Comment mieux détecter l'hypertension ?
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Le diagnostic de l’hypertension artérielle se heurte à (au moins) un double problème : souvent, elle ne se manifeste par aucun symptôme, alors que lorsqu'elle est suspectée, les erreurs de mesure ne sont pas rares.
Concernant l’absence de symptômes (les plus caractéristiques, encore que non spécifiques, étant les maux de tête, les vertiges, les palpitations, les saignements de nez…), il n’y a pas grand-chose à faire : l’hypertension est soupçonnée lors de la prise de tension chez le médecin. En cas de résultat suspect, il proposera de reproduire l’examen à plusieurs reprises. Une des options les plus pertinentes consiste à demander au patient d’y procéder lui-même à la maison, avec un tensiomètre automatique, selon le schéma trois fois par jour, trois jours de suite. Cela donne une idée assez précise du problème. Cette méthode n’est toutefois pas proposée systématiquement, alors que les risques d’erreur ne sont pas exclus, et c'est d’ailleurs aussi le cas au cabinet du médecin. Ainsi que l’expliquent des spécialistes membres du Programme éducatif canadien sur l’hypertension, le sur-diagnostic ne doit pas être négligé, avec alors des traitements inutiles. Cette situation est favorisée par deux éléments.
L'utilité d'un enregistrement sur 24 h
D’abord, en raison des conditions dans lesquelles est placé le patient au moment de la mesure. « Le simple fait qu’il parle ou qu’on lui parle, qu’il ait les jambes croisées, que son dos ne soit pas appuyé ou que le brassard soit trop serré suffit à influencer la lecture », indiquent les experts. Ensuite, il y a « l’effet blouse blanche », c’est-à-dire la hausse temporaire de la pression artérielle en raison du stress ressenti en présence d’un médecin : ceci concernerait 10 à 20% de la population. Les spécialistes ajoutent que des erreurs peuvent aussi être commises par les médecins lorsqu’ils ne procèdent pas dans les règles de l’art, et par les patients chez eux, en utilisant mal le tensiomètre automatique.
Alors ? Quand les circonstances s’y prêtent (ou le dictent), la solution pourrait venir d’une méthode appelée la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA), avec un appareil qui effectue des lectures à intervalles réguliers pendant 24 h. Un brassard enserre le bras et le patient porte un moniteur à la ceinture. Ce système présente des avantages importants : les mesures sont automatiques (pas de risque d’erreur), elles interviennent aussi pendant le sommeil (important en cas d’hypertension nocturne), il n’y pas d’effet blouse blanche, l’enregistrement sur 24 h permet de réunir de très nombreuses données…
Concernant la mise à disposition de ces appareils sur une large échelle (ce qui suppose évidemment des coûts), les experts canadiens indiquent : « Nos propositions visent à améliorer les pratiques cliniques et à influencer les décideurs. Nous sommes conscients que leur mise en œuvre pourrait exiger quelques années, mais les données probantes démontrent la supériorité de la MAPA sur la méthode auscultatoire. Et plusieurs études indiquent que lorsque la MAPA est utilisée de manière judicieuse, elle est économiquement profitable parce qu’elle évite la prescription de médicaments chez des personnes qui n’en ont pas besoin ».