La constipation du bébé et du jeune enfant
dossier
- moins de deux selles par jour chez le nourrisson alimenté au sein
- moins de trois selles par semaine chez le bébé nourri au lait de vache et/ou avec une alimentation diversifiée
- moins de deux selles par semaine chez l’enfant plus grand.
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Mais des situations particulières peuvent survenir. Ainsi, durant les premières semaines de vie, le nourrisson peut émettre des selles espacées (jusqu’à une par semaine) en raison de l’absorption quasi complète des éléments contenus dans le lait maternel. Il s’agit d’une « fausse constipation », qui ne demande aucune intervention.
Et dans les constipations sévères, on peut parfois observer des épisodes de diarrhée, avec une émission de selles liquides composées en fait de sécrétions intestinales. Ajoutons que l’aspect des selles intervient aussi (petites billes dures ou selles de volume excessif), tout comme les douleurs et les difficultés à évacuer.
Comme le résume le Dr Catherine Freydt (Le Généraliste.fr), « l’émission de selles trop rares ou trop volumineuses pour l’âge ou encore trop dures définit la constipation ». Si la constipation fonctionnelle regroupe l’écrasante majorité de ces situations, il est évidemment nécessaire d’exclure d’autres causes possibles, surtout chez le nouveau-né et le petit nourrisson. Disons qu’il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure si l’enfant, malgré la constipation, présente un bon état général, ne souffre pas de ballonnements ou de vomissements, mange normalement et n’accuse pas d’anomalie dans la courbe de prise de poids.
Voir aussi l'article : Sein ou biberon : combien de repas par jour pour son bébé ?
La constipation du bébé
Consistance et aspect des selles, pleurs précédant leur émission, ballonnement abdominal, anomalie de l’anus (fissure anale), courbe de croissance… Ce sont les éléments majeurs que vérifiera le médecin. Le plus souvent, aucune cause n’est trouvée, et les parents signalent un inconfort lié à l’émission de selles, généralement dures, avec poussées intenses.
Le traitement
Il est d’abord diététique.
- S’assurer que l’apport liquide est suffisant et qu’il n’y a pas d’erreur dans la préparation des biberons ou d’excès d’épaississants.
- Le transit peut être accéléré en choisissant un lait de transit (lait acidifié, pauvre en caséine, riche en lactose, ou lait riche en protéines hydrolysées).
- Une eau riche en minéraux peut être proposée pour un biberon par jour (deux au grand maximum).
- Après l’âge de 4 mois, introduction des légumes et des jus de fruits (riches en fibres).Si cela ne suffit pas, un traitement médicamenteux sera envisagé.
- Un laxatif osmotique (polyéthylène glycol) à partir de l’âge de 6 mois, pour mieux hydrater les selles et ainsi les ramollir, ce qui va faciliter leur transit dans le côlon et leur évacuation. Il s’agit d’un traitement de fond et une évaluation très fine des doses est évidemment indispensable, en fonction de l’âge et de l’aspect des selles.
- Les suppositoires de glycérine ne doivent être utilisés que de manière ponctuelle, pour provoquer la défécation.
- Les laxatifs lubrifiants (huile de paraffine) seront employés avec prudence (jamais en cas de reflux gastro-œsophagien ou de vomissements), ponctuellement ici aussi et surtout lorsque la défécation est douloureuse.
Voir aussi l'article : Allergies : les indices précieux des premières selles du bébé
La constipation de l’enfant
Entre 18 et 24 mois, l’enfant commence à ressentir consciemment le besoin de déféquer (plus exactement la sensation liée à l’augmentation de la pression dans le rectum). Le contrôle actif du processus intervient vers l’âge de 3 à 4 ans.
Cette période d’acquisition de la propreté peut être accompagnée d’une phase de constipation, souvent liée au mode d’apprentissage (trop précoce, trop rigide, source de conflits avec les parents…). Il est important que l’approche repose sur la patience, la pédagogie et le souci du confort de l’enfant : réducteur de siège de WC, appui pour que les jambes ne pendent pas dans le vide… L’apparition de selles dures ou volumineuses peut entraîner des douleurs qui risquent d’inciter l’enfant à se retenir, alors qu’il manifeste son opposition au pot ou aux toilettes.
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La constipation est fréquente à ces âges, encore qu’elle n’est souvent identifiée que lorsque survient un problème corollaire, comme une fissure anale, des douleurs abdominales (habituellement en fin de repas), des pertes involontaires de matière fécale (encoprésie, au-delà de 4 ans), des selles dures et desséchées…
La prise en charge repose sur trois piliers.
L’information
- Rassurer : la constipation fonctionnelle présente un caractère bénin, mais il ne faut pas la laisser évoluer et il est nécessaire de rester attentif à une éventuelle répercussion psychologique (anxiété liée à la douleur, culpabilité de ne pas pouvoir satisfaire les attentes des parents…).
- Eduquer : en incitant l’enfant à aller chaque jour aux toilettes (adaptées à sa taille), à heures régulières, même s’il n’en ressent pas le besoin. Le meilleur moment pour y procéder se situe entre vingt minutes et une demi-heure après le repas (le fait de manger facilite le réflexe d’évacuation).
- Déculpabiliser : en cas d’encoprésie, l’enfant doit être apaisé, alors que ces mécanismes de pertes fécales doivent être expliqués aux parents.
Les conseils diététiques
Les médicaments
- En cas de fécalome (accumulation de matières fécales déshydratées et stagnantes dans le rectum), une purge est indispensable.
- Les fissures anales seront soignées localement et cicatriseront lorsque la constipation aura été traitée.
- Le traitement médicamenteux est basé sur la prise prolongée (un à plusieurs mois) de laxatifs osmotiques, afin d’obtenir des selles de consistance molle tous les jours ou presque, et non douloureuses à la défécation. Il faut laisser du temps à l’enfant pour oublier ces moments pénibles, à l’origine d’un cercle vicieux, avec une rétention volontaire qui n’a fait qu’aggraver la constipation. Les laxatifs lubrifiants peuvent être utilisés comme traitement d’appoint, et jamais au long cours. L’huile d’olive peut être employée en la mélangeant à l’alimentation, sachant néanmoins qu’elle entraîne une augmentation de l’apport calorique.