Fatigue chronique : trop de souffrance en silence
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Les patients souffrant du syndrome de fatigue chronique subissent des émotions négatives intenses, que beaucoup cherchent cependant à dissimuler : leur détresse est majeure.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) se caractérise par un état de fatigue persistant, très lourd, qui apparaît sans cause particulière chez une personne jusqu’alors en bonne santé physique et mentale. D’autres symptômes peuvent se manifester, comme des douleurs articulaires et musculaires, des maux de tête, des troubles de la mémoire et de la concentration…
Une équipe britannique (University College London) a réuni des patients diagnostiqués avec un SFC et des personnes ne présentant pas ce trouble. Tous ont assisté à la projection d’une vidéo au scénario assez sombre. Avant et après la séance, chacun s’est soumis à une évaluation psychologique, sachant que ces entretiens étaient filmés pour être ensuite analysés. Pendant la projection, l’activité électrodermale des participants a été enregistrée : ce qu’on appelle « la conductance de la peau » contribue à déceler les réactions non volontaires (pensons à la sudation), associées en particulier au stress et à l’anxiété.
Que constate-t-on ? D’abord, que les patients souffrant de fatigue chronique sont davantage sujets à l’anxiété et à la tristesse, tant pendant qu’après la diffusion du film, ce qui est confirmé (« objectivé ») par les relevés de l’activité électrodermale. Pourtant, lorsqu’on examine l’enregistrement des entretiens et les réactions durant la projection, il s’avère que ces patients expriment moins ouvertement leurs sentiments, et ceci d’autant plus que la fatigue est importante. Comme s’ils se refusaient à laisser parler leurs émotions négatives, qu’ils préfèrent « garder pour eux ». Une conséquence de la difficulté à partager leur détresse dans d’autres circonstances (environnement familial, professionnel, social…), comme s’ils avaient intégré les réactions d’incompréhension ? C’est possible.
Les chercheurs estiment en tout cas que cette attitude de repli sur soi peut nuire à la recherche et à l’accès à un soutien notamment lors des phases les plus pénibles de la maladie, ce qui ajoute au stress, et renforce peut-être aussi l’intensité de la fatigue. Un cercle vicieux, qu’un accompagnement psychologique adapté pourrait contribuer à rompre.