Quels traitements pour lutter contre l’endométriose ?

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De plus en plus d’hôpitaux disposent d’une équipe multidisciplinaire chargée du traitement de l’endométriose, relate l’experte Paula Kragten, founding editor du magazine en ligne Period! et auteur du livre Mooi Rood is Niet Lelijk (Un beau rouge n’est pas laid, ndlr). « C’est une bonne nouvelle. Trop souvent, on ne diagnostique l’endométriose qu’après des années. Un traitement intégral est d’autant plus crucial. Il faut s’attaquer aux malaises et aux symptômes mais aussi aux problèmes de fécondité, aux dommages causés à d'autres organes et aux éventuels problèmes psychologiques des patientes. »

Voir aussi l'article : Endométriose : causes, symptômes, traitements

Quand le traitement est-il nécessaire ?

La nécessité de traiter l'endométriose et le choix du traitement dépendent de la nature et de la gravité des symptômes, de l'âge et du désir éventuel d'avoir des enfants.

  • Les formes légères d'endométriose qui ne s'accompagnent pas de symptômes (douleurs) ne nécessitent généralement pas de traitement.
  • Les formes plus sévères ou plus étendues requièrent des soins, surtout si elles s’accompagnent de souffrance et/ou d’une diminution de la fécondité. 

Voir aussi l'article : Endométriose : quels sont les symptômes les plus fréquents ?

Traitement hormonal ou chirurgical ?

L’endométriose peut faire l’objet d’un traitement médicamenteux (antidouleurs, hormones), d’un traitement chirurgical ou d’une combinaison des deux. Les médicaments atténuent les symptômes sans guérir l’affection. Ils ne permettent pas non plus de résoudre les problèmes de fertilité. Seule une intervention chirurgicale permet un traitement efficace de l’endométriose. Elle consiste à enlever toutes les lésions endométriosiques. Il peut toutefois y avoir une récidive si tous les tissus malades ne sont pas prélevés ou si des tissus semblables à l’endomètre se reforment en-dehors de l’utérus.

1. Quels antalgiques pour soulager la douleur ?

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Les douleurs induites par l’endométriose (mal au ventre, au dos ou durant les rapports sexuels) sont souvent soulagées à l’aide d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), comme le diclofénac, l’ibuprofène ou le naproxène. Il est important d’entamer la prise de comprimés rapidement, de préférence la veille du début des règles et certainement dès que la douleur apparaît car les anti-inflammatoires agissent moins bien quand la douleur est déjà installée. Vous devez prendre ces médicaments à intervalles réguliers aussi longtemps que vous souffrez et arrêter la médication après les règles.

Voir aussi l'article : Douleurs pendant les règles : quand faut-il s'inquiéter ?

2. Quels traitements hormonaux pour soulager l’endométriose ?

Le traitement hormonal inhibe la production d’œstrogènes et met ainsi fin aux menstruations. Il atténue les symptômes et permet parfois de résorber les petits nodules d’endométriose mais ne guérit pas la maladie. Les symptômes reviennent dès qu’on interrompt le traitement. Celui-ci n’a pas d’effet positif sur la fécondité, au contraire : il est contraceptif et empêche donc toute grossesse. Compte tenu des risques d’effets secondaires, toute grossesse est déconseillée pendant ce traitement.

Contraceptifs oraux (pilule)

En cas de symptômes légers, le médecin peut prescrire la pilule et/ou conseiller de la prendre sans interruption. L’endomètre n’épaissit pas et les nodules d’endométriose situés en-dehors de l’utérus ne se manifestent pas.  

La pilule contraceptive peut induire des effets secondaires : maux de tête, seins douloureux, rétention d’eau et fluctuations d’humeur. Parfois, la femme peut souffrir de pertes de sang intermittente, appelées spotting. Le médecin peut parfois recommander de doubler la prise quotidienne de certaines pilules, de manière temporaire. Si ce n’est pas possible ou que ça ne résout pas le problème, vous pouvez interrompre la pilule pendant une semaine. Après la menstruation, vous reprenez la pilule de manière continue. Cette méthode permet de ramener le nombre de règles à quelques semaines par an.

Les pilules biphasiques et triphasiques ne peuvent pas être prises en continu. Ce n’est possible que si la pilule contient la même dose d’hormones tous les jours.

La pilule ne convient pas à toutes les femmes. Elle est parfois déconseillée en cas d’hypertension. Le tabagisme combiné à la contraception orale constitue un facteur de risque cardio-vasculaire aggravant.

Préparations à base de progestérone

Les progestatifs sont des hormones artificielles qui agissent comme la progestérone. La prise quotidienne de progestatifs (Orgametril, Provera, Primolut, Duphaston) ou une injection trimestrielle de cette hormone inhibent l’ovulation, contrant la formation puis l’expulsion de l’endomètre (la menstruation).

Les préparations à base de progestérone peuvent s’assortir d’effets secondaires : rétention d’eau, prise de poids, maux de tête, nausées, troubles de la libido, irritabilité et spotting. Le corps a besoin de temps pour décomposer les progestatifs. A l’arrêt du traitement, la femme doit parfois attendre plus d’un an avant d’être à nouveau féconde.  

Stérilet hormonal

On insère le stérilet hormonal dans l’utérus, où il distille une hormone similaire à la progestérone. Le stérilet met l’endomètre au repos et neutralise l’endométriose. Un usage prolongé permet en outre de diminuer le volume des règles ou même de supprimer les menstruations.

