Maladie de Crohn : le double jeu des bactéries intestinales
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Les douleurs articulaires (arthrite) affectent une proportion importante des patients souffrant de la maladie de Crohn : l’association entre ces deux troubles est mieux comprise.
Comme le rappelle en substance cette équipe américaine (université Cornell), « l’influence du microbiote du côlon - la flore bactérienne - s’étend au-delà des intestins et peut concerner bien des fonctions de l’organisme ». Sachant que la maladie de Crohn est caractérisée par une inflammation du côlon, et qu’on estime qu’au moins un quart des patients développent une inflammation des articulations (spondylarthrite), quelle pourrait être la passerelle ?
Les chercheurs ont analysé les selles de patients présentant les deux problèmes, et ont constaté la présence abondante d’un certain type de bactérie Escherichia coli (E. coli), dont les caractéristiques déclenchent une vive réaction immunitaire, avec en particulier l’implication de cellules appelées lymphocytes Th17, que l’on connaît bien pour leur rôle dans les maladies auto-immunes et dans… l’inflammation. Pour faire court : chez les patients souffrant à la fois de la maladie de Crohn et d’arthrite, on observe une quantité beaucoup plus élevée de Th17, « ce qui peut expliquer le mécanisme inflammatoire qui conduit aux complications extra-intestinales de la maladie de Crohn, comme la rigidité articulaire et les douleurs au dos », soulignent les auteurs.
La perspective ? « Un traitement qui ciblerait spécifiquement le sous-type de bactérie E. coli et/ou contrerait la prolifération des lymphocytes Th17 pourrait grandement soulager les patients », indiquent les chercheurs. Qui ajoutent que des outils de diagnostic pourront être développés afin d’identifier, sur base du microbiote, les patients les plus à risque de développer de l’arthrite, et ainsi instaurer tôt une prise en charge adaptée.