Frottis après 65 ans : inutile, mais on le fait quand même
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Il est inutile de procéder à des frottis cervicaux de dépistage du cancer du col de l'utérus chez les femmes de plus de 65 ans à faible risque. Pourtant, l’examen est encore souvent pratiqué. Pourquoi ?
A faible risque, c’est-à-dire lorsque les frottis avant cet âge se sont révélés normaux (notamment trois frottis négatifs dans les dix ans avant les 65 ans). Néanmoins, indique le Dr Roseline Péluchon (Journal international de médecine), l’examen est pratiqué chez un grand nombre de femmes de plus de 65 ans, alors que « les recommandations sont des plus claires et basées sur des données solides ».
La forte pression des patientes
Pour quelles raisons des praticiens continuent-ils à procéder à cet examen ? Une équipe américaine (University of Southern California) a interrogé à ce sujet quelque 5000 médecins. Raison première, évoquée par plus de la moitié des médecins, et malgré de nombreuses publications qui affirment le contraire : la crainte de « passer à côté » d’un cancer cervical invasif en arrêtant le dépistage à 65 ans. Mais d’autres éléments entrent en ligne de compte.
Ainsi, on relève le « facteur temps » : la réalisation d’un frottis prend moins de temps que d’expliquer à la patiente les raisons pour lesquelles il est devenu inutile. Ou encore la crainte que la patiente estime qu’un examen gynécologique sans frottis est « incomplet ». Cette pression semble d’ailleurs jouer un rôle déterminant, puisque bien des femmes ne comprennent pas l’arrêt des frottis, qui va à l’encontre de ce qui leur avait été dit jusqu’alors, et qu’elles craignent de laisser se développer une lésion grave.
Le Dr Péluchon poursuit : « Cette étude a été réalisée aux Etats-Unis, mais les résultats ne seraient sans doute pas très différents si une enquête de ce type était effectuée ailleurs », comme en France ou en Belgique. Et « les auteurs estiment que cela permet de définir des lignes directrices pour lutter contre les dépistages inutiles, mais indique surtout que toutes les recommandations, aussi solides soient-elles, ne seront d’aucun apport pour l’amélioration de la qualité des soins si les obstacles à leur application n’ont pas été parfaitement identifiés et anticipés ».
Dernière mise à jour: mai 2018
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