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Benzène et cancer : que risquez-vous en buvant des boissons gazeuses ou du soda ?
- Qu’est-ce que le benzène ?
- Comment sommes-nous exposés au benzène ?
- Pourquoi le benzène est-il dangereux ?
- Comment le benzène se retrouve-t-il dans nos boissons gazeuses ?
- Y a-t-il des limites légales à la présence de benzène dans les boissons gazeuses ?
- Y a-t-il encore du benzène dans les boissons gazeuses aujourd'hui ?
- Le benzène dans la nourriture
- Exposition environnementale au benzène
- Conclusions
dossier
En 2007, la présence de benzène dans les boissons gazeuses a fait l’objet d’une question au parlement européen. La démarche a inquiété les citoyens, qui se sont demandé d’où venait cette substance, si ses concentrations étaient nocives et s’il valait mieux renoncer aux sodas. Qu’en est-il actuellement ? Que risquez-vous en buvant des boissons gazeuses ou du soda ?
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Qu’est-ce que le benzène ?
Le benzène est une substance chimique incolore, qui vire au jaune clair à température ambiante. Il est essentiellement utilisé comme solvant dans l’industrie chimique et pharmaceutique, comme matière première et intermédiaire dans la synthèse de nombreux produits chimiques. Il est le composant principal de l’essence, puisqu’il provient du pétrole brut. Les émissions volcaniques de gaz et les feux de forêt constituent d’autres sources naturelles de benzène.
Comment sommes-nous exposés au benzène ?
L’inhalation d’air pollué constitue notre principale exposition au benzène. Les travailleurs d’industries produisant ou utilisant du benzène peuvent être exposés à de fortes concentrations de la substance chimique, bien que la législation fédérale ait régulé et limité cette exposition au fil des dernières décennies. La quantité de benzène autorisée dans les carburants a également été limitée, ce qui a permis de diminuer notre exposition à la substance.
La fumée de cigarette est une autre source de contamination au benzène. Elle représente la moitié de l’exposition totale de la population belge et 90% chez les fumeurs.
Le benzène est également présent dans les colles, les colorants, les produits de nettoyage et les décapants de peinture.
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Pourquoi le benzène est-il dangereux ?
Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe le benzène parmi les substances comme « cancérigène pour l'homme ». L’organisme dispose de preuves suffisantes de son impact sur le développement de la leucémie myéloïde aigüe. Le CIRC note également que l’exposition au benzène est associée à la leucémie lymphoïde aiguë (LLA), à la leucémie lymphoïde chronique (LLC), au myélome multiple et lymphome non hodgkinien.
Mais le benzène a aussi d'autres effets. L’inhalation de fortes doses de benzène peut affecter le système nerveux, entraînant vertiges, somnolence, maux de tête, tremblements, confusion et/ou perte de connaissance. La consommation de nourriture ou de boissons contenant un taux élevé de benzène peut provoquer des vomissements, une irritation de l’estomac, de la somnolence, des convulsions et une accélération du pouls. Dans les cas extrêmes, l’inhalation ou la consommation de concentrations élevées de benzène peut être fatale. Une exposition de longue durée endommage surtout la moelle osseuse, les tissus mous à l’intérieur des os, là où sont produits les nouveaux globules sanguins. Cela peut entraîner :
- une anémie (un nombre insuffisant de globules rouges), induisant fatigue et asthénie.
- un faible taux de globules blanc, diminuant la faculté du corps à combattre les infections. Un taux trop bas peut même affecter le pronostic vital.
- un taux trop faible de plaquettes, entraînant la formation excessive d’hématomes et de saignements.
Il existe également des preuves que l'exposition à long terme au benzène peut être nocive pour les organes reproducteurs. Le benzène est métabolisé dans le foie et la moelle osseuse et sa toxicité est attribuée à ses métabolites. Les métabolites sont principalement excrétés par l'urine après une série de réactions de conjugaison.
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Comment le benzène se retrouve-t-il dans nos boissons gazeuses ?

© Getty Images
La présence de benzène dans les boissons gazeuses a été signalée pour la première fois par les USA en 1990. Des contrôles de routine ont révélé la présence de benzène dans des bouteilles d’eau de la marque Perrier, laquelle a spontanément rappelé ses produits. D’où provenait le benzène ? La FDA a entamé une enquête à grande échelle.
Le benzène peut se retrouver accidentellement dans les aliments. Il peut se former à de très faibles niveaux - on parle de « parts per billion » ou niveau ppb (par exemple microgramme/litre ou kilogramme) dans certaines boissons contenant à la fois de l’acide benzoïque comme agent conservant (et ses sels, les benzoates) et de l’acide ascorbique (vitamine C) ou de l’acide érythorbique (une substance proche de la vitamine C, également connue sous le nom d’acide isoascorbique). Le benzène se forme suite à la décarboxylation de l’acide benzoïque en présence d’acide ascorbique (vitamine C) et d’ions de métal (fer et cuivre), qui servent de catalyseurs, principalement sous l’effet de la chaleur et de la lumière.
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Y a-t-il des limites légales à la présence de benzène dans les boissons gazeuses ?
Il n’existe pas de limite légale au taux de benzène dans les boissons gazeuses et les sodas. En revanche, différentes autorités ont imposé des limites à son niveau dans l’eau potable et l’eau en bouteille. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi une valeur indicative de 10 µg/litre pour l’eau potable. Aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency (EPA) l’a fixée à 5 µg/litre et l’Union européenne à 1 µg/litre.
