La lecture, miroir de notre bien-être
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Parlera-t-on un jour de « bibliothérapie » ? En tout cas, la lecture participe au bien-être de l’individu.
Attardons-nous d’abord sur cette étude réalisée par des chercheurs de la New School for Social Research (New York). Ils ont recruté une centaine de personnes, âgées de 18 à 75 ans, invitées soit à lire (durant dix minutes) des extraits de textes, soit à s’en abstenir. Il s’agissait de romans – des grands classiques ou des livres (beaucoup) moins cotés -, ou de comptes-rendus administratifs à l’intérêt très relatif.
Ensuite, les participants étaient soumis à plusieurs tests destinés à évaluer l’empathie, la perception sociale et l’intelligence émotionnelle (définie par la capacité à identifier et à contrôler ses émotions, celles des autres et celles du groupe). Ces tests consistent par exemple à analyser des photos ne montrant que des yeux et à qualifier ensuite l’émotion exprimée en choisissant entre plusieurs adjectifs.
Que constate-t-on ? Que la lecture des passages de romans – classiques ou pas – permet d’obtenir de bien meilleurs scores. Les auteurs considèrent que « la force de la fiction littéraire sur nos capacités d’empathie serait due à la manière dont elle entraîne le lecteur dans l’histoire, avec un engagement intellectuel, émotionnel et créatif ».
Un espace de liberté et de spontanéité
Cité par Le Nouvel Observateur, le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre à l’hôpital Bichat (Paris), commente : « Ces résultats ne m’étonnent pas. Tout ce qui sollicite la capacité à se projeter dans l’histoire de l’autre, à faire marcher son imagerie mentale, permet d’améliorer l’empathie et l’intelligence émotionnelle ». La lecture présente des vertus indéniables : « Cela fait du bien, en activant autre chose que les capacités brutes de mémorisation et de traitement de l’information ».
D’ailleurs, ne demande-t-il pas régulièrement à ses patients ce qu’ils lisent, s’ils ont repris la lecture après une dépression ou un deuil ? « Quand une personne n’arrive plus à lire, à se plonger dans une œuvre littéraire, cela peut être un indice que quelque chose ne va pas bien dans son humeur ». Certains praticiens considèrent que la lecture (d’œuvres littéraires) peut intervenir comme un véritable complément thérapeutique : ils parlent de « bibliothérapie ».
Le Pr Lejoyeux reste cependant prudent par rapport à cela : « La littérature est une chose trop belle pour l’enfermer dans des prescriptions, il faut la laisser naviguer dans son espace de liberté et de spontanéité ». En tout cas, en cette époque de l’instantanéité, « il est nécessaire de préserver ces temps de lecture ».