Quand on a peur, pourquoi s'agrippe-t-on à son voisin ?
news
Dans une situation qui déclenche la peur, un réflexe fréquent consiste à s’agripper à la personne à côté de soi, en saisissant son bras, en se blottissant contre elle… A quoi répond cette réaction ?
Les comportements face au danger sont très variables et dépendent de la personnalité de chacun, des circonstances, de l’état mental du moment, des relations avec les personnes présentes… Mais s’il fallait catégoriser, on pourrait dire que deux grands types d’attitude dominent : l’auto-préservation ou l’entraide. La réaction face à la peur est difficile à étudier dans la « vraie vie », car il faut se trouver au bon endroit, au bon moment.
Une équipe suisse (université de Neuchâtel) a choisi une approche originale, puisqu’elle a analysé des centaines de « photos souvenirs » d’anonymes visitant une maison hantée dans un parc d’attractions. Les chercheurs ont concentré leur attention sur un comportement très classique face à la peur : s’agripper à son voisin, par exemple en lui saisissant le bras ou en se collant contre lui (ou elle). A priori, cette réaction peut être déclenchée par un souci soit d’auto-protection, soit de protection de l’autre. La première piste semble la bonne.
On constate d’abord que ce comportement est fréquent, ce qui suggère que face au danger, notre réaction immédiate est de nature sociale (pour autant évidemment que d’autres personnes soient présentes). Cependant, les spécialistes observent que lorsque la taille du groupe augmente, le réflexe de s’agripper mutuellement diminue « considérablement ». Ils en déduisent que ceci reflète probablement le caractère auto-protecteur du comportement, consistant à utiliser instinctivement l’autre comme un bouclier, alors que lorsque le groupe est nombreux, il fait office de rempart.
Dans le même ordre d’idées, si les enfants s’agrippent souvent à l’adulte, c’est très peu le cas dans l’autre sens : l’individu le plus fragile, le plus exposé, n’est pas perçu (instinctivement…) comme suffisamment protecteur. Autrement dit, résument les auteurs, ce comportement a priori social (s’agripper à l’autre pour s’en rapprocher) répond à la nécessité de se protéger soi-même.