Sel et hypertension : ce n'est pas si évident...
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Le lien entre une consommation élevée de sel et l’augmentation de la pression artérielle n’est pas remis en cause, mais il doit être nuancé.
On sait depuis de nombreuses années qu’à l’échelle de la population, le fait de consommer trop de sel est associé à un risque de chiffres tensionnels plus élevés. Toutefois, des études plus récentes tendent à indiquer que cette relation n’est pas aussi « simpliste » qu’il y paraît.
D’abord, parce qu’elles insistent sur l’importance du rapport sodium/potassium : plus la balance penche (défavorablement) vers le sel, plus le risque de pression artérielle élevée s’accroît. Des apports équilibrés en sodium et en potassium font baisser le risque. Ensuite, car on observe une courbe en J : des apports trop faibles en sel ne sont pas bons pour la santé (de manière globale, pas seulement pour la pression artérielle), pas plus que des apports trop élevés.
Quels conseils à donner ?
Une équipe internationale a analysé des données concernant quelque 5000 personnes âgées de 40 à 59 ans (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon et Chine), en s’intéressant en particulier à la relation entre la pression artérielle et le taux urinaire de sodium sur 24 h, ainsi qu’entre la pression artérielle et le rapport sodium/potassium. Comme l’explique Le Quotidien du Médecin, « une corrélation a été retrouvée entre une pression artérielle élevée et une consommation élevée de sel ». Les autres facteurs alimentaires ne contrebalancent que modestement cette association. Par contre, quand l’indice de masse corporelle (IMC) est pris en compte, le lien avec le sodium est moins fort.
Le Pr Xavier Girard, président de la Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle (France), commente : « L’idée bien ancrée que le sel est mauvais pour la santé est aujourd’hui remise en question, même si la communauté scientifique ne nie pas la relation entre le sel et la pression artérielle ». Mais voilà : « Seulement 40% des personnes ayant déjà une tension élevée y sont sensibles. Et manger très salé aurait des conséquences sur la pression artérielle uniquement pour 20% des personnes n’ayant pas d’hypertension ». Alors ? « Nous sommes dans l’expectative en termes de conseils à donner, sauf bien sûr pour les patients avec une insuffisance cardiaque, pour qui manger salé reste une contre-indication ». En fait, il est bien possible que l’on revienne à ce postulat aussi simple qu’essentiel : ni trop, ni trop peu.
Voir aussi l'article : Sel : pas trop, mais pas trop peu non plus