Thérapie génique : un changement de vie attendu depuis longtemps par les patients hémophiles
Publi-info
news
L'hémophilie est une anomalie génétique de la coagulation. La maladie se manifeste par des saignements fréquents et incontrôlables chez les patients, ce qui nécessite un suivi et des traitements. L'impact sur la qualité de vie des patients est considérable.
La thérapie génique, un traitement médical prometteur qui cible les défauts génétiques, devrait changer la vie des patients.
Qu'est-ce que la thérapie génique ?
La thérapie génique est destinée aux personnes atteintes d'une maladie génétique, une affection causée par des anomalies dans les gènes ou les chromosomes. En d'autres termes, une erreur dans l'ADN empêche les cellules de recevoir les informations nécessaires à la fabrication d'une protéine. La thérapie génique corrige cette erreur en transmettant l'information manquante aux cellules concernées, de sorte que celles-ci puissent effectivement produire la protéine.
L'hémophilie est une maladie qui se prête bien à la thérapie génique parce qu'il s'agit d'une maladie monogénique. Par conséquent, l'anomalie de l'ADN ne se trouve « que » dans un seul gène.
Les patients atteints d'hémophilie présentent un déficit d'une protéine spécifique de la coagulation, ce qui signifie que leur sang ne coagule pas correctement et qu'ils saignent plus longtemps. Dans le cas de l'hémophilie A, le facteur 8 est la protéine déficiente ou manquante (85 % des patients). Dans le cas de l'hémophilie B, il s'agit du facteur 9. L'objectif de la thérapie génique dans l'hémophilie est donc de fournir aux cellules du foie les informations nécessaires à la fabrication du facteur 8 ou du facteur 9, afin que le sang coagule en cas d'hémorragie.
« Dans le cadre de la thérapie génique, on va placer l’information manquante dans une capsule microscopique. Cette capsule est en fait un virus. Ils ne sont pas dangereux pour l’être humain, on les a débarrassés de leur intérieur et on ne va garder que l’enveloppe (la capsule) pour y introduire l’information génétique », explique l’hématologue Prof. Dr Catherine Lambert (Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles). Avec son équipe, elle a participé à une étude clinique international pionnière afin d'évaluer l’efficacité de la thérapie génique dans le traitement de l’hémophilie. « Chez les patients hémophiles, nous utilisons principalement l'enveloppe des adénovirus pour assurer le transport de l’information génétique, parce qu'ils se rendent naturellement vers les cellules du foie après les avoir injectés dans une veine. Là, ils y délivrent l’information manquante pour que le foie puisse commencer, dans les jours ou les semaines qui suivent, à fabriquer la protéine, à savoir le facteur de coagulation ».
Quels sont les avantages concrets de la thérapie génique pour les personnes atteintes d'hémophilie B ?
Les traitements actuels pour l'hémophilie B nécessitent des injections répétées de la protéine manquante, c’est-à-dire le facteur 9. Cela limite la liberté de mouvement des patients, non seulement sur le plan mental, mais aussi sur le plan logistique. La thérapie génique, en revanche, peut permettre aux patients de mener une vie normale sans avoir à penser aux injections. Grâce à un traitement unique de thérapie génique, les patients hémophiles peuvent être protégés des saignements, ce qui leur permet de voyager et de pratiquer des activités sportives sans penser constamment à la maladie. En d'autres termes, la thérapie génique leur donne la liberté de s'épanouir dans la société, sans restrictions.
Selon les dernières données, la thérapie génique offre des résultats durables après 2 ou 3 ans, avec des taux de facteurs 9 au-delà de 30 % chez la majorité des patients ayant participé aux études. D'autres analyses sont en cours pour obtenir des données à plus long terme. « Dans ce cas, on parle d'hémophilie légère et le traitement est ponctuel par exemple en cas d’opération», précise le professeur Lambert. « Certains des patients participant aux essais cliniques ont même des taux de facteur 9 normaux et n'ont pas besoin de traitement supplémentaire. La seule question qui se pose est celle de la durée de l'effet. Nous ne le savons pas aujourd'hui. La thérapie génique n'en est qu'à ses débuts en ce qui concerne les résultats cliniques. On ne dispose donc pas encore de données à long terme ».
La thérapie génique est-elle déjà d’actualité ou s’agit-il encore d'une thérapie d'avenir?
Un traitement par thérapie génique pour l'hémophilie B est déjà enregistrée en Belgique depuis février 2022, mais la procédure de remboursement de ce médicament est toujours en cours. Les patients doivent également remplir un certain nombre de conditions avant que le traitement puisse avoir lieu. Par exemple, il est essentiel d'avoir un foie en bonne santé, sans quoi la thérapie génique ne pourra pas être administrée.
« Et si vous avez des anticorps contre le virus AAV, dont les capsules sont utilisées, ces anticorps attaqueront le virus et empêcheront l'information génétique d'atteindre sa destination », ajoute le professeur Lambert. « Une grande partie des personnes ont déjà été exposées au virus AAV à un moment ou à un autre. Chez ces personnes, le traitement pourrait ne pas donner les résultats escomptés ».
Pour ceux qui remplissent les conditions requises, le pronostic est prometteur. La grande majorité des patients qui ont participé à l’étude clinique sur l'effet de la thérapie génique sur l'hémophilie n’ont plus besoin d’injections. Le professeur Lambert conclut par ceci : « L’un de mes patients a même parlé d'une renaissance, d’une nouvelle vie ».
La thérapie génique ne permet malheureusement pas de guérir l'hémophilie, qui reste une maladie génétique et héréditaire. Mais peut-elle changer la vie ? Absolument.