Morsures de serpent : le fléau dont on ne parle pas
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Les décès consécutifs à une morsure de serpent représentent un problème majeur de santé publique, mais qui apparaît nettement sous-estimé.
C’est dans le cadre d’un congrès de la Société américaine de médecine tropicale que deux experts, allemand et britannique, ont présenté les résultats d’une étude conjointe sur ce véritable fléau, à l’origine d’un nombre extrêmement élevé de décès dans les pays tropicaux, et dont pourtant on s’inquiète relativement peu.
« Les morsures de serpent s’inscrivent comme la cause de mortalité la plus négligée dans ces pays », indique ainsi le Pr David Warrell (université d’Oxford). « Les souffrances et les décès dus aux morsures restent largement invisibles à la communauté sanitaire mondiale ». Pourquoi ? Parce que « les gens meurent dans leurs villages, sans « déranger » les systèmes de santé. Ils n’apparaissent tout simplement pas dans les statistiques », poursuit Ulrich Kuch, du Centre de recherche sur le climat et la biodiversité (Francfort).
Un guérisseur ou un charmeur de serpents
Le Bangladesh est cité en exemple. Dans ce pays, une infime minorité des personnes affectées par de telles morsures vont à l’hôpital ou consultent un médecin ; alors que les autres soit ne font rien, soit – pour la plupart – s’adressent à un guérisseur ou à un… charmeur de serpents, supposés disposer d’un remède-miracle. En fait, « l’éloignement des centres de soins, la rareté des sérums anti-venin et le prix des traitements sont autant de freins ».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que, chaque année, cinq millions de personnes sont victimes d’une morsure de serpent, avec 300.000 cas d’invalidité permanente et environ 100.000 décès. « Mais les études récentes révèlent que l’ampleur du phénomène est bien plus importante : ainsi, rien qu’en Inde, 46.000 personnes mourraient chaque année des suites d’une morsure de serpent, alors que le chiffre officiel fait état de 2.000 décès », notent encore les deux spécialistes.