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Y a-t-il encore du benzène dans les boissons gazeuses aujourd'hui ?
Aux États-Unis, le Center for Food Safety and Applied Nutrition (CFSAN) a mené une étude (2005-2007), qui a révélé que certains sodas contenaient plus de 5 ppb de benzène. Les fabricants ont adapté leurs formules, réduisant le niveau à moins de 1,5 ppb, un taux qui ne représente aucun danger sanitaire.
En 2008, l’université de Gand a analysé 145 échantillons de sodas : 33% ne contenaient aucun benzène détectable, 47% contenaient des traces inférieures à la limite et 10 échantillons dépassaient la limite européenne de 1 µg/l. Parmi eux, un échantillon présentait un taux supérieur à 10 µg/l - la limite établie par l’OMS.
En 2015, des scientifiques brésiliens ont cherché des traces de benzène dans un grand nombre d’aliments. Ils ont rapporté la présence de benzène dans différents nutriments et boissons. La plupart des échantillons présentaient des taux faibles mais certains dépassaient malgré tout les limites légales.
Les chercheurs ont conclu que les données disponibles révélaient une exposition minimale au benzène, d’un point de vue sanitaire. Les taux de benzène étaient généralement tellement faibles qu’ils pouvaient être jugés négligeables et ne présentaient aucun risque sanitaire pour le consommateur.
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Le benzène dans la nourriture
En 2012, des chercheurs belges de l’Institut scientifique de la Santé publique (ISP) et de l’université de Gand ont analysé d’autres aliments : boissons, lait et produits laitiers, fruits et légumes, céréales, œufs, sucreries et repas préparés. Ils ont trouvé du benzène dans 58% des produits analysés mais en très faibles quantités. Dans 6% des cas, la concentration de benzène était supérieure à 10 µg/litre. Les concentrations les plus élevées se trouvaient dans les aliments transformés d’origine animale, comme la viande et le poisson fumés, les salades et les aliments sous emballage hermétique. Les feuilles de thé et les grains de café présentaient également des concentrations plus élevées mais le benzène est volatile et s’évapore durant la préparation d’une tasse de thé ou de café.
Le site du VILT spécifie : « Les chercheurs recommandent une certaine vigilance mais il n’existe aucun danger sanitaire. En effet, un adulte ingère quotidiennement un maximum de 7,3 µg de benzène, ce qui reste largement sous le seuil toxique et cancérigène. C’est nettement moins que ce que nous respirons. Par exemple, un citadin inhale en moyenne plus de 90 µg de benzène, jour après jour. Une personne fumant 20 cigarettes par jour en aspire 400 µg. »
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Exposition environnementale au benzène
La présence de benzène dans les boissons gazeuses et les sodas n’est pas souhaitable mais doit être appréhendée globalement, en tenant compte des autres expositions environnementales. L’air pollué est le principal responsable (96 à 99%) de l’exposition au benzène dans les endroits où la circulation automobile est importante, donc essentiellement en milieu urbain.
La Food Standards Agency britannique a déclaré qu’il fallait boire au moins 20 litres par jour d’une boisson contenant 10 µg de benzène pour égaler la quantité de benzène absorbée via l’air ambiant dans une ville.
C’est dérisoire, par rapport au tabagisme. Des chercheurs de Washington ont calculé qu’un fumeur typique inhalait 2 mg de benzène par jour contre 0,2 mg/jour pour un non-fumeur. Toutefois, les fumeurs passifs exposés au benzène au travail présentaient également des taux nettement plus élevés d’aromatiques (benzène, toluène, xylène,…) dans leur haleine.
À titre de comparaison, celui qui boit un soda contenant la limite supérieure de benzène de 10 µg/litre devrait boire 2000/10 = 200 litres pour atteindre la quantité de benzène inhalée par un fumeur.
Voir aussi l'article : Purificateur d’air : bienfaits pour la santé et dangers
Conclusions
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Sources :
https://www.cancer.org
R Snyder, C C Hedli (1996). An overview of benzene metabolism. Environ Health Perspect.; Dec;104 Suppl 6(Suppl 6):1165-71.
https://www.forbes.com
Vânia Paula Salviano Dos Santos, Andréa Medeiros Salgado, Alexandre Guedes Torres, Karen Signori Pereira (2015). Benzene as a Chemical Hazard in Processed Foods. Int J Food Sci.; 2015:545640.
https://onlinelibrary.wiley.com
Gardner, L.K.; Lawrence, G.D. (May 1993). Benzene Production from Decarboxylation of Benzoic Acid in the Presence of Ascorbic Acid and a Transition-Metal Catalyst. J. Agric. Food Chem. 41 (5): 693–695.
COUNCIL DIRECTIVE 98/83/EC of 3 November 1998 on the quality of water intended for human consumption.
https://actamedicamarisiensis.ro
Vânia Paula Salviano dos Santos , Andréa Medeiros Salgado , Alexandre Guedes Torres , Karen Signori Pereira (2015). Benzene as a Chemical Hazard in Processed Foods. Int J Food Sci.; Feb 18;2015:545640.
https://vilt.be
L Wallace, E Pellizzari, T D Hartwell, R Perritt, R Ziegenfus (1987). Exposures to benzene and other volatile compounds from active and passive smoking. Arch Environ Health.; Sep-Oct;42(5):272-9.
https://scicom.favv-afsca.be