https://www.nice-info.be
http://eoswetenschap.eu
http://www.scientias.nl
http://www.nhs.uk