Le sourire, un réflexe parfois bien étrange
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L’échange de sourires est un processus naturel, motivé par le besoin de renforcer les liens sociaux, de se trouver en harmonie avec son vis-à-vis. Mais dans quelle mesure la condition sociale influence-t-il ce comportement ?
C’est la question que s’est posée cette équipe de l’université de Californie (San Diego), qui a conduit une expérience aux résultats assez étonnants (présentés à l’occasion d’un congrès de spécialistes en neurosciences).
Une cinquantaine d’adultes ont été recrutés. Dans un premier temps, les chercheurs ont déterminé le sentiment de puissance (au sens social) exprimé par chacun des participants. On parlera, pour faire court, de sentiment de supériorité. Phase deux : la diffusion de séquences vidéo durant lesquelles des personnes de différents statuts sociaux et professionnels (aisément identifiables par des codes vestimentaires, le lieu de tournage…) manifestaient soit de la colère, soit de la bonne humeur. Durant la projection, des capteurs ont mesuré l’activité (réflexe) de deux muscles : le grand muscle zygomatique (pour le sourire) et le muscle corrugateur du sourcil (froncement, signe de colère ou de tristesse).
Le constat est frappant. Ceux qui se sentent puissants vont retenir leur sourire face à un individu souriant d’un statut social plus élevé que le leur, mais vont se « lâcher » face à une personne considérée comme de statut social inférieur ; alors que ceux qui ne se considèrent pas « supérieurs » auront tendance à partager le sourire avec chacun, quelle que soit sa condition. Il s'avère aussi que les « puissants » (ou qui se considèrent comme tels) partagent plus volontiers les expressions de colère avec ceux qu’ils estiment de condition plus élevée qu’avec les autres. En d’autres termes, lorsqu’ils se sentent en position d’infériorité, la colère est plus contagieuse que le sourire. |