Un traitement pour aller vers les autres
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En situation de conflit social, beaucoup adoptent un comportement d’attaque ou de fuite. L’ocytocine stimule la confiance dans l’autre.
L’ocytocine est traditionnellement connue comme l’hormone de l’accouchement (elle est libérée massivement durant le travail et facilite la délivrance) et de l’allaitement. Mais des recherches ont montré qu’elle intervenait aussi dans les relations interpersonnelles. C’est cet axe qui a été exploré par une équipe de l’université Concordia (Montréal).
Question : un apport d’ocytocine permet-il de modifier certaines réactions, certains comportements sociaux ? Une centaine de volontaires ont été réunis pour participer à cette expérience : avant le test, la moitié ont reçu, par vaporisation nasale, une dose d’ocytocine, les autres un placebo (substance sans effet). Une discussion soutenue a été simulée, avec l’intervention de chercheurs présents incognito. A plusieurs reprises, ils ont interrompu sèchement les intervenants, les ont contredit, et les ont placés dans des situations émotionnellement très embarrassantes. A la fin, les « cobayes » ont dû préciser à quel point ils avaient été ébranlés et quelle avait été leur réaction instinctive.
Contre la dépression et le repli sur soi
Le résultat montre que lors des moments difficiles, ceux qui avaient inhalé de l’ocytocine s’étaient davantage tournés vers les autres pour bénéficier de leur soutien, alors que dans le « groupe placebo », la tendance était plutôt à l’attitude classique « attaque-fuite » : préparer la contre-attaque (agressivité) ou a contrario la fuite (repli sur soi).
Dans la « vie réelle », comment cela se traduirait-il ? « L’ocytocine pourrait favoriser la quête de soutien social chez les patients en détresse », explique l’un des auteurs. « Elle peut être particulièrement utile pour les personnes déprimées, qui tendent à s’isoler, à se renfermer, ainsi que celles qui souffrent d’un degré élevé de stress interpersonnel. L’ocytocine peut augmenter le désir de se tourner vers les autres pour obtenir de l’aide, ce qui constitue une démarche extrêmement importante. En apprendre plus sur le fonctionnement de cette hormone devrait permettre de déterminer comment l’intégrer dans les traitements, et offrir ainsi davantage de solutions aux médecins et à leurs patients ».