Reflux gastrique : quels effets secondaires des IPP ?
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Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont largement prescrits en cas de reflux gastro-oesophagien (RGO). Quels risques présentent ces médicaments ?
Des effets indésirables rares mais potentiellement graves ont été notifiés lors de l’utilisation régulière d’IPP. Les indications bien démontrées de cette classe de médicaments sont principalement l’œsophagite de reflux, ainsi que la prévention et le traitement de l’ulcère gastro-duodénal, rappelle le Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP). L’expérience depuis plusieurs décennies révèle que les IPP sont en général bien tolérés. Les effets indésirables les plus fréquents sont les nausées, la diarrhée, les maux de tête (céphalées) et les éruptions cutanées. « Par ailleurs », poursuit le CBIP, « il existe de plus en plus d’indices à propos d’effets indésirables rares mais potentiellement graves », sachant qu’on peut déduire de ces études « une association mais pas de lien causal ». Ceci étant, « il est recommandé de ne prescrire un IPP que dans des indications étayées, à la plus faible dose possible, et de réévaluer régulièrement le traitement ».
Quels sont ces effets secondaires graves possibles ?
• La néphropathie. Il ressort de deux études publiées récemment que l’utilisation régulière d’IPP augmente le risque d’insuffisance rénale chronique de 30 à 50% par rapport à la non-utilisation d’IPP ou l’utilisation d’antihistaminiques H2.
• La démence. Il ressort d’une étude récente que l’utilisation régulière d’IPP chez des personnes âgées est associée à une augmentation d’environ 40% du risque de développer une démence. Il n’y a pas d’explication plausible à la survenue de cet effet indésirable.
• Les infections gastro-intestinales. D’après une méta-analyse, les IPP augmentent de 70% le risque d’infection gastro-intestinale, entre autres à Clostridium difficile.
• La pneumonie. L’association n’est pas univoque : certaines études ont constaté un risque accru de pneumonie acquise en communauté (PAC), d’autres non.
• L’ostéoporose et les fractures. Une méta-analyse indique que les IPP augmentent d’environ 30% le risque de fracture ostéoporotique.
• La malabsorption du magnésium et de la vitamine B12. Des cas d’hypomagnésémie et de carence en vitamine B12 ont été décrits.
• Le lupus érythémateux cutané. Dans de rares cas, les IPP pourraient provoquer le développement d’un lupus érythémateux cutané subaigu.
Le CBIP ajoute que la plupart de ces données sont basées sur des études observationnelles, très sensibles aux facteurs confondants (d’autres paramètres entrent en ligne de compte), d’où le fait qu’on ne peut pas en déduire un lien de cause à effet. Le CBIP souligne : « Bien qu’un lien causal entre l’utilisation d’un IPP et ces effets indésirables n’ait pas été démontré, et que leur fréquence est probablement faible, il est important d’évaluer régulièrement le rapport bénéfice - risque de tout traitement par un IPP en étant attentif, entre autres, à ces effets indésirables ».