Le stérilet hormonal est une forme de contraception. Contrairement à la pilule, il diffuse les hormones localement, dans l’utérus et la cavité abdominale, sans guère pénétrer dans la circulation sanguine.

Il s’assortit d’un peu moins d’effets secondaires (acné, maux de tête, vertiges et tension mammaire) mais vous pouvez souffrir de pertes de sang irrégulières durant les trois ou quatre premiers mois. Par la suite, ces pertes diminuent ou disparaissent. En principe, le stérilet agit pendant cinq ans. Cependant, le stérilet n’aide pas toutes les patientes. On l’enlève si les symptômes n’ont pas disparu après quatre à cinq mois.

Agonistes de la GnRH ou LH-RH

Les agonistes de la GnRH ou LH-RH ont le même effet que la ménopause. On peut les administrer par injection, en spray ou en insérant un bâtonnet sous la peau de l’abdomen. Puisque la femme produit beaucoup moins d’hormones sexuelles après la ménopause, l’endomètre n’épaissit plus. Les menstruations sont interrompues et les nodules d’endométriose s’atrophient.

En principe, on n’administre pas les agonistes de la GnRH plus de six mois car ils peuvent provoquer de l’ostéoporose. S’il est nécessaire de prolonger le traitement, le médecin prescrit une thérapie d’appoint pour prévenir la décalcification.

Les autres effets secondaires possibles des agonistes de la GnRH sont similaires aux troubles de la ménopause, comme les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale. Ils disparaissent à l’arrêt du traitement.

Voir aussi l'article : Anne, atteinte d'endométriose: 'Les femmes ne doivent pas se laisser convaincre que c’est dans leur tête'

3. Quels traitements chirurgicaux ?

Une intervention chirurgicale permet l’éradication des tissus atteints. Elle met un terme aux symptômes, bien qu'ils puissent réapparaître avec le temps si tous les tissus atteints n'ont pas été enlevés ou si de nouveaux foyers d'endométriose se développent. 

L’opération est le seul moyen de remédier à une fécondité compromise par l’endométriose. 

Le traitement chirurgical de l’endométriose requiert une certaine expérience, pour éradiquer la totalité des tissus malades tout en évitant d’endommager les tissus et organes avoisinants. 

Il vaut donc mieux vous faire opérer dans un établissement hospitalier expérimenté, qui dispose de spécialistes de la chirurgie gynécologique, soit un hôpital qui pratique de nombreuses opérations de ce type. Idéalement, l’hôpital vous offre une approche multidisciplinaire (gynécologues, chirurgiens habitués aux endoscopies gynécologiques, intestinales et urinaires).

Les récidives ne pouvant jamais être exclues, il est préférable de suivre un traitement hormonal complémentaire ou de tomber enceinte après l’opération. Une grossesse offre en effet au corps un repos menstruel de neuf mois, qui peut faire disparaître l’endométriose.

Laparoscopie

La laparoscopie est indispensable au diagnostic de l’endométriose. Le chirurgien profitera donc de cette opération pour procéder à l’ablation des petits nodules. Si les lésions sont petites et réparties dans tout le pelvis, aussi appelé petit bassin, il est possible de les éradiquer au laser. La laparoscopie ne suffit généralement pas en cas d’endométriose sévère, surtout en présence d’adhérences tenaces. 

La laparoscopie est une intervention simple et relativement sûre. Elle ne nécessite qu’une petite incision près du nombril. Certaines femmes peuvent reprendre le travail après trois à cinq jours mais en général, il faut compter de cinq à sept jours pour retrouver sa forme.

Laparotomie (opération à ventre ouvert)

La laparotomie est une opération à ventre ouvert. On pratique une incision dans la paroi abdominale. Il s’agit souvent d’une « incision bikini », soit une incision horizontale sur la ligne supérieure de la toison pubienne. Le gynécologue tente ensuite d’enlever les nodules d’endométriose, d’éventuels kystes et adhérences. Il peut en profiter pour traiter des organes endommagés (par exemple les ovaires ou les intestins), si nécessaire. Il doit parfois procéder à l’ablation partielle ou totale des ovaires (ovariectomie), s’il décèle la formation d’un ou plusieurs kystes de chocolat (des kystes ovariens provoqués par l’endométriose).

La laparotomie requiert une hospitalisation plus longue que la laparoscopie. La patiente séjourne généralement de cinq à sept jours à l’hôpital et le rétablissement dure de trois à six semaines.

Hystérectomie

L’hystérectomie est une opération qui consiste en l’ablation de l’utérus ainsi que du plus grand nombre possible de nodules et d’adhérences. En cas d’absolue nécessité, le chirurgien enlève également l’un des ovaires ou les deux ainsi que les trompes de Fallope. L’acte entraîne une ménopause prématurée, qui s’accompagne souvent des symptômes typiques de cette transition, comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la sécheresse vaginale. Une ménopause précoce augmente également le risque d’ostéoporose et de maladies cardiovasculaires.

L’hystérectomie est une intervention radicale. Même si les techniques chirurgicales se sont considérablement améliorées depuis quelques années, elle constitue la dernière option envisageable. 

Voir aussi l'article : Endométriose : comment envisager une grossesse ?

Sources :
www.endometriosis.org
www.endometriose.nl
www.nhs.uk
www.nvog.nl
www.uzleuven.be
www.amc.nl

auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: septembre 2023

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