Course à pied : à quoi penser pendant l’effort ?
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Laisser son esprit vagabonder ou se concentrer sur les signaux de son corps ? A quoi un coureur doit-il avant tout penser pour optimaliser son économie de course ?
A la fin des années 70, deux psychologues américains du sport avaient publié un article qui avait fait date. Après avoir interrogé des athlètes de haut niveau et des coureurs moins forts, ils avaient observé que pendant la course (longue distance), les premiers écoutaient et surveillaient attentivement les signaux de leur corps, alors que les seconds avaient plutôt tendance à se distraire en pensant à des sujets étrangers à la compétition. Ces deux approches étaient baptisées « pensée associative » (coureurs de haut niveau) et « pensée dissociative ».
Sur cette base, rappelle Body Science, les coureurs amateurs ont été encouragés à développer une stratégie personnelle davantage axée sur la vérification de la tension cou-épaules, sur le mouvement régulier des bras, sur le contrôle de la respiration ou encore sur le rythme de la foulée. Mais une étude récente tend à démontrer que l’opposition entre la « pensée associative » et la « pensée dissociative » est trop simpliste.
Le ressenti général
Les chercheurs ont recruté des coureurs amateurs assidus, qui s’entraînaient en moyenne sur une trentaine de kilomètres par semaine. L’intention a consisté à évaluer l’économie de course, qui renvoie à la manière d’utiliser au mieux l’énergie disponible. C’est le coût énergétique de la course, autrement dit la consommation d’oxygène pour une vitesse donnée. La consommation d’oxygène des participants a été mesurée dans quatre situations :
• alors qu’ils se concentraient sur leur respiration
• pendant qu’ils se concentraient sur leur condition physique (les signaux et la mécanique du corps)
• alors qu’ils pensaient à leur ressenti général
• pendant qu’ils laissaient leur esprit vagabonder
Le résultat montre que la consommation d’oxygène était significativement plus élevée dans les deux premiers cas par rapport aux deux autres. Ainsi que l’expliquent les auteurs, « l’intérêt directement porté aux processus mécaniques – mouvements et respiration – a provoqué une plus mauvaise économie de course par rapport au fait de se concentrer sur le ressenti général ou de penser à tout autre chose ».
D’où cette suggestion : « Ne vous braquez pas sur les choses que vous ne pouvez pas facilement changer, comme votre capacité respiratoire et votre condition physique, mais concentrez-vous sur votre ressenti général ou pensez à des choses qui vont et viennent habituellement à votre esprit ». Néanmoins, poursuivent les auteurs, le ressenti intérieur peut être à double tranchant : quand les sensations deviennent désagréables, cela peut déclencher des pensées (très) négatives. Durant ces instants-là, conseillent-ils, l’effort de pensée doit porter sur la visualisation de bons moments, comme ceux de l’après-course.