Démence : pourquoi les bilingues sont-ils moins à risque ?
news Le fait de parler deux langues présente un effet protecteur contre le risque de démence, en particulier de maladie d’Alzheimer. Dans quelle mesure et pourquoi ?
Cette association entre le bilinguisme et la démence a été suggérée par plusieurs études. Toutefois, d’autres travaux n’ont pas mis en évidence un bénéfice particulier. Question posée par cette équipe espagnole (Universitat Oberta de Catalunya) : ces conclusions différentes tiendraient-elles au type de bilinguisme ?
Les chercheurs sont donc partis de l’hypothèse que le bilinguisme actif (usage continu de deux langues) était bien davantage protecteur que le bilinguisme passif (usage continu d’une langue et usage ponctuel d’une autre). Dans ce contexte, ils ont analysé des données concernant des habitants de Barcelone, en différenciant leur usage habituel de l’espagnol et du catalan. Dans cette ville, même si beaucoup sont plus ou moins bilingues, l’usage de l’une, de l’autre ou des deux langues est très variable.
Des mécanismes compensatoires
Les spécialistes ont procédé sur des personnes sans problème particulier, d'autres présentant un déficit cognitif léger, et des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer. Ils ont relevé une série de paramètres cliniques, comme l’âge d’apparition des premiers symptômes cognitifs, celui de la première consultation médicale pour cette raison, ou du diagnostic. Les participants ont ensuite passé des tests, concernant notamment la mémoire et le contrôle exécutif (la capacité à planifier, à organiser, à gérer l’espace et le temps…).
Le résultat montre que le bilinguisme actif retarde de manière « significative » l’âge auquel interviennent tous les paramètres cliniques pris en considération ici, et ceci est particulièrement manifeste pour la déficience cognitive légère. Il apparaît ensuite que l’effet du bilinguisme actif est indépendant d’autres éléments importants, comme le degré d’éducation et la profession.
Les auteurs considèrent que la pratique du bilinguisme actif contribue à créer des « mécanismes compensatoires » qui interviennent de manière décisive lorsque le déclin cognitif commence à se développer. Le cerveau, qui dispose d’une sorte de « réserve cognitive », serait alors mieux à même de trouver des systèmes alternatifs pour faire face à la dégradation de certaines fonctions.
Voir aussi l'article : Risque d'Alzheimer : pourquoi un bon sommeil est-il si important ?