Etes-vous vraiment intolérant au lait (lactose) ?
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De nombreuses plaintes gastro-intestinales sont erronément attribuées à la consommation de lait et de produits laitiers, et mises sur le compte d'une intolérance au lactose. Comment faire la part des choses ?
L'intolérance au lactose est beaucoup moins fréquente qu'on ne le pense souvent. En outre, la plupart des personnes effectivement intolérantes au lactose peuvent encore supporter une certaine quantité de lait et de produits laitiers.
Qu'est-ce que l'intolérance au lactose ?
Le lait de vache, mais aussi le lait d'autres mammifères (chèvre, mouton, cheval... et être humain) contient naturellement du lactose (un glucide). Pour digérer le lactose, nous avons besoin de l'enzyme lactase, produite dans l'intestin grêle.
Chez les personnes qui produisent trop peu de lactase ou chez qui cette enzyme fonctionne moins bien (carence en lactase, non-persistance de la lactase), le lactose non digéré pénètre dans le côlon. En soi, ce n'est pas dangereux, mais cela peut causer de l'inconfort comme des douleurs abdominales, des flatulences, des ballonnements et de la diarrhée. On estime qu'environ 5% de la population belge souffre d'intolérance au lactose.
Quelle est la différence entre l'allergie au lait et l'intolérance au lactose ?
L'intolérance au lactose ne doit pas être confondue avec l'allergie au lait de vache, rare et totalement différente. L'allergie au lait est une réaction d'hypersensibilité du système immunitaire au contact des protéines du lait.
• En cas d'allergie, les symptômes apparaissent presque immédiatement après la consommation. Avec une intolérance au lactose, ils surviennent de 30 minutes à plusieurs heures plus tard.
• Les plaintes en cas d'allergie au lait de vache sont généralement bien plus sévères que celles d'une intolérance au lactose.
• Dans le cas de l'allergie aux protéines de lait de vache, le lait et les produits laitiers doivent absolument être écartés. Même de très petites quantités peuvent provoquer une réaction. Dans le cas de l'intolérance au lactose, les produits laitiers peuvent généralement encore être consommés dans une mesure limitée.
En Europe, l'allergie au lait de vache concerne 1% des enfants et 0,5% des adultes. L'intolérance au lactose survient principalement chez les adultes.
Quels sont les symptômes de l'intolérance au lactose ?
Le manque de lactase ne provoque pas toujours des symptômes : cela dépend, entre autres, de la quantité de lactase encore produite dans les intestins. Les symptômes peuvent survenir si les bactéries intestinales décomposent le lactose non digéré dans l'intestin. En outre, des gaz supplémentaires et des stimulants intestinaux sont libérés. De plus, le lactose non digéré attire l'eau, ce qui entraîne des selles aqueuses.
La sévérité des plaintes varie d'une personne à l'autre et en fonction de la quantité de lactose ingérée, de la composition du repas (par exemple, produits laitiers seuls ou avec d'autres aliments), de la vitesse du transit intestinal, de la composition de la flore intestinale...
Les symptômes possibles sont :
• distension abdominale
• crampes
• diarrhée
• douleurs abdominales
• flatulences
• vomissements
Comment savoir si on est intolérant au lactose ?
Avant de parler d’intolérance au lactose, un diagnostic correct doit être posé. Cette étape est cruciale pour pouvoir commencer un traitement adéquat et éviter les soins inutiles. D'autres affections, comme le syndrome du côlon irritable, peuvent causer des problèmes intestinaux similaires.
L'apparition de troubles gastro-intestinaux après consommation de lait ou de produits laitiers n'est donc pas suffisante pour établir une intolérance au lactose. Des tests spéciaux sont requis pour cela.
• Le test respiratoire. Le plus simple, le moins coûteux, le plus utilisé et le plus fiable. Il détermine la quantité d'hydrogène (H2) dans l'air expiré. Dans des circonstances normales, seulement un peu de H2 apparaît. Si le lactose n'est pas digéré, il est fermenté dans le côlon par des bactéries pour former divers gaz, y compris de l'hydrogène. Cet hydrogène est en partie absorbé par le sang puis libéré dans l'air expiré.
Après une nuit de jeûne, le patient boit une boisson au lactose (2 g / kg de poids corporel, jusqu'à 50 g maximum). Par la suite, des échantillons d’air expiré sont prélevés à intervalles réguliers. Des valeurs élevées de H2 dans l'air expiré indiquent une digestion insuffisante du lactose. Cependant, des résultats faussés peuvent se produire dans le cas d'une flore bactérienne trop limitée, de tabagisme ou d’une utilisation récente d'antibiotiques. Le test est accessible aux enfants (sauf les très jeunes) et aux adultes.
• Le test de tolérance au lactose. Après une nuit de jeûne, le patient avale une boisson au lactose (2 g / kg de poids corporel, et jusqu'à 50 g maximum). Des échantillons de sang sont ensuite prélevés à intervalles réguliers pendant 2 heures et le taux de sucre dans le sang est déterminé. Si le lactose n'est pas dégradé, la glycémie n'augmente pas (ou peu).
• Le test 13C. Le patient prend du lactose qui est marqué avec l'isotope non radioactif carbone 13 (13C), puis souffle dans un sac toutes les demi-heures. Si le lactose se dégrade normalement dans l'intestin grêle, le marqueur 13 pénètre dans la circulation sanguine et se retrouve dans l'air expiré. Chez les personnes souffrant de malabsorption du lactose, on observe trop peu de marqueur 13C. Cet examen prend environ trois heures.
• Acidité des fèces. Ce test est privilégié chez les nourrissons.
• Test génétique. Une prise de sang ou un prélèvement par coton-tige (intérieur de la joue) suffit. Le résultat est fiable à 100%, mais ce test est très coûteux.